Publié le 27 Aug 2014 - 15:16
TRÉSORERIE DU COUD

 L’opacité totale !

 

En parcourant le rapport de la cour des comptes, des failles et des nébulosités sont notées dans la gestion de la trésorerie du COUD. Il en est ainsi des subventions irrégulières, des irrégularités dans l’approvisionnement et la collecte des recettes, des insuffisances dans la gestion des caisses secondaires, de la prise en charge médicale d’un étudiant.

 

Plusieurs irrégularités ont été notées par la cour des comptes lors du contrôle porté sur la trésorerie. D’abord, au cours de la période 2006 à 2011, la Cour révèle que le COUD a accordé des subventions à son personnel, à certaines structures, aux amicales des étudiants et à des particuliers. Des subventions qui, selon la Cour des comptes, sont payées sans base juridique et sans aucune pièce justificative à l’appui. D’après le rapport, le COUD  a octroyé  des subventions aux délégués  et aux amicales des étudiants de l’ensemble des facultés, des écoles et instituts de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Le montant global de ces subventions est estimé à 113 680 500 FCFA. 

L’un des bénéficiaires est Toussaint Manga du Mouvement des élèves et étudiants libéraux (MEEL) qui, selon la Cour des comptes, a reçu du COUD durant cette période des subventions d’un montant global de 5 050 000 FCFA. Cette opération, en plus d’être irrégulière, est un indicateur d’absence de justice et d’équité dans la gestion du Coud, peut-on lire dans le rapport. Dans ce même registre, le rapport révèle que  le COUD a mandaté 29 000 000 à M. Tafsir DIATTARA ; chargé de mission au Rectorat et 1 000 000  FCFA à M. Assane Cissé, secrétaire général du rectorat.

Toujours selon le rapport, la revue des pièces comptables a permis de relever également des subventions de plus de soixante millions sept cent cinquante mille  (60 750 000) FCFA faites par le COUD à des particuliers et à certains de ses agents sans base juridique.

Les caisses officieuses

Par ailleurs, la Cour a constaté l’existence au COUD de 20 caisses secondaires qui fonctionnent sans un acte formel de création. En plus, les caissiers secondaires des CUR de Thiès et de Bambey sont secondés dans les différents sites extérieurs par d’autres collaborateurs exerçant la fonction de caissier. Ces derniers sont chargés de la vente des tickets de restaurants et du paiement des salaires des temporaires. Et selon la Cour des comptes, ils ne sont pas reconnus par l’Agent comptable et sont sous la seule responsabilité des caissiers secondaires alors qu’ils manient des sommes importantes. Les recettes qu’ils recouvrent sont reversées auprès des caissiers dûment nommés, d’après le rapport, et le reversement n’est pas effectué de façon formalisée puisqu’aucun document n’est établi pour attester les montants versés ou les tickets reçus ou rendus.

Les irrégularités dans l’approvisionnement en tickets et la collecte des recettes

Concernant l’approvisionnement en tickets et la collecte des recettes, on note également des irrégularités. Ainsi, selon la Cour des comptes, les contrôles effectués au niveau des caisses ont décelé des différences entre les numéros de série de tickets détenus par les caissiers et ceux figurant sur les fiches d’approvisionnement. Cette situation  est due à un manque d’organisation au niveau de l’agence comptable. En plus, après les ventres, les caissiers secondaires ne reversent pas quotidiennement les recettes qu’ils gardent par devers eux pendant plusieurs jours. Cette détention prolongée constitue un risque certain. Cela s’est vérifié avec un agent temporaire, qui a emporté les recettes de ses ventes de tickets de restaurant d’un montant de sept cent cinquante mille francs (750 000) FCFA lors d’une fête organisée par l’ENSA avant de les reverser plusieurs mois après, sur injonction de la Cour.

190 millions dépensés pour la prise en charge médicale d’un étudiant

En outre, concernant toujours la gestion de la trésorerie, le rapport de la Cour des comptes s’est posé des questions sur le cas de la prise en charge d’un étudiant blessé lors d’affrontements avec les forces de l’ordre en février 2006. Il s’agit en l’occurrence de M, Diagne, étudiant en première année de droit. La gravité de ses blessures  avait nécessité son évacuation en France, en compagnie d’un médecin du service médical des étudiants.

Pour la Cour des comptes, en plus d’accorder une subvention mensuelle de trois cent quatre vingt dix mille  (390 000) FCFA à l’étudiant Diagne, le COUD a pris en charge ses frais médicaux et son loyer en France. C’est ainsi, dit-elle, que le COUD a décaissé plus de cent quatre vingt dix millions  (190 000 000) de FCFA, nonobstant les frais à l’occasion des missions effectuées par le chef du service médical et chef du service social. La Cour renseigne toujours que le COUD a accordé en 2009 une subvention de 1 516 140 FCFA aux parents de l’étudiant Diagne.

Pour la Cour, il se pose la question de la pertinence d’une telle prise en charge. Surtout que ‘’le COUD qui ne parvient pas à remplir ses missions classiques, à cause de ses tensions récurrentes de trésorerie, ne dispose pas d’assez de moyens pour faire face à des dépenses de cette nature d’autant plus qu’une telle prise en charge ne relève pas de sa responsabilité’’.

Seydina Bilal DIALLO

 

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