Plus on s'approche de l'échéance électorale du 27 février 2012, plus les réunions hebdomadaires du Conseil des ministres donnent l'air de fora politiques. Hier, les membres du gouvernement sont apparus sous les habits de politiques déclinant leurs stratégies d'occupation du terrain politique, alors que Me Abdoulaye Wade, plutôt secrétaire général du Parti démocratique sénégalais (Pds) que chef de l'Etat, a indiqué la ligne de riposte et même d'attaque pour contrecarrer les plans du M23 décidés à organiser des manifestations à partir du 23 janvier prochain dans la banlieue dakaroise.

 

 

C'est ainsi qu'il nous revient, selon des sources ayant pris part à la réunion du Conseil des ministres d'hier, que le Président Wade a décidé qu'il ne fallait pas laisser le terrain à l'opposition au niveau de la banlieue dakaroise où le M23 compte dérouler son plan d'actions, sept mois après les manifestations massives du 23 juin 2011.

 

 

Le premier point retenu est de tenir des contre-manifestations en jouant sur la mobilisation des populations de cette zone, pourtant fortement touchées par la crise économique.

 

 

Mais la Coalition Sopi 2012, du moins le gouvernement du Sénégal, ne compte pas du tout s'en arrêter là. Le principe a en effet été retenu d'interdire toutes manifestations que l'opposition et le M23 tenteraient d'organiser le 29 janvier prochain, jour du verdict du Conseil constitutionnel qui devra délibérer sur la validité ou non de la candidature du leader de la Coalition Sopi 2012. Autant dire que les autorités administratives ainsi que les forces de l'ordre seront mises à contribution pour exprimer le refus de toutes manifestations pour contester le verdict du Conseil constitutionnel. Un dispositif particulier de sécurité aurait déjà été planifié et qui va être déroulé le jour ''j''.

 

 

Sur le même registre, le Conseil des ministres a aussi pris la résolution d'envoyer des missives chez tous les chefs religieux. Des délégations devraient se rendre dans les capitales religieuses et rencontrer les chefs religieux pour les sensibiliser sur les risques de troubles et leur demander d'intervenir dans le sens de l'apaisement de la situation sociale.

 

 

Pour riposter à la pression internationale qui se traduit par l'envoi de plusieurs correspondances au Président Abdoulaye Wade de personnalités américaines, européennes et africaines pour l'inviter à ne pas se présenter à un troisième mandat, le chef de l'Etat semble trouver sa propre solution à cette situation.

 

Pour le gouvernement du Sénégal, la réplique qui sied consiste à se répandre dans les médias, d'y attaquer les Etats-Unis et le Président Obama et de défendre la souveraineté nationale. Le Président Wade avait auparavant dénoncé une campagne menée depuis l'étranger par des Sénégalais qui auraient du mal à instaurer un rapport de force local.

 

 

A noter que lors de cette réunion du gouvernement de Souleymane Ndéné Ndiaye qui s'est déroulée jusque dans la nuit, le ministre d'Etat Djibo Leyti Kâ, par ailleurs ministre de l'Environnement et de la Protection de la nature a déclaré avoir pêché un ''gros poisson'' dans le marigot du M23.

 

Il a aussi promis de faire sortir de l'ombre cette grande personnalité du M23 qu'il aurait débauchée. Il révèle avoir déjà infiltré ce mouvement. Autant dire que la tonalité de la réunion du Conseil des ministre a été fortement politique, à 35 jours de la Présidentielle.

 

Des sources proches du Parti démocratique sénégalais signalent que le Président Wade, qui revient de Banjul, a été briefé par deux personnalités du gouvernement qui ont inspiré cette tournure du conseil. Il s'agit de Karim Wade et de Mamour Cissé. Ce dernier a été à deux doigts de rejoindre Macky Sall avec qui il a été en contact, il y a quelques mois.