Publié le 12 Apr 2018 - 15:06
PEINE DE MORT EN AFRIQUE

L’Egypte et le Nigeria en tête avec 1 023 cas

 

Même si une baisse a été notée dans les pays qui appliquent la peine de mort en Afrique, le Nigeria et l’Egypte résistent. En effet, en 2017, dans ces deux pays, 1 023 personnes ont été condamnées à mort. Au niveau mondial, 993 exécutions ont été recensées.

 

Comme chaque année, l’organisation Amnesty international a présenté, hier, son rapport annuel sur la situation de la peine de mort au niveau mondial. Parmi les peines infligées aux personnes condamnées à mort, on peut citer : les infractions à la législation sur les stupéfiants, les actes portant atteinte à la sécurité nationale. D’autres l’ont été pour mouvement insurrectionnel, actes de terrorisme, crime contre l’Etat, entre autres.

Selon le document, le nombre d’exécutions dans le monde a connu une baisse en 2017 avec 993 cas contre 1 032 en 2016 et 1 634 en 2015. Selon toujours la note, plus de la moitié des exécutions ont eu lieu en Iran avec 507 cas. Suivis de l’Arabie Saoudite avec 146 cas, l’Irak avec 125, le Pakistan avec 60, l’Egypte 35, les USA 23, la Somalie 24. Ainsi, l’Arabie Saoudite, l’Irak et le Pakistan ont été responsables de 84% des exécutions enregistrées à travers le monde. En Irak, le nombre de condamnés exécutés est passé de 88 en 2016 à 125 au moins en 2017. Soit une hausse de 42%.

Nombre de condamnés à mort en baisse

Concernant les condamnés à mort, une baisse de 17% a été enregistrée. De 3 117 en 2016, le nombre est passé à 2 591, l’année dernière. Le nombre de pays ayant de manière avérée prononcé de nouvelles condamnations à mort est passé de 55 en 2016 à 53 en 2017, contre 61 en 2015.

A la connaissance de l’organisation, au moins 21 919 personnes à travers le monde se trouvaient sous le coup d’une condamnation à mort en décembre passé. Dans les détails, le Nigeria vient en tête avec 602 cas, l’Egypte avec 402, 273 au Bangladesh, 218 au Sri Lanka, 200 au Pakistan, 109 en Inde, 94 en Zambie, 75 en Thaïlande, entre autres.  

Il y a lieu de préciser que 55 condamnés à mort ont été innocentés dans les 6 pays suivants : Nigeria avec 28, 19 en Zambie, 5 aux USA, 3 en Taiwan, aux Maldives et en Chine. Aussi, à la fin de l’année 2017, 106 pays ont aboli la peine de mort pour tous les crimes, contre 70, il y a de cela 20 ans.

‘’La peine de mort ne règle pas la question de la criminalité’’

Selon le rapport, d’importantes mesures ont été prises pour restreindre le recours à la peine de mort dans des pays qui sont de ‘’fervents’’ défenseurs de ce châtiment. Le plus important est le relèvement du seuil de la quantité minimale de drogue à partir de laquelle la peine de mort est obligatoirement prononcée. ‘’Il est préoccupant de constater que des pays continuent de recourir à la peine de mort pour sanctionner des infractions liées aux stupéfiants. Toutes les mesures prises par l’Iran et la Malaisie pour modifier leur législation relative aux stupéfiants montrent bien que les choses sont en train de changer. Il faut aussi préciser que la peine de mort ne règle pas la question de la criminalité. Il n’a rien à voir avec la baisse du taux de criminalité’’, a dit hier le directeur adjoint des recherches en Afrique de l’Ouest.  De l’avis de Steve Cockburn, cette partie du continent noir est un bon élève en termes de lutte contre les peines de mort.

‘’Au cours des 40 dernières années, nous avons assisté à un énorme changement allant dans le bon sens en ce qui concerne le recours à la peine de mort à travers le monde, mais il est nécessaire d’intervenir de toute urgence pour mettre fin à cette abominable pratique. Des avancées ont été réalisées dans toute l’Afrique subsaharienne. La Guinée est devenue le 20e Etat abolitionniste. Le nombre de sentences capitales a considérablement diminué et des modifications positives de la législation sont régulièrement enregistrées. Si des pays continuent, en 2018, de prendre des mesures pour restreindre le recours à la peine de mort et pour la supprimer, ceux qui continuent à travers le monde de procéder à des exécutions vont se retrouver extrêmement isolés’’, a dit le SG de cet organisme dans le rapport.

IMAM BABA LEIGH (ANCIEN CONDAMNE A MORT EN GAMBIE)

‘’Yaya Jammeh n’avait pas le choix, il m’a libéré’’

‘’Personne ne peut imaginer le degré de souffrance qu’on a enduré durant notre période de condamnation. C’était insupportable. La peine de mort est généralement appliquée dans les pays où il y a un régime dictatorial. J’ai été arrêté, parce que j’avais tenu un point de presse pour dénoncer les cas de peine de mort en Gambie. Mon face-à-face avec la presse avait connu un grand succès au niveau national et international.

Après cela, j’ai parlé de cela, lors de mon prêche. Ce qui n’a pas été du goût des gouvernants. Ils m’ont mis aux arrêts. J’ai souffert. J’ai vécu l’enfer en prison. Mais n’empêche, je me suis dit que c’est une épreuve. La presse en parlait au quotidien. Une pression énorme a été mise sur le gouvernement gambien. A un moment, ils ont décidé de me libérer, car ils ne pouvant plus subir la pression qui venait de partout. Yaya n’avait pas le choix.’’

CHEIKH THIAM

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