Les médecins privés déchirent le communiqué du ministère
Les médecins du Sénégal ne comptent pas participer aux élections de renouvellement des organes de l’ordre, le 25 janvier 2020, date fixée par le ministère de la Santé et de l’Action sociale. Pour les blouses blanches, non seulement l’ordre n’est pas sous l’autorité d’Abdoulaye Diouf Sarr, en plus, la loi 66-09 dispose qu’aucune décision concernant l’ordre ne peut être prise sans l’avis du conseil.
Entre le ministère de la Santé et de l’Action sociale (Msas) et les médecins du Sénégal, on ne parle pas du tout le même langage, en ce qui concerne les élections de renouvellement des organes de l’ordre. Les positions se figent. Et les médecins sont prêts à en découdre avec la tutelle qui veut fourrer son nez dans une affaire qui ne la concerne pas du tout.
Ainsi, après que l’Ordre national des médecins du Sénégal (Onms) a rejeté la décision du ministère d’organiser les élections de renouvellement des organes de l’ordre, ce en violation de la loi 66-09, le Syndicat des médecins privés du Sénégal (Symeps) a déchiré, hier, à son tour, le communiqué d’Abdoulaye Diouf Sarr.
Selon le secrétaire général du syndicat, le ministère de la Santé, à travers un communiqué qui leur est parvenu, a fixé la date des élections de renouvellement des organes de l’ordre au 25 janvier 2020, au siège du ministère. Le communiqué précise que les élections seront organisées par une commission nommée à cet effet par décret présidentiel n°2019-1727 du 15 octobre 2019, qu’il s’agit d’un renouvellement intégral et que le scrutin se fera selon des listes majoritaires à deux tours sans panachage dans les deux collèges (Section A et Section B).
Considérant que la loi 66-09 dispose qu’aucune décision concernant l’ordre ne peut être prise sans l’avis du conseil, que le renouvellement intégral pourrait déstabiliser l’ordre et n’a aucun fondement juridique (cf. décret de nomination de la commission pour un renouvellement partiel). D’autant plus que le vote par listes serait un précédent dangereux (malgré le décret de 1973 qui n’a jamais été appliqué).
Appel au boycott
Ainsi, le Symeps invite les médecins privés et l’ensemble des médecins du Sénégal à s’abstenir d’aller voter, le 25 janvier, dans ces conditions. D’autant que les syndicalistes renseignent que les élections initialement prévues le 26 octobre, date fixée d’un commun accord, avaient été annulées par le Msas, deux jours avant le début du scrutin. Ce, alors que l’Onms avait obtenu mission du précédent ministre de la Santé de proposer une révision des textes de l’ordre et que ces dits textes sont prêts et déposés au Msas, en attente de validation depuis plusieurs mois.
Le Symeps s’oppose, ainsi, à toute volonté du ministère de la Santé de caporaliser l’Ordre national des médecins qui est la plus haute autorité professionnelle en matière médicale. C’est pourquoi il invite Abdoulaye Diouf Sarr à renouer le dialogue avec l’Ordre national des médecins pour la validation des nouveaux textes et la tenue d’élections démocratiques dans un climat apaisé et respectant le droit à l’autonomie des médecins.
VIVIANE DIATTA