Publié le 28 Mar 2024 - 10:27
DÉCÈS LIÉS À L’ÉMIGRATION IRRÉGULIÈRE  

Un migrant sur trois meurt en fuyant un conflit

 

Un migrant sur trois meurt en cours de route, alors qu'il fuit un conflit. C’est l’une des conclusions d’un nouveau rapport de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) qui renseigne qu’en 10 ans, plus de 63 000 décès et disparitions de migrants ont été documentés.

 

Au moment de fêter le dixième anniversaire du projet de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) sur les migrants disparus, un nouveau rapport intitulé ‘’Une décennie de documentation des décès de migrants’’, publié par l’organisme des Nations Unies révèle des tendances alarmantes en matière de décès et de disparition de migrants au cours de la dernière décennie.

Plus d'un tiers des migrants décédés dont le pays d'origine a pu être identifié, selon le document, proviennent de pays en conflit ou avec d'importantes populations de réfugiés, ce qui met en évidence les dangers auxquels sont confrontés ceux qui tentent de fuir des zones de conflit sans voies sûres.

Cependant, précise la même source, les informations sur l'identité des migrants disparus sont très incomplètes. L'une des principales conclusions du rapport est le nombre élevé de décès non identifiés. Plus des deux tiers des migrants dont la mort a été documentée, n'ont toujours pas été identifiés, laissant les familles et les communautés aux prises avec la perte ambiguë de leurs proches. Cela souligne la nécessité d'une meilleure coordination des processus de collecte et d'identification des données afin de permettre aux familles touchées de tourner la page.

‘’Malgré les nombreuses vies perdues dont l'identité reste inconnue, nous savons que près de 5 500 femmes ont péri sur les routes migratoires au cours des dix dernières années et que le nombre d'enfants identifiés s'élève à près de 3 500. Le tribut payé par les populations vulnérables et leurs familles nous incite à transformer l'attention portée aux données en actions concrètes’’, déclare Ugochi Daniels, directeur général adjoint de l'OIM pour les opérations.

En effet, les dix dernières années, plus de 63 000 décès et disparitions ont été documentés. ‘’Ces chiffres démontrent le besoin urgent de renforcer les capacités de recherche et de sauvetage, de faciliter la mise en place de voies migratoires sûres et régulières, et de prendre des mesures fondées sur des données probantes pour prévenir d'autres pertes en vies humaines’’, d’après la même source.

L’OIM souligne que l'action devrait également inclure une intensification de la coopération internationale contre les réseaux de contrebande et de trafic sans scrupules. ‘’Lorsque le projet de l'OIM sur les migrants disparus a démarré en 2014, les informations étaient recueillies presque exclusivement à partir d'articles de presse sur une simple feuille de calcul. Dix ans plus tard, la collecte de données s'est considérablement améliorée, mais la réalité des migrants contraints d'emprunter des routes dangereuses n'a pas changé. Aujourd'hui, le Missing Migrants Project reste la seule base de données mondiale en libre accès sur les décès et les disparitions de migrants compilant des informations provenant de sources très diverses, notamment d'informateurs clés de gouvernements, de responsables des Nations Unies et d'organisations de la société civile’’, précise-t-on dans le document 

27 000 décès liés à la noyade, rien qu'en Méditerranée

Selon les rédacteurs, la noyade est la principale cause de décès, avec près de 60 % des décès documentés. Le document révèle 27 000 décès liés à la noyade, rien qu'en Méditerranée. Le rapport souligne la nécessité de renforcer les capacités de recherche et de sauvetage pour sauver des vies en mer et souligne l'importance de travailler avec les gouvernements pour faciliter des routes migratoires plus sûres. D’autant que les 63 000 décès et disparitions enregistrés au cours de la migration, lors de la dernière décennie, ne représentent probablement qu'une fraction du nombre réel de vies perdues dans le monde.

Ainsi, l’OIM reconnaît la nécessité d'améliorer les efforts de collecte de données afin d'évaluer avec précision l'ampleur du problème et de relever les défis plus larges de la migration dangereuse. ‘’Il y a plus de 37 000 morts pour lesquels aucune information sur le sexe ou l'âge n'est disponible. Ce qui indique que le nombre réel de décès de femmes et d'enfants est probablement beaucoup plus élevé’’, renseigne le document.

Aujourd’hui, malgré les engagements politiques et l'attention des médias, les décès de migrants sont en augmentation. L’année 2023 marque le bilan annuel le plus élevé jamais enregistré, avec plus de 8 500 décès. ‘’Jusqu'à présent, en 2024, les tendances ne sont pas moins alarmantes. Rien qu'en Méditerranée, si les arrivées cette année sont nettement inférieures (16 818) par rapport à la même période en 2023 (26 984), le nombre de décès est presque aussi élevé que l'année dernière.

L’augmentation de l'attention politique, un nombre croissant d'initiatives et d'instruments mondiaux, régionaux et nationaux plaident en faveur d'une action en faveur de la prise de mesures en faveur des migrants disparus’’, indique le document.

L’OIM de lancer ce message : ‘’Le nouveau plan stratégique 2024-2028 fait de sauver des vies et de protéger les personnes en déplacement comme premier objectif, mais nous ne pouvons pas le faire seuls. Nous appelons les États et les autres partenaires à se joindre à nous dans notre travail visant à mettre fin aux décès de migrants et à remédier aux conséquences des dizaines de milliers de vies perdues sur les routes migratoires dans le monde entier.’’

CHEIKH THIA

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