Dans une saison, tous les 8000 lutteurs licenciés ne peuvent lutter, et certains passent forcément une année blanche. Mais cette longue période sans lutter n'est pas sans conséquence pour leur combat d'après car rares sont ceux qui ont réussi à s'en sortir. Et l’année blanche aboutit souvent à la chute.

Quand des lutteurs se font payer des cachets de 100 à 150 millions, difficile pour tout le monde de lutter, car les promoteurs et leurs sponsors ne peuvent assurer une manne financière aussi importante. Ce manque de compétition chez certains lutteurs est parfois un frein à leur carrière. Peu sont ceux qui ont réussi leur retour. Ils perdent souvent leur combat face à un adversaire qui a plus de compétition. Est-ce un manque de repères techniques, un déficit mental ou même du laxisme dans les entraînements ? Toujours est-il que les exemples d’un mauvais retour sont légion. Le plus frappant est sans aucun doute celui de Tyson. Suspendu à la suite d'un refus de poursuivre son combat contre Bombardier en 2006, Tyson reste loin des arènes pendant trois longues années. Son retour est catastrophique puisqu'il enregistre coup sur coup deux défaites contre Yékini et contre Balla Gaye 2. Et maintenant, il est désespérément à la recherche d'un combat. C'est le cas aussi récemment de Bombardier qui a connu une cinglante défaite face à Tapha Tine. Le dernier combat de Bombardier remonte à un an et demi, le premier janvier 2011 face à Yékini. Son retour a été pour le moins désastreux puisqu'il n'a pas su résister aux coups de Tapha Tine qui avait battu Elton il y a moins d’un an. D'autres lutteurs comme Tapha Boy Bambara qui a chuté contre Pape Mor Lô, de Bathie Séras, Mbaye Diouf ont connu le même sort. Le constat est là : le lutteur au combat plus récent a plus de chances de gagner.

La baisse des cachets, meilleure solution

Tidiane Faye, appelé le professeur de Lansar, témoigne sur la difficulté des lutteurs de revenir dans la compétition après une longue absence. Il dit : ''Le lutteur qui reste des mois sans combat perd souvent. Parfois il a aussi une lourde pression sur ses épaules, celle de faire son grand retour et rien que cela peut le faire chuter''. Le technicien de l’écurie Lansar constate également : ''C'est très rare de voir un lutteur revenir d'une année blanche avec une forme éclatante, il perd souvent son combat. En sus, Tidiane Faye confesse que les lutteurs qui n'ont pas de combat s'entraînent malgré tout, mais pas comme il se doit. ''Ils ont moins d'envie, et font moins de séances que d'habitude avec moins de concentration.''

La solution pour le promoteur Gaston Mbengue est toute simple et toute trouvée : ''il faut que les lutteurs baissent leur cachet. De toutes les façons, que les lutteurs le veuillent ou pas, cela se fera, car c'est une façon de faire évoluer la lutte, ce n'est pas normal que sur 8000 licenciés, il n'y ait que 10 lutteurs qui vivent bien et qui se partagent les millions''. Pour lui ''une baisse des cachets permettrait à beaucoup de lutteurs d'éviter une saison blanche, mais arrangerait aussi bien les promoteurs que les amateurs. Tout le monde y trouverait son compte''. Donc en résumé, cette baisse des cachets, fera lutter plusieurs lutteurs dans la saison, les promoteurs s'en sortiront mieux financièrement et les amateurs verront les prix des billets d'entrée baisser.

Modou Lô en danger ?

Quelques lutteurs qui sont dans cette situation de manque de compétition s’acheminent vers des combats capitaux pour leur carrière. Modou Lô n'a pas lutté depuis le 04 avril 2011 face à Lac de Guiers 2 du Walo. Il fera face, le 15 juillet à un Gris Bordeaux très compétitif qui a non seulement lutté en mars 2011 contre Eumeu Sène, mais aussi en janvier 2012 contre Baye Mandione. L’idole des Parcelles réussira-t-il à s'en sortir après ce manque de compétition ? L'autre cas le plus palpable est celui de Moussa Dioum, qui n'a plus lutté depuis la saison 2010, avec une défaite face à Baye Mandione. Il fera face à Sa Thiès, un jeune qui a en moyenne deux combats chaque saison.

KHADY FAYE