Publié le 9 Apr 2018 - 12:56
APPEL A UNE LEVEE DU MOT D’ORDRE DE GREVE

Les enseignants ‘’déclinent’’ le ndigël du khalife

 

Le Khalife général des Tidianes, Serigne Mbaye Sy Mansour, a demandé, hier à Tivaouane, aux syndicats grévistes de suspendre ou lever leur mot d’ordre de grève, le temps qu’il assure la médiation. Mais ceux-ci souhaitent d’abord consulter la base, avant toute décision.

 

Mettre en avant les intérêts des apprenants en procédant à la levée de leur mot d’ordre de grève. C’est l’appel solennel lancé par le Khalife général des Tidianes hier, aux syndicats d’enseignants, au cours de leur entrevue à huis clos qui a duré 4 heures. D’après Serigne Mbaye Sy Mansour, la crise que traverse l’école sénégalaise n’est pas la seule difficulté que rencontre le pays. Il propose ainsi aux syndicalistes de lever ou de suspendre le mot d’ordre de grève, le temps qu’il discute de leur situation avec le chef de l’État.

Le Khalife général, qui se dit satisfait de l’échange, invite les enseignants à privilégier des considérations autres que l’argent, même s’il reconnaît que savoir et argent ne sont pas antinomiques. D’après lui, l’argent ne suffit pas pour avoir le bonheur. ‘’Le vrai avancement, ce sont les bons rapports qu’on peut avoir avec son prochain. Car quand on est dans l’ennui, ni l’argent ni la connaissance ne seront à votre chevet. Mais ce sont seulement les gens avec qui on a tissé les relations de bon voisinage qui voleront à votre secours’’, souligne le successeur du défunt Khalife, Serigne Abdoul Aziz Sy Al Amine. Le guide invite, par conséquent, les deux parties à entretenir ‘’de bons rapports’’ pour la construction d’une nation ‘’solide’’.

Les réserves de Saourou Sène

Cependant, même si les syndicalistes saluent l’initiative du khalife, ils n’ont pas accédé à sa demande. Pour l’instant donc, il n’y aura ni levée ni suspension du mot d’ordre. Les syndicats membres du G6 souhaitent rencontrer d’abord leurs bases, procéder à l’évaluation des différentes rencontres, avant de prendre une décision. ‘’Le Khalife nous a demandé d’aller dans le sens de suspendre ou même de lever le mot d’ordre, le temps de lui permettre d’échanger avec le gouvernement du Sénégal. Nous lui avons dit, avec beaucoup de discipline et de déférence, qu’il ne nous appartient pas, à partir d’ici, de suspendre ou de lever le mot d’ordre, pour la bonne et simple raison que nous n’avons pas encore partagé avec nos bases’’, a argumenté Saourou Sène au sortir de la rencontre. Le secrétaire général national du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss) indique qu’une décision sera prise, la semaine prochaine.

‘’C’est à partir des assemblées générales du mercredi prochain que tous les responsables partageront avec nos bases. Vous comprendrez que nous sommes encore dans une situation qui ne nous permet pas de pouvoir parler au nom des enseignants, alors que ces derniers n’ont pas encore pris connaissance de la quintessence du document qui a été retenu, à l’issue des travaux avec le gouvernement. C’est ce que nous avons dit aussi au Khalife général qui l’a très bien compris’’, a relevé le syndicaliste.

D’après Saourou Sène, en les invitant, le khalife avait pensé que les syndicalistes avaient déjà partagé leurs informations avec la base. Maintenant qu’il est édifié en la matière, il a exprimé son souhait de retrouver prochainement ses hôtes du jour. ‘’Etant donné que les assemblées générales sont prévues le mercredi, nous aurons tous les éléments des procès-verbaux d’évaluation de nos bases et nous reviendrons’’, a promis Saourou Sène.

Cette rencontre a eu lieu, après que le khalife, Serigne Mbaye Sy Mansour, recevant la dahira des enseignants, avait souhaité rencontrer les organisations syndicales en vue de trouver une issue heureuse à la crise scolaire. Les syndicalistes-grévistes eux disent avoir partagé avec lui sur leurs préoccupations, notamment ce qu’ils attendent concrètement de l’État du Sénégal.

GAUSTIN DIATTA (THIES)

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