Publié le 27 Dec 2023 - 01:43
ENERGIES FOSSILES ET AFRIQUE

Quelles mesures d’atténuation ou de mitigation ?

Avec la COP 28 tenue à Dubaï (Émirats Arabes Unis) du 30 novembre au 12 décembre 2023, il a été question d’énergies fossiles impactant sur l’effet de serre.
1. Qu’est-ce que l’effet de serre ?

L’effet de serre se passe sous l’atmosphère. Le Soleil émet des rayons solaires. Ceux qui parviennent à passer la couche de l’atmosphère arrivent sur la terre et se transforment en énergie ou chaleur. La chaleur non absorbée retourne vers l’espace par des rayons infrarouges. Les gaz à effet de serre retournent ces rayons infrarouges sur terre d’où un maintien ou une augmentation de la chaleur sur terre. Cette augmentation de la chaleur a beaucoup de conséquences sur terre comme des vagues de chaleur, les fontes glacières donc l’augmentation du niveau de la mer et son avancement, les inondations qui réduisent le terres cultivables et augmentent les moustiques et autres catastrophes.

Toujours suivant la littérature, les principaux gaz à effet de serre présentement cités sont la vapeur d'eau (H2O), le dioxyde de carbone (CO2), le méthane (CH4), le protoxyde d'azote (N2O) et l'ozone (O3) . L'ozone ou trioxygène (O3) joue un double rôle : dans la couche basse de l'atmosphère (troposphère), il contribue à l'effet de serre et dans la stratosphère, il forme une "couche" protectrice qui filtre le rayonnement solaire ultraviolet (UV).Les gaz à effet de serre industriels incluent les halocarbones lourds (fluorocarbones chlorés incluant les CFC, les molécules de HCFC-22 comme le fréon et le perfluorométhane) et l'hexafluorure de soufre (SF6). Cependant il est important de distinguer l’effet de serre bénéfique au vivant et celui qui lui est nuisible.

1.1. L’effet de serre bénéfique au vivant

Suivant la littérature, l’air naturel est composé de 78 % d’azote ; 21 % d’oxygène ; 0,97 % d’argon ; 0,03 % de dioxyde de carbone (CO2) ; des gaz rares (hélium, néon, krypton, radon) ; de la vapeur d’eau ; de l’hydrogène ; des particules solides et liquides en suspension (eau liquide ou solide, poussières fines, cristaux salins, pollens) ; du méthane ; et d’autres éléments atmosphériques. Le gaz carbonique, la vapeur d’eau, le méthane naturels à très faible pourcentage comme montrée par la composition de l’air ci-dessus produisent un effet de serre naturel indispensable au vivant.

1.2. L’effet de serre nuisible au vivant

Cet effet de serre nuisible est l’effet de serre anthropique ou animal c’est-à-dire issu de l’activité humaine et des animaux produisant du CO2, du CH4 et autres gaz à effet de serre. Les activités liées aux énergies fossiles sont considérées comme produisant le plus de gaz à effet de serre.

2. Quelles mesures d’atténuation ou de mitigation pour contrer cet effet de serre anthropique et animale ?
Si on ne peut pas se passer des énergies fossiles on doit au moins prendre des mesures d’atténuation ou de mitigation pour contrer les gaz à effet de serre produits. Ceci peut se faire suivant des stratégies.

2.1. Préservation de la végétation classée et création d’une végétation utile
Très tôt, nous apprenons que si l’être humain en respirant absorbe de l’O2 et rejette du CO2, mais les plantes ou la végétation c’est le contraire : cette dernière rejette de l’O2 et absorbe le CO2 via le phénomène de la photosynthèse. Donc en préservant notre végétation classée ou nos poumons verts et en créant des végétations utiles, une quantité de gaz carbonique (considéré comme principal responsable de l’effet de serre) peut être absorbée par cette végétation. Cette végétation est considérée comme étant un puits à carbone. Mais la production de CO2 anthropique est telle qu’il faut une végétation appropriée pour absorber des quantités anthropiques de CO2.

L’Afrique a cette grande opportunité d’avoir une grande végétation en :
-œuvrant pour l’atteinte de son autosuffisance alimentaire par l’agriculture extensive, intensive, communautaire (espaces verts publics, jardins villageois, jardins scolaires, des daaras…) et familiale (microjardinage par exemple) et ceci malgré la production de méthane par les rizières et l’élevage ;
- faisant la promotion de la technologie du goutte à goutte qui économise l’eau d’agriculture car qui dit végétation dit eau ;
-créant des poumons verts dans les lieux publics (exemple des centres de santé du Sénégal) et dans les familles (noyau de la société) ;
-en luttant contre le désert avec des initiatives du Niveau institutionnel (Grande muraille verte au Sénégal, la Grande Rivière artificielle sous Kadhafi,…)
- en luttant contre le désert par des initiatives locales comme les plantations d’arbres fruitiers, par exemple, au niveau de toutes les communes et départements et des familles (exemples des régions du Sud au Sénégal).En amont, la production de pépinières de plants génère des revenus. Comme exemple concret et selon (Niang, emedia, 2023 ; Niang, BÉSBI numéro 0615 ,21 décembre 2023), l’Association Podor vert a fait de la lutte contre l’avancée du désert dans le département de Podor sa priorité. Cette association a comme parrain Baba Maal (Ambassadeur de la Convention des Nations unies pour la lutte contre la désertification). Cette année, durant la COP 28, « les Amis de la nature de Podor» ont bénéficié de 40.000 plants constitués essentiellement d’arbres fruitiers pour des opérations de reboisement dans les lieux publics et les concessions.

-en plantant des filaos ou autres arbres pour fixer des dunes.

Cette autosuffisance alimentaire est créatrice d’emplois, d’agroindustries, de chaine de valeur. Par exemple avec l’arachide, en rapport avec les municipalités et les huileries industrielles, l’huile artisanale d’arachide peut être vendue, par la mise en place de centrales d’achat ou directement, aux huiliers industriels qui pourront les raffiner. Si les huileries industrielles font leur autoproduction en graines d’arachide, dans le cadre de la Responsabilité sociétale des Entreprises (RSE), ces huiliers pourront toujours acheter, pour raffinage, l’huile artisanale. Cette triangulation commerciale (producteurs d’huile artisanale-Centrales d’achat d’huile artisanale-huileries industrielles ou producteurs d’huile artisanale-huileries industrielles-commerçants) protège, d’abord, le tissu industriel agroalimentaire, la filière arachidière.

2.2. Production de biogaz
Le méthane est un gaz à effet de serre. La production de biogaz à grande échelle peut se faire avec les fosses d’assainissement, les abattoirs et autres lieux producteurs de méthane. L’industrie du plastique pourrait être d’un grand apport dans la production du dispositif technique.
2.3. Triage des déchets à domicile et production de compost.

Les matières organiques dont les déchets biodégradables en anaérobiose produisent du gaz méthane. En janvier 2024, en France, les habitations sont invitées à aller plus loin que leur triage classique. Ils doivent soit : disposer de bacs à compost ou un composteur familial ou déposer leurs déchets biodégradables dans un composteur communautaire.

Au Sénégal au début des années 2000, l’APROSEN (l’Agence pour la Propreté du Sénégal) avait une vision qui était «un ménage, une poubelle». Une telle vision devrait être renforcée par «un ménage, une poubelle réglementaire et un sac plastique poubelle compostable et un composteur». Durant les années 90, la moustiquaire imprégnée coûtait environ 10 000Fcfa au Sénégal. Grâce à l’état via le Ministère chargé de la Santé, ces moustiquaires sont maintenant accessibles, très accessibles. Le paquet « poubelle réglementaire, sac plastique poubelle compostable et composteur» peut devenir accessible, très accessible. Avec le développement durable, l’industrie du plastique sénégalaise, par exemple, fait des poubelles durables. Une usine de sacs plastiques poubelles compostables créera des emplois pour ce produit consommable.

Bonnes fêtes ! Bonne année 2024 !
Assane Seck (Seckane),seckassane66@gmail.com,Master Professionnel en Environnement (Option Chimie de l’Environnement), Master de Recherche en BioToxicologie.