Publié le 10 Oct 2019 - 03:54
TRAVAUX FORCES REQUIS CONTRE ELLE

Khardjatou a mortellement poignardé son mari

 

Khardjatou Diallo, 27 ans, mariée et domiciliée à Pikine, a comparu hier devant la chambre criminelle, pour avoir assassiné au couteau son mari Boubacar Sidy Diallo. Le parquet a requis contre elle les travaux forcés à perpétuité.

 

Khardjatou Diallo est une jeune Guinéenne mariée au défunt sieur Boubacar Sidy Diallo, à l'aube de ses 12 ans. Ils filaient le parfait amour et ont eu 3 enfants. Mais son mari Boubacar a commencé à devenir violent. Ne pouvant plus supporter les sévices, elle abandonne le domicile conjugal pour aller chez sa grande sœur.

Quelques mois après, le défunt mari prend une seconde épouse. Ce qui a choqué Khardjatou qui, selon ses dires, était folle amoureuse de son mari. Craignant de perdre son homme, elle se décide à retourner dans son foyer. Une fois sur place, elle n'a plus revu ses enfants. Par contre, elle subit des maltraitances.

Lors d'une dispute entre les deux époux, la dame, pour se défendre, a planté un couteau sous l'aisselle gauche de la victime. Mort s'en est suivie. Ces faits se sont déroulés le 20 octobre 2014 à Pikine.

Hier, devant la juridiction de la chambre criminelle, Khardjatou Diallo a détaillé : ‘’C'était un dimanche matin, et c'était mon tour de préparer le repas. Je lui ai demandé de l'argent pour aller au marché. Il m'a intimé de ne plus le déranger. J’ai pris mon argent et je suis partie. A mon retour, il m’a interceptée pour me demander où j’avais pris cet argent. Je lui ai répondu que c’était ma sœur qui me l'avait donné.

‘’Il m'a entrainée dans la chambre et m’a tabassée. Je ne savais plus quoi faire, quand il a commencé à m'étrangler. J'ai glissé ma main sur l’étagère et j’ai pris un couteau. Je le lui ai planté. J'ignore à quel endroit. Je suis très vite sortie de la chambre pour aller chez ma sœur. Quelques minutes plus tard, j'ai reçu un appel m’annonçant que mon mari avait fait un accident et qu'il était à l’hôpital. Une fois sur place, on m'a annoncé sa mort. J’ai été empêchée de voir le corps. Je suis retournée au domicile conjugal et ma voisine m'a fait savoir que pour ma sécurité, je ne devais pas rester.’’

La prévenue poursuit, en pleurs : ‘’Il avait l’habitude de me battre. Un jour, j'ai voulu porter plainte contre lui, mais ma famille s’y était opposée. C'est le seul homme que j'ai connu ; on est ensemble depuis mes 12 ans. Aujourd’hui, cela fait 3 ans que je n'ai pas vu mes enfants. J’ignore où ils sont et dans quelles conditions.‘’

Le parquet requiert la perpétuité

Me Abdoulaye Tall de la défense a soutenu que le chef d'accusation de meurtre avec préméditation pour lequel sa cliente a comparu au préjudice de son défunt mari est très léger. Et que même sa coépouse, Mariama Ba, a nié le coup de couteau qui serait fatal à leur mari. ‘’Khardjatou Diallo n'a jamais menacé notre époux, durant tout le temps qu'on a vécu ensemble. Elle a toujours été sage et calme‘’.

Le conseil argue ainsi que la seconde épouse n'a aucune raison de protéger Khardjatou qui se trouve être sa rivale. Me Tall d’ajouter qu’il n'y avait pas d’intervenant, puisque le défunt époux avait fermé la porte à clef et que si sa cliente avait été malchanceuse, c'est son mari qui allait comparaitre devant la chambre criminelle.

En conséquence, il demande de requalifier les faits en légitime défense et d’acquitter sa cliente. A titre subsidiaire, de disqualifier les faits en coups mortels sans intention de donner la mort. Et à titre infiniment subsidiaire, en homicide involontaire.

Le délibéré sera rendu le 22 octobre prochain.

FAMA TALL (STAGIAIRE)

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