Publié le 28 Jan 2015 - 23:46
PROFIL

Coupable d’ « avoir fui »

 

La trouillardise. Voilà, d’après El Hadj Guèye, le seul crime que le Ministère Public a à lui reprocher, alors qu’il était jugé, hier, aux Assises ! Amené à la barre pour répondre des faits de trafic de chanvre indien, l’accusé s’est présenté comme un chauffeur de « clando » domicilié à Bayakh (NDLR : communauté rurale de Djender). Marié, il dit être le père de huit enfants qu’il a tous eus avec son épouse. En dehors de cette prodigieuse progéniture, El Hadj Guèye ne présente aucun autre attribut viril, puisque les circonstances de son arrestation sont d’amples preuves de son penchant à « prendre la tangente » (dixit l’Avocat Général), quand les choses se gâtent.

En effet, entre sa première interpellation par les gendarmes, survenue le 15 mars 2009 au milieu de la nuit et son arrestation, l’accusé a réussi à fausser compagnie aux pandores par trois fois ! Ce talent de fuyard, autant qu’on puisse appeler cela un « talent », est tant et si bien aiguisé chez El Hadj Guèye qu’il a fallu que les brigadiers « kidnappent » sa femme et son patron pour qu’il consente à se rendre… Et quelque chose, dans cette étincelle d’intelligence qui brille dans son regard, nous dit que sans cela, il serait encore en cavale !

De petite taille et plutôt chétif, à la façon dont il se tient, dont il parle d’une voix assurée et presque insolente aux juges, ou encore à la manière dont il les regarde dans le blanc des yeux, on voit tout de suite, si on nous passe l’expression, qu’il n’est « pas fou »… Difficile donc de croire qu’il ait jamais pu se trouver sous l’emprise de cette « panique aveugle » dont il a juré avoir été victime, quand les gendarmes ont voulu fouiller le coffre de sa voiture… Difficile encore de penser qu’il ignorait que les sacs en toile qu’il a chargés dans la malle, à la demande de « ses clients », contenaient pas moins de 4,7 kilos de « Yamba » !

Quel filou, ce El Hadj !

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Profil de l’accusé 2

Un meurtrier « honnête »

Né en 1981 à Tambacounda, Moussa Diagne n’a vraiment rien du meurtrier typique ! En effet, outre le fait qu’il se soit lui-même rendu aux agents du commissariat de Pikine, à l’issue de son « forfait », l’accusé s’est illustré tout au long de l’enquête, à l’instruction et à la barre, par des qualités humaines et morales… Cela, au point que le Parquet lui-même ait, d’une certaine manière, demandé qu’il soit relâché, en requérant une peine égale à la durée de sa détention préventive ! Ainsi, bien qu’il ait poignardé sa victime au ventre, avant de lui briser une brique sur le crâne (une description des faits qui peut paraître graphique, voire gore), Moussa Diagne n’a pas voulu tuer Mamadou Ba alias « Pata », sa victime.

Ce serait en effet cette dernière qui aurait dégainé l’arme du crime, un couteau, dans une tentative enivrée de sectionner l’oreille de l’accusé… Ce serait également Mamadou Ba qui aurait des antécédents violents, un fait corroboré par son propre père, Moussa Ba, qui a témoigné que son fils a déjà tué « un militaire » dans des circonstances similaires, avant d’ajouter que la victime était restée plus de dix ans, sans lui rendre visite !

De Moussa Diagne, au contraire, aucune mauvaise réputation n’émerge de l’enquête de personnalité. Au contraire ! À la fois le Parquet et son avocate l’ont décrit comme quelqu’un de « pieux », de « grande moralité » et de « serviable »… Une impression qu’a renforcé l’accusé lui-même, car sa première et sa dernière phrase à la barre ont été : « Maa ngi sànt Yàllà. » (NDLR : Je rends grâce à Dieu, en wolof).

La liberté retrouvée, on espère que le jeune homme va pouvoir enfin prendre femme et avoir des enfants… Le connaissant « travailleur », on ne s’en fait pas, quant aux capacités de ce « survivant » à assumer de telles responsabilités !

 

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