Publié le 19 Sep 2014 - 15:06
SUITE INTERROGATOIRE DU DG D’ABS

Alioune Samba Diassé entre dénégations et regrets

 

Remis de son état avant d’être victime d’un nouveau malaise juste après la suspension d’audience, Alioune Samba Diassé est repassé hier à la barre pour son interrogatoire. Persistant dans ses dénégations, il a aussi exprimé des regrets.

 

La Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI) a poursuivi hier l’interrogatoire d’audience d’Alioune Samba Diassé, victime mardi dernier d’un malaise. L’incident avait d’ailleurs valu une suspension d’audience. Hier, les débats ont encore porté sur les sociétés ABS (Airport bus service) SA, ABS Corporate. A l’instar de ses deux premiers passages à la barre, Alioune S. Diassé a une nouvelle fois clamé son innocence. 

Interpellé encore sur l’actionnariat d’ABS SA, le prévenu a soutenu mordicus que Fatou Babou et Véronique Manga, présentées par l’accusation respectivement comme secrétaire de Bibo Bourgi et domestique de la mère de Pape Mamadou Pouye, portaient les actions en connaissance de cause. ‘’A l’enquête, les deux dames ont soutenu avoir accepté sans savoir ce qu’elles signaient et qu’elles venaient de comprendre qu’elles ont été trompées’’, lui a rappelé Me Simon Ndiaye. L’avocat a aussi révélé que le prévenu a confié aux enquêteurs que ‘’même si elles (les deux dames) n’étaient qu’actionnaires sur le papier, leur présence était nécessaire pour la signature des procès-verbaux’’.

‘’J’assume’’

Au regard de cette déclaration, Me Ndiaye a demandé au prévenu s’il n’était pas aujourd’hui habité par un sentiment de regret. ‘’La vie, c’est une question d’expérience. Cela fait deux ans que je souffre. Je suis malade et je ne peux pas aller me soigner. C’est clair que je regrette’’, a confessé Alioune S. Diassé. ‘’Mais, s’est-il empressé d’ajouter, j’assume ce que j’ai fait. J’ai demandé un service à une personne qui m’a aidé en toute lucidité’’. Après ses regrets, il s’est rectifié lorsque Me Alé Fall lui a posé la même question. ‘’Ce que j’ai fait, ce n’est ni de l’escroquerie ni du banditisme. On voit tout le temps cette pratique au Sénégal’’, s’est justifié le directeur de ABS SA. Toujours interpellé sur la question de l’actionnariat, Diassé a reconnu que les deux actionnaires qualifiées de ‘’fictives’’ par Me Simon Ndiaye ne percevaient pas de dividendes, car il leur remettait des chèques pour encaisser l’argent par la suite.

Outre l’actionnariat, Alioune S. Diassé a été interpellé sur l’augmentation du capital d’ABS SA qui est passé de 10 millions à 240 millions. A cet effet, Me Alé Fall a battu en brèche les arguments du prévenu selon lesquels cette augmentation survenue en décembre 2003, soit un an après la création de la société, se justifie par l’obtention d’un crédit de 627 millions. L’avocat a brandi un contrat de prêt et de nantissement montrant que les 627 millions ont servi à l’achat de bus. Diassé l’a contesté, en laissant entendre que le coût des bus dépasse ce montant. Il a aussi contesté avoir reçu un avis à consultation par rapport au marché du transport des passagers gagné par sa société. ‘’ABS n’a pas reçu un avis à consultation. J’ai vu l’appel d’offre dans un journal. J’ai payé 300 000 francs pour le retrait du cahier de charges’’, a répondu Diassé à l’intention de Me Moussa Félix Sow.

En 2002, le prévenu avait gagné le contrat du transport des passagers pour un montant de 38 millions mensuel hors taxe. Ce qui intrigue les conseils de l’Etat, c’est qu’un document déposé par les conseils du prévenu montre que l’appel d’offres a été lancé en juillet 2002 or Diassé affirme que ABS SA a été créé en juillet 2002. Il s’y ajoute, d’après Me Sow, que l’autorité a jugé que l’offre était infructueuse, car le prévenu était le seul soumissionnaire. ‘’Si je me suis retrouvé à l’aéroport, c’est parce que j’avais un produit reconnu mondialement’’, a répliqué Diassé.

FATOU SY

 

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