Publié le 6 Feb 2020 - 22:24
EDUCATION FINANCIERE

L’OQSF enrôle les étudiants

 

L’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) a entamé, avant-hier, son programme d’éducation financière à l’endroit des étudiants sénégalais. L’objectif est, selon son secrétaire exécutif Habib Ndao, de développer, chez eux, l’esprit entrepreneurial, en les sensibilisant sur la question. Et l’Institut africain de management (IAM) a abrité la première édition.

 

Cette année, l’Observatoire de la qualité des services financiers (OQSF) va dérouler, sur l’étendue du territoire national, un programme d’éducation financière, en collaboration aussi bien avec les institutions financières que sont les banques, les sociétés d’assurance, qu’avec le régulateur, à savoir la Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO). ‘’L’éducation financière n’est pas enseignée. Nous voulons ainsi sensibiliser les étudiants pour qu’ils soient les relais. Parce que la Banque centrale nous a confié un programme d’éducation financière de masse. Il faut développer, chez les étudiants, l’esprit entrepreneurial à travers l’éducation financière. Qu’ils aient le réflexe pour un avenir meilleur et évitent le gaspillage. Ils doivent comprendre la différence entre actif et passif, dans le sens d’avoir un esprit d’investisseur. Après l’IAM, les autres écoles vont suivre, de même que l’université’’, explique le secrétaire exécutif de l’OQSF.

Habib Ndao s’exprimait, lors d’un atelier sur la question tenu au sein de l’Institut africain de management (IAM). Au fait, le SG de l’OQSF a estimé que la nouvelle génération d’étudiants sera ‘’plus riche’’ que celle d’avant. Vu qu’il y a eu des mutations, des découvertes de ressources minières. C’est pourquoi M. Ndao a indiqué que la promotion de l’inclusion financière est l’un des piliers sur lesquels l’OQSF veut s’atteler pour atteindre l’objectif d’inclusion sociale dont le préalable est l’éducation financière.

Pour sa part, le président-directeur général de l’IAM, Moustapha Guirassy, a soutenu qu’en parlant aux plus jeunes qui ne comprennent pas, ils peuvent espérer ‘’transformer’’ les universités, les jeunes, la génération de leaders qui vont être ‘’aptes’’ à porter cette transformation. ‘’La question des finances traverse tous les secteurs. J’apprécie cette démarche de l’observatoire à l’endroit de l’étudiant, de l’apprenant, pour qu’il comprenne mieux les mécanismes financiers, démystifie les institutions financières qui sont, très souvent, très loin de celui-ci et certaines franges de la population.

La volonté affichée par cet observatoire, c’est une démocratisation de la culture financière, à travers l’éducation financière. Ceci, pour relever le défi de la succession, donner plus de chance aux entreprises, aux initiatives prises par-ci, par-là, pour mieux accompagner le secteur informel et pour un changement du côté des institutions pour qu’elles soient mieux à l’écoute des demandes des populations. Ceci, pour qu’on soit dans une dynamique réelle de politique financière complètement démocratisée’’, affirme-t-il.

Toutefois, M. Guirassy précise que l’éducation financière n’est pas une question de finance. C’est plutôt celle d’éducation et de rapports financiers aux institutions financières. ‘’Au cœur de ces problèmes, il s’agit d’accroitre nos richesses, de libérer les talents. Peu importe l’acteur, qu’il soit paysan, qu’il soit un secteur différent, il est important qu’il développe cet esprit entrepreneurial. Il a très souvent manqué au système éducatif la présence des praticiens, des institutions, entreprises au cœur du processus pédagogique. C’est un pan pédagogique extrêmement important et une chance extraordinaire à la jeunesse africaine, aux étudiants de l’IAM et des autres écoles qui peuvent interagir avec ces décideurs’’, témoigne M. Guirassy.

 D’après le président de l’Association des clients et sociétaires des institutions financières (ACSIF) la banque est la première unité d’éducation financière. ‘’Il faudrait que les agents de ces institutions comprennent que leur droit principal est d’éduquer financièrement les populations qui sont parfois analphabètes et qui ont besoin d’être accompagnées. S’il n’y a pas de qualité de service, le taux de bancarisation et d’inclusion financière ne décollera pas. Quels que soient les efforts, s’il n’y a pas transparence, les gens vont s’auto-exclure du système.

S’il y a également un manque de sécurité, les coûts du service élevés, le taux tardera à décoller’’, dit Famara Ibrahima Cissé. Sur ce, il souligne que la BCEAO, depuis 2019, a instauré la gratuité d’ouverture d’un compte bancaire. Mais le défenseur des clients des institutions financières trouve que le prêt ‘’coûte toujours cher’’ à l’usager. ‘’L’accès aux services financiers est difficile avec les émetteurs de monnaie électronique. Il faudrait que les banques et institutions de microfinance se déploient sur le territoire national. Les gens ne peuvent pas parfois utiliser le digital à cause du taux d’analphabétisme. Il faut également que la confiance soit instaurée entre les populations et les banques ou institutions financières’’, prône M. Cissé.

Pour rappel, la BCEAO a élaboré, en 2011, une stratégie de politiques régionales d’inclusion financière. L’objectif est d’assurer un accès permanent aux services financiers et de mettre à la disposition des populations de l’UEMOA une gamme diversifiée de produits et services financiers adaptés et abordables. Ceci pour permettre à 75 % de la population d’avoir accès aux produits et services financiers de base à l’horizon 2020.

Au Sénégal, ce taux est à 67 %. Pour atteindre le gap cette année, la BCEAO a mis en place un programme régional d’éducation financière destiné aux jeunes. 

MARIAMA DIEME

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