Publié le 21 Apr 2024 - 15:19

DE LA TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS A LA TRAQUE DES ACQUIS MAL CACHÉS

 

Le PR Macky Sall avait initié la traque des biens mal acquis dès son accession au pouvoir en 2012. Mais sous son magistère, la cour des comptes, l’inspection générale d’Etat (IGE) et l’OFNAC ont produit beaucoup de rapports sans suite. Il a même déclaré avoir mis sous le coude certains dossiers.

Les auteurs croyaient donc avoir des acquis bien cachés jusqu’au jour où le Président Bassirou Diomaye Faye a ordonné la publication des rapports des 5 dernières années (2019 à 2023).

La démarche du nouveau régime est à saluer mais son succès est assujetti à la prise en compte de deux éléments: la capacité d’absorption de l’administration et l’arbitrage entre ajustement et relance de l’économie.

 De la capacité d’absorption de l’administration

Le concept de « capacité d’absorption » est utilisé en macroéconomie pour désigner l’efficacité avec laquelle une économie utilise un apport extérieur de capitaux, étant entendu qu’il peut être incapable de dépenser tous les montants qui lui sont destinés sur une période donnée. Sur le plan microéconomique, c’est l’aptitude d’une entreprise à reconnaître la valeur d’une nouvelle information, à l’assimiler et à l’appliquer à des fins commerciales (pour accroître ses ventes).

La capacité d’absorption fait référence à l’aptitude du pouvoir actuel à identifier les dysfonctionnements, à les punir et surtout à prendre des mesures correctives pouvant éviter que les nouveaux responsables ne fassent la même chose que leurs prédécesseurs en termes de prévarication.

L’exploitation de tous ces rapports et leur traitement judiciaire requièrent du temps et des moyens matériels et humains considérables. Mais la transformation de ces informations en leçons apprises pour réduire les possibilités de détournement est un défi tout aussi important à relever.

 De l’ajustement à la relance

On le sait, certaines difficultés de relance de notre économie sont liées à des problèmes de gouvernance (corruption, détournements, concussion). Le nouveau régime est attendu sur l’amélioration du quotidien des sénégalais (court terme) et sur le changement structurel dans le mode de gouvernance (moyen et long terme). Puisqu’il a fait des promesses sur les deux tableaux, il sera jugé sur sa capacité à trouver le juste équilibre entre « regarder dans le rétroviseur » et « se concentrer sur la route » pour être sûr de prendre la bonne direction, celle du PROJET.

Le régime du Président Bassirou Diomaye Faye se trouve actuellement à un carrefour qui mène à 3 chemins : la rupture, la continuité et la création.
La continuité est impossible sauf si le régime veut percuter le panneau « route barrée » déjà déposé par les électeurs.

En définitive, la rupture semble être une meilleure option mais il faut user d’une approche chirurgicale pour dénicher les prévaricateurs sans toucher les fonctionnaires intègres.

Pr Abou KANE
FASEG/UCAD

Section: