Publié le 30 Oct 2015 - 18:09
ARRÊTÉES POUR APOLOGIE DU TERRORISME

M. S. et C. N racontées par une amie d’enfance

 

On n’en sait davantage sur les deux femmes arrêtées pour apologie du terrorisme à Guédiawaye. Elles se nomment M. S. et C. N. Une ancienne camarade et amie d’enfance raconte le processus de leur radicalisation.

 

Quatre personnes soupçonnées de préparer des actions subversives sont entre les mains de la section de recherches de la Gendarmerie nationale. Parmi elles, il y a M. S. et C. N., deux femmes arrêtées à Guédiawaye où elles habitent. EnQuête a rencontré leurs familles respectives qui se refusent à tout commentaire. Mais nous avons pu approcher une amie d’enfance des deux dames qui a accepté de livrer quelques informations sur elles, sur le mouvement radical qu’elles fréquentent et les étapes de leur endoctrinement. En effet, en plus d’avoir grandies en ensemble, elles ont eu les mêmes fréquentations, pendant un moment.

Notre interlocutrice renseigne qu’elle a commencé à fréquenter le mouvement (dont elle n’a pas voulu dire plus) le même jour que son amie C.N.. Au début, elles y allaient ensemble. Sauf qu’elle a rapidement pris ses distances. Elle s’en explique : ‘’Nous allions ensemble, selon nos disponibilités, écouter les prêches dans un endroit de la banlieue. Mais à chaque fois qu’on s’y rendait, on nous servait un discours très radical, où l’enfer prenait une place prépondérante. C’était du genre : ‘’Si vous ne vous voilez pas, vous allez demeurer et définitivement en enfer’’ ; ‘’vous serez le bois qui va allumer les cendres de l’enfer, si vous faites ceci ou cela.’’ ‘’A ces moments, j’avais peur. Je ne savais plus quoi faire. C’est ainsi que j’ai pris la décision, après mûre réflexion, d’arrêter de les fréquenter. Mais ce ne fut pas le cas de ma voisine et amie d’enfance C. N., qui a continué à y aller.’’

D’ailleurs, c’est à partir de cet instant que leurs chemins se sont séparés, alors qu’elles avaient tout partagé jusque-là, depuis leur tendre enfance. Elles étaient des confidentes, des complices. ‘’C. N. a commencé au début à se voiler, pour par la suite porter un voile intégral, la burqa. Lorsque j’ai arrêté d’y aller avec elle, C. N. a coupé tous les ponts avec moi. Je ne savais plus rien d’elle. Ainsi un jour, elle a amené chez elle un homme, qu’elle a présenté comme son époux. Sa propre famille a tout fait pour en savoir davantage sur le bonhomme, en vain, car aucune information n’a filtré sur cette union.’’ Notre interlocutrice raconte qu’elle a assisté à la radicalisation progressive de son ex-amie qui, petit à petit, s’est éloignée de sa famille. ‘’De jour en jour, elle devenait de plus en plus radicale. Personne de sa famille ne pouvait dire dans quoi elle s’activait.’’ Ainsi, sa copine C. N. allait prier le vendredi dans un lieu tenu secret de la banlieue dakaroise.

Comment M. S. a adhéré au mouvement

Concernant la deuxième mise en cause M. S., notre interlocutrice affirme qu’elle est entrée dans le mouvement par suivisme. A l’en croire, C. N. avait l’habitude de retirer fréquemment de l’argent (dans les institutions financières). Ensuite, elle a perdu sa carte d’identité nationale. Elle a alors demandé à ses bailleurs de lui envoyer l’argent au nom de M.S. Cette dernière y a pris goût et a fini par rejoindre ledit mouvement. ‘’Personne ne savait rien de leurs activités. Elles s’étaient radicalisées, ne parlaient à personne. Même s’il faut reconnaître que C. N. était plus versée dans le radicalisme que sa camarade M. S…’’, conclut notre informatrice qui n’a pas l’air d’être surprise par ce qui se passe. 

CHEIKH THIAM

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