Face à la multitude de candidatures, des voix s’élèvent pour proposer un changement de format du bulletin pour les Législatives. Alors que le format habituel va couter près de 13 milliards F CFA au contribuable, la proposition, si elle fait consensus, couterait moins de 6 milliards.  

Six cent soixante-quinze millions de francs CFA. C’est le montant total déposé au niveau de la Caisse des dépôts et consignations (CDC) au titre de la caution pour la participation aux élections législatives du 17 novembre 2024, à raison de quinze millions de francs pour chaque entité politique en lice pour ces prochaines joutes électorales. Comparé à ce que devrait dépenser l’État, notamment pour la confection des bulletins, c’est presque mille fois rien. Ce qui remet au gout du jour l’éternel débat sur le format du bulletin.

Pour certains, c’est peut-être le moment d’aller vers le bulletin unique. Pour d’autres, l’urgence serait, pour les Législatives anticipées de 2024, d’opter pour le bulletin au petit format, comme ça se fait à la Présidentielle.       

Babacar Ba du Forum du justiciable a essayé de poser le débat dans un communiqué parcouru par ‘’EnQuête’’. Selon lui, dans ce contexte précis où l’administration électorale a énormément de choses à faire pour un bon déroulement du processus électoral, les acteurs devraient voir comment faire pour alléger les tâches. Il déclare : ‘’… L’adoption du bulletin de vote au petit format utilisé pour l’élection présidentielle (sans les noms des candidats, mais juste avec les photos des têtes de liste) pourrait alléger le processus électoral, réduire les frais d’impression et de transport, assurer la transparence et accélérer le rythme du vote.’’       

De l’avis de ce responsable de la société civile, il ne devrait pas être compliqué de trouver un consensus autour d’un tel bulletin. Ce, d’autant plus que les acteurs impliqués dans le processus électoral étaient même tombés d’accord sur le bulletin unique.  ‘’L’adoption du bulletin de vote unique avait fait l’objet d’un consensus lors du dialogue national institué par décret n°2023-339 du 16 février 2023. Donc, les partis politiques, les coalitions de partis politiques, les entités regroupant des personnes indépendantes ainsi que la société civile ne devraient pas avoir de difficultés à plaider pour l’expérimentation du bulletin au petit format aux Législatives, surtout dans ce contexte où le défi lié à l’organisation matérielle des élections se pose avec acuité’’, a-t-il expliqué.     

Chaque candidat a versé 15 millions F CFA pour couter 284 millions rien que pour la confection des bulletins

Pendant ce temps, d’autres n’hésitent pas à proposer le recours au bulletin unique. Souvent, l’argument financier est mis en avant. Mais lors de la dernière Présidentielle, le ministère de l’Intérieur avait démontré que cette perception n’est pas toujours conforme à la réalité. À l’époque, précisant que les 8,5 millions de bulletins avaient couté 1,400 milliard à raison de 8 F CFA par bulletin, l’ancien directeur général des Élections avait révélé que si l’option du bulletin unique avait été choisie, cela aurait couté plus cher.

‘’Si on prend l’exemple de cette élection (Présidentielle 2024), si on l’avait fait avec le bulletin unique, on serait à environ 1,600 milliard. Parce que le bulletin unique couterait au moins 200 F CFA’’, avait précisé Thiendella Fall, qui ajoutait : ‘’En tant que technicien, je préférerais toujours le bulletin multiple, parce qu’il a fait ses preuves. Et il y a moins de risques d’avoir des suffrages invalidés.’’    

Pour les prochaines Législatives, le débat refait surface. Cette fois, c’est plus la multitude de listes qui pousse les uns et les autres à réfléchir. Compte tenu du nombre de listes en compétition, l’idée est émise de changer le format habituel des bulletins pour les législatives. Au lieu de faire de grands bulletins larges avec tous les noms des candidats inscrits dessus ‘’qu’aucun électeur ne va lire’’, certains demandent de petits bulletins faciles à mettre dans l’enveloppe avec la photo de la tête de liste comme à la Présidentielle.

‘’Avec  la floraison des listes, adopter ce bulletin est devenu vital. Au-delà de la rationalisation, le bulletin au petit format permettra d'accélérer le vote et de faciliter davantage le processus’’, a précisé le responsable du Forum du justiciable.

Le bulletin au petit format permettrait d’économiser plus de 7 milliards F CFA

Selon nos informations, pour les prochaines élections, les coûts des bulletins sont estimés à 31 F CFA l’unité. Si l’on sait que pour chaque candidat il faudra 8,500 millions de bulletins, cela donne un total de 263 millions F CFA pour chaque candidat. Ce, compte non tenu des 21 millions prévus pour la confection des spécimens pour la propagande des différentes entités politiques. Au total, chaque candidat va donc couter pas moins de 284 millions F CFA au contribuable, rien que pour la confection des bulletins et des spécimens. Soit plus de 12,780 milliards F CFA pour l’ensemble des listes. Ce qui pousse beaucoup à réfléchir.

En revanche, si l’on opte pour le bulletin de petit format, l’unité va revenir à peu près à 11 F CFA, selon les estimations. Ce qui va revenir à 93 millions par candidat plus les 21 millions pour les spécimens, soit 114 millions par liste et un gain de 170 millions sur chaque liste.

Selon les estimations, le marché reviendrait dans ce cas à 5,130 milliards, soit une différence de 7,65 milliards de francs CFA.

À noter qu’à la dernière Présidentielle, ce type de bulletin avait couté 8 F CFA et non 11 F CFA.

Les porteurs de cette proposition vont cependant se heurter à deux obstacles majeurs. D’abord c’est la loi électorale qui fixe le format du bulletin pour chaque type d’élections. Il faudra donc un consensus fort entre les acteurs pour voir aboutir une telle proposition. Par ailleurs, il faut préciser qu’avec cette précision, il n’y aura plus les noms de l’ensemble des investis, mais juste les photos des têtes de listes sur le bulletin.

MOR AMAR