Publié le 3 Aug 2024 - 14:24
STEPHANE TROUSSEL, PRÉSIDENT DU DÉPARTEMENT DE LA SEINE-SAINT-DENIS

"Veiller à ce que les infrastructures soient durables, afin de garantir un legs matériel bénéfique pour les habitants."

 

Président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel revient sur le partenariat entre cette collectivité locale française et les différentes entités impliquées dans l’organisation des JOJ Dakar 2026.

 

Votre département accueille depuis quelques jours une forte délégation d’officiels sénégalais. Pouvez-vous revenir sur la coopération entre le département de la Seine-Saint-Denis et le Sénégal et l’accompagnement que vous comptez apporter dans le cadre de l’organisation des JOJ de 2026 ?

La coopération entre le département de la Seine-Saint-Denis et le Sénégal est riche et diversifiée et s’articule particulièrement autour de la francophonie et des échanges culturels et sportifs. Grâce à l’expérience acquise dans l’organisation des Jeux de Paris 2024, le département de la Seine-Saint-Denis apportera à la municipalité de Dakar toute son expertise pour soutenir et accompagner les préparatifs des Jeux olympiques de la jeunesse. J’ai d’ailleurs signé avec Barthélémy Dias (maire de Dakar, NDLR) une convention de coopération décentralisée qui renforcera nos partenariats et nos actions communes en matière d’environnement, de sport bien sûr, mais également en matière de santé et de culture. Lors de ma rencontre avec Georges Mansaly, président du Conseil départemental de Ziguinchor, nous avons échangé sur les opportunités mutuelles d’une collaboration entre nos deux entités territoriales. Nous avons ainsi identifié un panel de champs d’actions susceptibles de faire l’objet de partenariats comme l'entrepreneuriat, l’égalité femmes-hommes, le leadership féminin, l'agriculture et la protection de l'environnement, la formation des élus, le développement du tourisme, et l'économie sociale et solidaire en soutien à l'industrialisation de la Casamance.

Concrètement, qu’est-ce qui a été fait jusque-là dans le cadre de cette coopération ?

De nombreuses initiatives concrètes ont été mises en place dans le cadre de cette coopération. Par exemple, l'organisation du week-end Dakar 2026 au Parc des Jeux de la Courneuve (département de la Seine-Saint-Denis : NDLR) a été un moment fort de rencontre et de partage, en présence de Madame la ministre des Sports et de la Jeunesse, Khady Diène Gaye. Ce moment s’est clôturé par un magnifique concert de Wally Seck. Une maison du Sénégal, qui promeut la culture sénégalaise, est également présente à l'Africa Station durant les Jeux sur L’Île-Saint-Denis. Ces événements ont permis non seulement de célébrer notre partenariat, mais aussi de renforcer les liens existants entre la Seine-Saint-Denis et le Sénégal.

Quels enjeux des Jeux de Paris 2024 à ceux de Dakar 2026, pour paraphraser le thème de la conférence ?

Les enjeux communs sont multiples et se concentrent principalement sur l'héritage. Il s'agit de développer la pratique sportive et de laisser un legs matériel qui permette aux territoires de se développer durablement. Cet héritage se manifeste à travers la création d'infrastructures durables, la promotion de la pratique du sport à tous les niveaux, et le renforcement de l’attractivité locale. Ces événements uniques sont une occasion de promouvoir des valeurs de solidarité, de diversité et d'inclusion, tout en générant des opportunités économiques et sociales pour les populations locales.

On voit que les collectivités locales sont très bien impliquées dans l'organisation de ces Jeux. Comment se fait la répartition des rôles avec le Comité d'organisation, les services de l'État central, et concrètement, quelles étaient vos sphères de compétences ?

En tant que collectivité hôte et membre du conseil d’organisation de Paris 2024, nous agissons pour permettre un héritage durable pour notre territoire et faire participer un maximum d'habitants à la fête olympique via des sites de célébration et de la billetterie sociale. La répartition des rôles se fait de manière collaborative avec le Comité d'organisation et les services de l'État. Il y a une gouvernance partagée entre des acteurs publics et privés qui permet de mutualiser les moyens et qui est très efficace pour porter des innovations sociales et environnementales. Par exemple, la maquette SOLIDEO a permis de démontrer cette synergie dans la construction des sites olympiques, tandis que la charte sociale portée par B. Thibaud a fixé des objectifs ambitieux sur les clauses sociales et les contrôles des chantiers des JOP (Jeux olympiques et paralympiques, NDLR). Cette collaboration étroite est essentielle pour la réussite de tels événements.

Qu'est-ce que Dakar devrait éviter pour ne pas rater l'organisation de ces Jeux historiques ?

Tout d'abord, il est crucial de maintenir une coordination efficace entre tous les acteurs impliqués, des autorités locales aux partenaires privés. Une planification rigoureuse et une gestion transparente des ressources financières sont également indispensables. Enfin, et c’est là sans doute l’élément le plus important, il faut veiller à ce que les infrastructures construites soient durables afin de garantir un legs matériel qui soit bénéfique pour les habitants et qui se perpétue après les Jeux.

Au-delà des Jeux, qu'est-ce qui lie le département de la Seine-Saint-Denis au Sénégal ?

En dehors des Jeux, plusieurs liens unissent le département de la Seine-Saint-Denis au Sénégal. Les deux territoires ont une population jeune, dynamique et partagent une langue commune qui nous unit. Le français et plus généralement la francophonie facilitent les échanges culturels et les aller-retours dans de nombreux domaines. Nos nombreuses collaborations, qu’elles soient dans l’entrepreneuriat, qu’elles touchent au développement durable ou à l'économie sociale et solidaire, témoignent également de cette relation privilégiée. Ces initiatives favorisent non seulement le développement économique et social, mais aussi le rapprochement des cultures et des peuples.

Peut-on avoir une idée du nombre de Sénégalais qui vivent dans votre département ?

Le département de la Seine-Saint-Denis est un territoire multiculturel qui accueille une communauté sénégalaise significative. Bien qu’il soit difficile de donner un chiffre précis, on estime que plusieurs milliers de Sénégalais résident dans notre département. On a tendance à dire que la diaspora sénégalaise constitue la 12e diaspora de la Seine-Saint-Denis en termes d’importance numérique.

Quelles sont les particularités et ce qui le distingue peut-être des autres départements de la région Île-de-France ?

Le département de la Seine-Saint-Denis se distingue par sa jeunesse et son dynamisme. C'est le département le plus jeune de France, avec une population caractérisée par une grande diversité culturelle. Cette multiculturalité enrichit notre territoire et se reflète dans tous les domaines sociaux. La Seine-Saint-Denis est également un territoire d'innovation sociale et économique, avec de nombreuses entreprises et start-ups qui y prospèrent. Le département est engagé dans des projets ambitieux de développement urbain et durable, visant à améliorer la qualité de vie de ses habitants et à renforcer son attractivité en créant un cadre de vie apaisé et végétalisé. Ce sont toutes ces particularités qui font de la Seine-Saint-Denis un département unique au sein de la région Île-de-France.

MOR AMAR (ENVOYÉ SPÉCIAL À PARIS) 

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