Publié le 27 Apr 2024 - 21:52
PROBLÈME D'INFERTILITÉ DANS LES COUPLES  

L’égoïsme de certains hommes

 

Ils sont nombreux ces Sénégalais qui refusent d’aller se faire consulter quand un problème d’infertilité se pose.

 

C’est idiot, mais l’on peut penser trivialement que, parce que infertilité est un mot féminin, on pense souvent, à tort, qu’elle est une maladie féminine. Les spécialistes n’ont eu pourtant de cesse de dire qu’en matière d’infertilité le traitement se fait à deux. Mais sous nos tropiques, on envoie les femmes seules à l’hôpital. C’est elle qui est pointée du doigt dès qu'un couple tarde à avoir son premier enfant. Les hommes ne veulent pas, du moins pour beaucoup, aller se faire consulter. Leur argument: ‘’tout marche chez moi’’.

Messieurs, être viril est différent d’être fertile. Oui, tout peut marcher sauf la production de spermatozoïdes, par exemple. Le sperme sera là, mais ce sera comme l’eau du robinet. Votre argument ne tient pas. Et les femmes qui ont le plus du mal à amener leurs maris en consultation sont celles dont les époux souffrent d’infertilité secondaire. Sous prétexte qu’ils sont déjà pères, ces hommes soutiennent mordicus n’avoir aucun problème.

Messieurs, vous oubliez que celles que vous pointez du doigt sont aussi mères. Il n’empêche, le problème est toujours féminin, pense-t-on. ‘’Qu’attends-tu pour faire un autre enfant, tu prends de l’âge?’’ ‘’Tu te concentres tellement sur ta carrière qu’avoir un enfant n’est pas ta priorité’’. ‘’Il est temps que ton fils ait une petite sœur ou un petit frère’’. Voici autant de remarques faites à une jeune femme trentenaire (On va l’appeler Amy) par ses amis, des membres de sa belle-famille, des membres de sa famille et même sa collègue.

Chacun pense avoir le droit de faire des remarques sur son ‘’retard’’ à faire un second enfant. Certains vont jusqu’à lui filer des numéros de bons médecins, de tradipraticiens et de marabouts. Nul ne connaît son parcours chez les médecins. Elle a, fait-elle savoir, vu au moins trois gynécologues différents. Chez les deux premiers, la jeune dame, qui n’était pas très inquiète du ‘’retard’’ à avoir un enfant après deux ans de prise de pilule, n’a pas vraiment fait le parcours requis.

C’est au bout de quatre ans qu’elle a commencé à se dire qu’il y a peut-être un problème et à choisir un spécialiste. Une série de premiers examens lui est prescrite. Ils sont tous bons. Aucune anomalie qui puisse justifier cette ‘’infertilité’’. Une histerosalpingrophie lui est prescrite. Un examen qui doit aider à déterminer si la femme a les trompes bouchées ou pas. Chez Amy, tout marche. Pas de trompes bouchées. Son gynécologue est formel : ‘’madame, je vous mets sous traitement pendant trois mois. Vous devez acheter ce médicament à prendre tous les jours pendant ces trois mois. Si vous ne tombez pas enceinte, revenez avec votre mari’’.

Rien, au bout du trimestre. Elle insiste auprès du mari qui finit par aller voir le gynécologue. Encore un nouvel examen pour le couple ou du moins pour la femme. Un prélèvement doit être fait sur elle dans les heures suivant un rapport sexuel. Un examen qui détermine la quasi absence de spermatozoïdes. Eh oui, son mari avec qui elle a déjà un fils a des problèmes. Le gynécologue lui demande alors de faire un examen. Lequel détermine la source du problème. Il est ainsi réorienté vers un urologue qui le met sous traitement pendant trois mois. Rien à y faire.  Pas de grossesse. Mais monsieur se braque. Il ne veut pas retourner voir le gynécologue et lui qui trainait au début sa femme de gynécologue en gynécologue commence à parler de Dieu: ‘’doome Yalla ko yoor’’.

Amy raconte : ‘’J’ai essayé de discuter avec lui, de le convaincre de retourner voir l’urologue, je lui ai fait la tête et même le supplier en pleurant. Il n’est retourné le voir qu’un an après la première prescription. On m’a encore demandé de faire des examens. Je les ai faits. Il m’a dit que tout va bien. Je remets tout entre les mains de Dieu. Voilà ce que m’a répondu mon mari. Mais je suis tombée sur ces résultats et devinez, ce qu’il a dit était faux. Quand j’ai amené les résultats chez un urologue, il m’a dit qu’il lui fallait une intervention. Laquelle, il n’a jamais voulu entendre. Je n’ai jamais pu comprendre son égoïsme et je ne me voyais pas dire aux gens que le problème c’était lui et pas moi’’.

Le vécu d’Amy est celui de bien d’autres femmes qui peinent même à faire accepter un rendez-vous médical à leurs conjoints.

 

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