Publié le 5 Sep 2014 - 12:13
TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS

Ce qu’a dit Pape Mamadou Pouye à l’instruction

 

Puisqu’il a préféré ne rien dire à la barre ‘’tant que Bibo ne sera pas soigné et en état de comparaitre’’, laissez-nous vous rapporter les déclarations faites par Pape Mamadou Pouye lors de son interrogatoire à l’instruction. Pour cela, on se base sur l’arrêt de renvoi des inculpés.

 

Pape Mamadou Pouye a déclaré mercredi dernier qu’il préférerait attendre d’être en présence de son coïnculpé Bibo Bourgi pour parler. La phrase exacte à chaque fois qu’on l’interrogeait a été : «Cette question m’avait été posée lors de l’enquête préliminaire et à l’instruction et Bibo était présent. Il avait été entendu et nous avions été confrontés, donc  y avait un débat contradictoire. Devant cette Cour, la situation n’est plus la même  (…), par conséquent je ne pourrai répondre que lorsque Bibo sera en bonne santé et en état de répondre devant cette Cour.»

S’il y a une chose que nous apprend pour sûr cette déclaration, c’est que Pape Mamadou Pouye a été entendu à l’instruction, et qu’il a formulé des réponses aux questions posées. Un rapide coup d’œil à l’ordonnance de renvoi du procès nous permet, en effet, de retrouver (à la cote D1420) quelques-unes de ses réponses, et les contradictions que ces dernières ont parfois soulevées.

Virements de 1,3 milliard

Tout d’abord, une question a particulièrement intéressé la Crei. Il s’agit de divers virements du compte de Mamadou Pouye vers celui de sa femme, faits entre 2006 et 2013. Des montants compris entre 15 590 et 115 520 euros, faisant un total de 2 046 826 euros, soit 1 342 629 718 francs CFA. La Crei a d’abord voulu connaître les raisons de ces virements. L’intéressé a indiqué qu’il doutait de la réalité du montant avancé par les enquêteurs, mais qu’il ne contestait pas avoir viré de l’argent. Il a toutefois précisé qu’il avait ‘’toute la latitude de faire l’usage’’ qu’il voulait de ces fonds qui sont ‘’sa propriété’’ et ‘’donc privés’’.

Mamadou Pouye ajoutait qu’il n’avait jamais reçu ou envoyé des fonds à Karim Wade. Non content de cette réponse, les magistrats instructeurs lui avaient fait remarquer que sa femme avait confirmé les envois mensuels, mais qu’elle n’avait jamais reçu les sommes avancées et détaillées par la Crei. Ils avaient voulu connaître les réels destinataires des sommes déjà mentionnées. ‘’J’ai bien viré des fonds sur le compte de ma femme et dans sa déposition, elle a confirmé cela en ces termes : ‘’mon mari m’envoie des fonds’’. Si les fonds sont partis ailleurs, les documents venus de Monaco ont dû le noter’’, tel avait été sa réponse.  

ABS Corporate Limited

Selon l’arrêt de renvoi, l’accusé a affirmé ‘’qu’il n’est pas actionnaire de ABS Corporate Limited’’ et qu’il n’en connaît ‘’ni le processus de création, ni les actionnaires’’. Ensuite, il a souligné ‘’qu’il doit y avoir une erreur’’ lorsque les enquêteurs lui ont produit des documents bancaires selon lesquels il est mentionné en tant que bénéficiaire économique du compte bancaire de ladite ABS Corporate, au même titre que les frères Bourgi à la Julius Baër Bank (Monaco).

Néanmoins, l’accusé a confirmé posséder un compte personnel au sein de ladite banque, ‘’avec 20 000 euros de solde environ’’. Un point sur lequel lui et les enquêteurs ont divergé, puisque ces derniers affirment que le solde est de 363 900 euros (239 millions de F CFA, environ). Sur ce point, il ressort d’un rapport comptable que Pouye a reçu, entre 2002 et 2013, des fonds du compte : ABS Corporate. Le prévenu lui, considère que ‘’recevoir des fonds d’une société ne veut pas dire en être bénéficiaire économique’’.

Afriport

Sur la session des actions de la société Afriport à Fraport, Mamadou Pouye a déclaré à l’instruction : ‘’Je n’ai jamais été actionnaire de Afriport. Par conséquent, je ne peux avoir cédé des actions de cette société’’. Le substitut du Procureur lui avait, de ce fait, demandé de répondre sur les résultats d’une commission rogatoire internationale adressée aux autorités judiciaires luxembourgeoises qui attestent qu’il est actionnaire d’Afriport SA à hauteur de 10%. L’inculpé avait alors répondu qu’il avait ‘’détenu 10% de la société General Air Service qui est indirectement un actionnaire d’Afriport’’.

Metinvest Equity et Rygory Invest Inc.

Le 11 octobre 2013, Mamadou Pouye a déclaré «qu’il n’existait aucun lien entre Metinvest Equity et la société Black Pearl Finance», avant de revenir sur cette déclaration, le 2 avril 2014 : «Je pensais que la question concernait le lien entre Black Pearl Finance et Financial Investement Corporate. Etant actionnaire de Metinvest, je ne peux répondre que par l’affirmative à la question concernant le lien entre BPF et Metinvest.».

La Crei l’a également interrogé sur sa société d’audit et de conseil, Rygory Invest Inc. A la question de savoir ‘’où est basée la société, Mamadou Pouye a d’abord répondu qu’elle se trouvait aux Iles Vierges britanniques, alors qu’il ressort des pièces de la procédure que le siège est au Panama. Interpellé sur cette fausse déclaration, il a affirmé que c’était une erreur de sa part’’, apprend l’arrêt de renvoi. Le compte de cette société aurait bénéficié d’un virement de l’ordre de plus de 297 millions de F CFA, de la part d’un compte commun appartenant aux frères Karim et Ibrahima Aboukhalil, indiquent les enquêteurs. Les sociétés Seaburry et Lewalk auraient elles aussi envoyé de l’argent sur ce même compte contre des prestations fournies, toujours selon l’arrêt de renvoi.

AHS

Enfin, quand on lui a demandé pourquoi il n’était pas, à l’instar de Bibo Bourgi, apparu directement parmi les actionnaires de départ de la société AHS, Mamadou Pouye a répondu (à l’instar de son coïnculpé, lors de l’instruction) que c’était par souci «d’éviter d’éveiller la concurrence’’, du fait qu’il n’y aurait plus eu qu’une licence de disponible dans le secteur où ladite société voulait s’implanter.

Cela dit, il est prudent de rappeler qu’à la barre, cette semaine, Pape Mamadou Pouye a dit avoir été soumis à ‘’une pression énorme’’, lors de ses auditions à l’instruction et donc, avertit avoir pu répondre à ses interlocuteurs d’une manière qui ‘’échappait à son contrôle’’.

Sophiane Bengeloun

 

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