Alors même que le candidat de la coalition Benno alternative 2012 n'a pas été choisi -ce sera fait le 15 décembre – Ibrahima Fall, lui, a présenté hier son programme de gouvernement en 111 points. En grand boubou à rayures verticales bleu et blanc, ton mesuré et ferme, discours mitonné d'humour, il est apparu sûr d'être sur la ligne de départ pour le 26 février 2012. Devant un parterre de militants et de sympathisants, ainsi que d'invités politiques de marque dont Amath Dansokho (PIT), Moussa Touré (Jarign Sa Reew) et Seydou Sy Sall (LD), il a décliné, durant une heure, ses quatre ''principes d'action'' une fois au pouvoir : ''Rassembler les patriotes; restaurer les valeurs, rebâtir l'Etat de droit; relancer le développement''.

Promettant de lier la parole à l'acte, M. Fall a dit ancrer son projet de société dans le canevas tracé par les Assises nationales et de sa Charte de bonne gouvernance. Mais un canevas des assises ''enrichi''. Aussi assure-t-il de promouvoir ''l'impératif de lutter contre les antivaleurs'', notamment à travers une ''charte sociopolitique consensuelle''. Le juriste a relevé en outre ''l'évidence'' d'une restauration de l'Etat de droit malmené, à son avis, par une justice ''asservie'' et une Constitution ''bafouée'', entre autres. Le quatrième principe intéresse le développement humain qui présente, selon lui, ''un tableau cliniquement préoccupant''. Ce point concerne la santé, l'éducation...

Pour plus de précisions sur son programme, Ibrahima Fall a dit militer, concernant les institutions, pour un ''parlementarisme rationalisé'' sans en expliquer les contours exacts. Aussi promet-il clairement de réduire le nombre de députés de 150 à 100, une compression des ministres et de la pléthore de conseillers au Palais, la suppression du Sénat ainsi que le remplacement de l'actuel Conseil constitutionnel par une Cour constitutionnel. Le professeur agrégé en sciences politiques entend de même mettre sur pied une Haute autorité des élections en lieu et place de la CENA et des départements ministériels en charge de l'organisation des élections.

Les propositions socio-économiques du candidat Ibrahima Fall se veulent ''volontaristes''. Il promet un audit du secteur de l'énergie et de ''réprimer toutes les malversations financières'' dans le domaine. Cela sera assorti d'une politique de détaxes des équipements en matière d'énergies renouvelables. De même, le candidat de Taxaw Temm entend recentrer les missions de la Sicap, de la SN HLM et de la BHS sur l'habitat social et ''non sur le logement de luxe''. Pour les transports, M. Fall a critiqué la mise sur pied d'un pavillon national sur la base d'une ''politique irréaliste et dispendieuse''. Lui préfère plutôt ''repenser la politique de transport aérien sur une base au moins régionale''.

Quant à l'éducation, elle fera l'objet d'états généraux. Il promet en outre d'instaurer une ''défiscalisation des salaires déclarés et inférieurs à 100.000 F Cfa dès 2012 et une baisse substantielle de la pression fiscale sur les salaires''. Sans compter une protection sociale à ''tous les secteurs informels''.

A ceux qui en douteraient, le candidat parrainé par le Groupe d'initiatives solidaires et citoyennes (GISCI) initié par le Pr Boubacar Diop dit Buuba assure que ses 111 mesures sont ''toutes réalistes et faisables dans des délais raisonnables''. D'ici là, il va falloir à Ibrahima Fall passer d'abord les étapes de la sélection à Benno alternative, ensuite le verdict des urnes. Du chemin parsemé d’embûches, même si, pour l'instant ce sont de ''petits problèmes'' comme l'a avoué le Pr Buuba Diop, hier. Car déjà, le ''candidat de l'éthique'' (son slogan) n'a pu décrocher une salle pour son événement qu'au dernier moment, ''après plusieurs faux-bonds''. ''Ça fait partie du combat'', a positivé M. Diop, sous les ovations.

Mamadou Lamine BADJI