Publié le 1 Oct 2014 - 22:15
TABASKI

Gros bonnets, politiciens, imams et artistes musiciens friands de moutons ‘’ladoum’’

 

A l’approche de la fête de l’Aïd el Kébîr, les vendeurs de moutons assurent qu’il y a des moutons à profusion. Même si les petites bourses rechignent encore à acheter, attendant que les prix jugés élevés soient cassés, gros bonnets, politiciens et artistes musiciens semblent aux antipodes de ces préoccupations. Ils sont les seuls du marché à se payer des moutons ‘’ladoum’’ ou ‘’bali bali’’ à des prix très élevés. Reportage.

 

A quatre jours de la Tabaski, les moutons continuent d’affluer dans la capitale sénégalaise. A Fass, ils sont bien visibles le long de la rue 22 prolongée. L’endroit est d’habitude squatté par les marchands de friperie. D’ailleurs, il accueille un marché hebdomadaire. Des moutons, il y en a de toutes les tailles et pour toutes les bourses. Sous l’une des nombreuses bâches qui essaiment un peu partout, se trouve un groupe de jeunes hommes qui surveillent attentivement les enclos de moutons. En débardeur noir assorti d’un jean bleu, Seydi Ndiaye, assis sur un bidon d’eau, confie que les prix sont abordables. Depuis plus de trois semaines, il campe dans ce ‘’daral’’. 

‘’Nos prix varient entre 50 000 à 800 000 FCFA. Mais nous remarquons que les gens viennent marchander et finalement rentrent sans rien acheter’’, dit-il. Assez pour que le jeune opérateur soutienne que le pays va mal et que rien ne marche. Regrettant la conjoncture, il renseigne que les moutons à 50 000 FCFA se vendent plus rapidement que les autres plus chers. Par ailleurs, il déplore l’absence de subventions annoncées par l’Etat sur le prix de l’aliment de bétail. ‘’Chaque jour, nous achetons le sac d’aliment de bétail à 8000 FCFA. Nous louons les lampes à 5000 FCFA et payons celui qui nous fournit électricité et l’eau’’.

Dans le daral, on trouve également des moutons de race, communément appelés ‘’ladoum’’. Ousmane Ndoye, collègue de Seydi, renseigne que ces moutons de race sont très prisés par les imams et autorités et sont hors de portée de la bourse du commun des mortels. ‘’Nos clients de moutons ‘’Ladoum’’, on les reconnaît’’, souligne-t-il. Le jeune vendeur confie qu’ils écoulent un à deux moutons par jour, parfois plus. Ousmane Ndoye tient toutefois à prévenir les clients qui attendent la veille pour venir acheter un mouton. Pour lui, les prix resteront les mêmes.

Plus loin, Sidy Fall et deux de ses collaborateurs se tiennent au milieu de leurs moutons. Il n’est pas satisfait de la clientèle. Tout propre, habillé en chemise blanche et d’un pantalon noir, il affirme qu’il y a assez de moutons, pour ne pas dire trop. Ses prix varient entre 110 000 et 250 000 FCFA. Il vend le ‘’Ladoum’’ à 800 000 FCFA. Comme les autres, il trouve que les affaires ne marchent pas fort. ‘’Ceux qui achètent peuvent te donner un chèque à retirer une semaine après. Cela ne nous arrange pas, car les dépenses se multiplient de jour en jour’’, soutient-t-il. Sidy Fall demande aux autorités d’améliorer le volet sanitaire et salue la présence des forces de sécurité.

‘’Des moutons, il y en a à gogo’’

Au Rond-point Liberté 5, l’ambiance est la même. Aux va-et-vient des clients répond le bruit des voitures. Partout des tentes. Moustapha Ndiaye est opérateur depuis 10 ans. Il dit avoir peur que tous les moutons ne trouvent pas acheteurs, parce que dit-il : ‘’les moutons sont là’’. Malgré cela, il ne compte pas baisser les prix. ‘’Les prix resteront les mêmes jusqu’au dernier jour. Ils varient selon la race. Il y a des ‘’Ladoum’’ âgés de 9 mois qui sont vendus jusqu’à 400 000 F CFA. Les plus âgés coûtent 2 000 000 F CFA’’, renseigne-t-il.

L’opérateur estime que les affaires marchaient mieux l’année passée. Les moutons de race ‘’Ladoum’’ et ‘’Bali-Bali’’ qui constituent une partie de son bétail sont la chasse gardée des politiciens, artistes musiciens et administrateurs civils. ‘’J’ai vendu à un leader politique, un mouton à 600 000 F’’, souffle le commerçant qui évolue en même temps dans le milieu de la lutte, en tant que coach. Il fait savoir que beaucoup de ses moutons sont réservés.

Pape KANE, un autre opérateur, se félicite des conditions de vente. En plus de la disponibilité de l’eau et de l’électricité, ‘’nous avons reçu une subvention de 25 tonnes d’aliments distribués, dont le sac est vendu à 3 000 F, au lieu de 6 000 F CFA’’, se félicite-t-il. A  ce propos, il renseigne qu’un travail de recensement a été fait. Ses moutons sont vendus à des prix compris entre 130 000 F et 700 000 F CFA. Ici à Liberté 5, les clients occasionnels viennent vers 19h et les vendeurs n’ont pas de crainte par rapport à la sécurité. ‘’Les lieux sont sécurisés 24h/24 par des forces de l’ordre et ils le font par équipe. Nous nous en réjouissons’’. D’ailleurs, un agent de la sécurité souligne qu’au-delà de minuit, ils procèdent à des rondes. 

AIDA DIENE ET SILEYMANE ABOU NDIAYE (STAGIAIRE)

 
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