Pour l'évacuation immédiate des eaux pluviales de leur quartier, les populations de Pikine sont sorties dans la rue pour manifester. En brassards rouges, les Pikinois ont tiré à boulets rouges sur les autorités locales et nationales. D'ailleurs, elles exigent un audit des 15 milliards de francs CFA débloqués pour les besoins de l'assainissement de leur quartier. 

Les populations du plus populeux quartier du faubourg de Sor ne peuvent plus supporter les affres des inondations. Depuis les dernières pluies enregistrées entre mercredi et jeudi, les déplacements dans cette localité sont devenus un véritable parcours du combattant. Les voies principales et les ruelles des sous-quartiers de Tableau Walo, Pikine Diokoul, Pikine 700, Tal-Baxlé et Pikine Sor 15 mètres sont impraticables. Même le nouveau commissariat de police du quartier n'est pas épargné par les eaux pluviales.  

C’est pourquoi les habitants sont sortis en masse crier leur ras-le-bol. Les manifestants disent en avoir marre de l'oubli volontaire dont leur quartier est victime, depuis des décennies. Pour le porte-parole des populations sinistrées, si  les autorités tardent à trouver des solutions, c'est parce qu'elles n’ont aucune considération pour eux. "Les autorités locales ne s'intéressent à Pikine qu'en période électorale. Depuis que nous sommes sous les eaux, personne n’est venu nous soutenir. Des familles entières sont aujourd'hui dans le désarroi total. Des milliers de jeunes enfants sont exposés à toutes sortes de maladies. Mais malheureusement, les populations de Pikine sont toujours narguées par les dirigeants. Le dérisoire matériel d'évacuation des eaux pluviales que nous avons sous la main, provient de dons de bonnes volontés du quartier et nous n'avons pas les moyens suffisants pour faire tourner les machines à temps plein. Il faut que les autorités sachent que nous faisons partie de Saint-Louis et du Sénégal. Trop, c'est trop !", a râlé Seydou Diallo. 

Des complaintes confortées par les membres du mouvement Pacte/Pikine Dey Dem qui prenaient part à la marche. Selon Maodo Diagne, les populations doivent  savoir déceler aux nouvelles  ruses politiciennes mises en place par les responsables politiques en période électorale. "Les populations de Pikine en ont marre des promesses jamais tenues. On a trop reçu de vagues paroles, de banales sentimentalités. Cette souffrance des populations ne peut  plus continuer. Raison pour laquelle cette manifestation n'est qu'un premier jalon, parce que nous avons décidé de ne plus rester les bras croisés. Pikine va se mobiliser pour dire non et exiger plus de respect", a martelé le responsable du Pacte.

En outre, il se demande à quoi ont servi les 15 milliards alloués à Pikine pour son assainissement. "

 Les travaux d'assainissement du quartier sont un véritable désastre. Les ouvrages sont très mal faits.  Les coins où passent les canalisations sont les plus inondées. Tous les axes principaux, supposés assainis, sont aujourd'hui impraticables. On ne dénombre plus combien de personnes ont eu des accidents dans le quartier, à cause des canalisations mal refermées. Pikine est exclu du transport urbain. Aucun taxi ou véhicule particulier n'ose affronter les risques que constituent les rues et ruelles inondées du quartier.  Pour tous ces manquements et impairs, nous exigeons un audit sérieux de l'enveloppe du financement des travaux d'assainissement de Pikine", a-t-il déclaré.

Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)