Publié le 7 May 2024 - 06:52
TRAFIC INTERNATIONAL D’ANGUILLES  

La Dic coince les faussaires de l’axe France – Sénégal - Chine

 

Du 28 au 30 avril 2024, une délégation conduite par un juge d’Instruction français a séjourné au Sénégal pour enquêter sur les ramifications africaines d’un trafic international portant sur une espèce protégée, anguila anguila (civelles européennes, anguilles). L’enquête selon nos informations, a débuté en février 2023, suite à la découverte, par la Direction des opérations douanières (DOD) françaises d’un entrepôt situé en région parisienne abritant plus de 300 kg de civelles (anguilles) destinées à être envoyées au Sénégal.

Dans le cadre d’investigations confiées au Service d’enquêtes judiciaires des finances (SEJF) français, renseignent nos interlocuteurs, d’autres saisies ont été opérées par les douaniers à l’aéroport de Roissy en France.

L’enquête a rapidement permis d’établir que le Sénégal était vraisemblablement utilisé comme pays de rebond de ces espèces protégées ayant pour destination l’Asie, nécessitant une coopération entre les deux pays.

C’est dans ce cadre qu’une demande d’entraide judiciaire internationale a été transmise par le juge d’instruction français aux autorités judiciaires sénégalaises, conformément à la convention d'entraide judiciaire entre les deux pays. Les éléments recueillis lors de l’exécution de la Commission rogatoire internationale (CRI) ont permis de confirmer les premières investigations. La coopération entre les enquêteurs sénégalais de la Division des investigations criminelles (Dic) et les enquêteurs français a permis d’établir que les civelles pêchées en France étaient acheminées de l’aéroport de Roissy dans les bagages en soute de passeurs de diverses nationalités asiatiques (des Chinois et des Malaisiens).

Après un séjour d’environ trois semaines dans des bassins spécialement aménagés dans des entrepôts de la périphérie de Dakar, les civelles étaient réexportées vers Hong Kong par fret aérien.

Le passage par l’Afrique, ont précisé nos sources, permettait de masquer l’origine réelle des civelles et d’éluder la réglementation liée à l’exportation de civelles protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), en déclarant frauduleusement la marchandise comme une autre espèce non protégée.

Plusieurs personnes ont été interpelées et entendues dans cette opération, dont un ressortissant chinois, contre lequel un mandat d’arrêt international a été délivré, et qui pourrait faire l’objet d’une demande d’extradition par la France.

Plusieurs perquisitions ont été opérées, dans le cadre de cette affaire. Ce qui a permis de récolter de précieux éléments de preuve et de saisir une grande quantité de matériel utilisé par le réseau de trafiquants (climatiseurs, purificateur d’eau, appareil d’oxygénation de l’eau, bassins, congélateurs, etc.).

Pour rappel, concluent nos sources, l'ONG Eagle-Sénégal, spécialiste de la lutte contre le trafic de faune en Afrique, a également apporté son concours et soutien à cette affaire en mettant à disposition de la police judiciaire sénégalaise, à travers la Division des investigations criminelles, les renseignements qu’elle détenait sur les agissements de l’organisation criminelle au Sénégal.

 

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