Publié le 2 Dec 2023 - 19:58
ADAPTATION AUX CATASTROPHES CLIMATIQUES

La COP 28 s’ouvre sur une bonne nouvelle pour les pays en développement 

 

Pour une fois, les pays riches ont débuté une conférence annuelle des Nations Unies sur le climat par l’adoption d’une promesse faite, il y a un an, aux pays en développement : un fonds ‘’pertes et dommages’’ pour venir en aides aux victimes de chocs climatiques.

 

C’est par une belle note que s’est ouverte la Conférence annuelle des Nations Unies sur le climat, la COP 28 (du 30 novembre au 12 décembre 2023). Un ‘’cadeau’’ de bienvenue, ‘’une impulsion positive’’ dès le début de la conférence, comme le voulait le président émirati de la COP 28, le sultan Al-Jaber.

À Dubaï, les pays participants ont adopté, le jeudi, dès le premier jour, un fonds ‘’pertes et dommages’’, dont la vocation est d’aider les pays les plus vulnérables à réparer les dégâts climatiques dont ils sont victimes. La concrétisation d’une promesse faite à la COP 27, en Égypte, qui verra les pays les moins responsables de la pollution bénéficier d’un fonds de réparation, même si les montants annoncés restent loin de besoins réels estimés.

Mais c’est un début de concrétisation dont se sont félicités beaucoup de participants à la COP 28. Parmi eux, le président Macky Sall qui s’est exprimé au sortir d’un panel lors de l’ouverture de cette conférence. ‘’Si nous voulons que notre 28e rendez-vous ne soit pas juste une COP de plus, mais celle des engagements tenus, il nous faut, enfin, prendre les bonnes décisions en matière de réduction des émissions de gaz à effet serre, de gestion des pertes et dommages, de mobilisation des ressources, de transition énergétique juste et équitable, et de mobilisation des ressources. Faisons en sorte que les financements annoncés soient disponibles et accessibles selon des procédures et modalités diligentes et transparentes’’, dit-il.

Pour sa compatriote Madeleine Diouf Sarr, présidente du Groupe des pays les moins avancés, représentant 46 des nations les plus pauvres, la décision est d’une ‘’signification énorme pour la justice climatique’’.

Pleines de questions

Le pragmatisme de l’adoption de cet accord s’explique par des négociations tenues depuis l’édition de l’année dernière par un groupe de 24 États, entre pays riches et pauvres. Tout ne fut pas simple, car d’épineuses questions devaient être déterminées : qui contribue ? Combien ? Qui en bénéficie ? Où est hébergé ce fonds ? Quelle sera la gouvernance, etc. ? Si toutes les réponses n’ont pas été apportées, l’on sait qu’à partir de 2024, le fonds sera provisoirement hébergé par la Banque mondiale pour quatre ans et bénéficiera d’un secrétariat indépendant.

Alors que les pertes dues aux catastrophes naturelles, dans les pays en développement, pourraient atteindre 580 milliards de dollars par an, des pays en développement ont réclamé une somme plancher de 100 milliards de dollars annuels d’ici à 2030 pour ce nouveau fonds. Un objectif encore loin des promesses faites, pour le moment, par les pays riches.

Les Émirats ont immédiatement annoncé une contribution de 100 millions de dollars. L’Union européenne devrait, elle, donner 225 millions d’euros, dont 100 millions de dollars promis par Berlin. Le Royaume-Uni, de son côté, met 50 millions de dollars sur la table. La France, la Norvège et le Danemark pourraient aussi annoncer une première mise de départ, de l’ordre de quelques centaines de millions de dollars. Les États-Unis promettent seulement 17,5 millions de dollars, tandis que le Japon n’est prêt à débourser que 10 millions de dollars. Une paille, rapporté au poids de leurs économies.

Il faut souligner que sur la question des pays contributeurs, le fonds n’oblige personne, mais incite, ce que souhaitaient notamment les États-Unis (aujourd’hui le deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre). Le texte ‘’exhorte’’ simplement les pays développés à débloquer des financements, sur la base du volontariat, sans donner d’objectif chiffré. Les pays en développement qui le peuvent sont eux aussi ‘’encouragés’’ à donner.

Macky Sall : ‘’L’urgence climatique reste entière, grave et préoccupante.’’

Bien que l’on soit loin des objectifs annoncés, Ani Dasgupta, le président du groupe de réflexion World Resources Institute, basé aux États-Unis, estime que ‘’le fonds sera une corde de sécurité pour les personnes qui vivront des heures sombres, permettant aux familles de reconstruire leurs habitations après un désastre, de soutenir les paysans dont les cultures ont été ravagées et de trouver un nouveau chez soi pour ceux qui seront obligés de déménager à cause de la hausse du niveau de l’océan’’.

Tout en indiquant que son succès dépendra de son ampleur et de la rapidité avec laquelle l’argent commencera à être versé aux personnes dans le besoin, il estime que la décision de ce jeudi peut ‘’permettre de donner de l’élan aux négociations de la COP pour progresser sur tous les fronts, dont la sortie rapide des énergies fossiles ou la transformation du secteur alimentaire’’.

Malgré la bonne nouvelle pour les pays en développement, les sujets inquiétants pour la planète ont tendance à s’aggraver.

En effet, comme le souligne le président Macky Sall, ‘’près de dix ans après l’adoption en 2015 de l’Accord de Paris, l’urgence climatique reste entière, grave et préoccupante. Au lieu de ralentir, le réchauffement de la planète s’accélère et nous rapproche dangereusement de la limite des 2°C à ne pas franchir’’.

Cette COP 28 sera l’occasion de faire un premier bilan mondial de l’action climatique par les États membres à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), conformément aux prévisions de l’Accord de Paris avec le maintien des émissions de GES à 1,5°C.

Selon un rapport de synthèse publié par la CCNUCC début octobre, qui recense les positions des 197 parties dans l’organisation, il y a encore des "vues divergentes sur les moyens d’atteindre les objectifs de l'Accord de Paris". Il ressort notamment que "de nombreuses parties" - mais pas toutes - sont favorables à des objectifs collectifs en matière d'énergies renouvelables ou de développement des véhicules électriques et soulignent que la sortie des énergies fossiles est "vitale pour des transitions énergétiques justes vers la neutralité carbone".

Lamine Diouf

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