Des éleveurs arrêtés et 11 vaches saisies
Pour éradiquer les accidents mortels sur l’autoroute à péage qui, très souvent, sont provoqués par la divagation du bétail dans l’emprise de cette infrastructure, l’Agence des travaux et de gestion des routes (Ageroute), de concert avec la gendarmerie, a décidé de traquer et sanctionner les propriétaires. D’ailleurs, des éleveurs ont été interpellés mardi dernier et 11 vaches saisies.
Désormais, les éleveurs, bergers ou autres propriétaires des animaux qui divaguent dans l’emprise de l’autoroute à péage, occasionnant souvent des accidents mortels, encourent une sanction pénale. Cette décision intervient, alors que l’accident ayant coûté la vie à l’artiste Papis Mballo du groupe Gelongal est encore frais dans les mémoires. L’Ageroute et la gendarmerie ont décidé de faire appliquer la loi dans toute sa rigueur et de renforcer la surveillance pour faire régner la sécurité sur l’autoroute Aibd-Mbour-Thiès. Depuis sa mise en service, le chef du projet de l’autoroute Aibd-Mbour-Thiès constate, pour s’en désoler, la recrudescence des accidents mortels.
Ainsi, des mesures draconiennes ont été prises hier à Keur Moussa. ‘’Pour la surveillance, nous sommes en train de réfléchir à d’autres dispositifs. Il y en avait. Mais malheureusement, c’est 17 km d’autoroute en service, avec des clôtures de part et d’autre. Ce qui fait environ 34 km de clôture. Mais, il faut les renforcer 24h/24 dans les zones les plus sensibles. Dans les prochains jours, on espère avoir des résultats positifs. Déjà, il y a eu des interpellations. Pas plus tard qu’avant-hier (mardi), des éleveurs ont été interpellés et 11 bœufs ont été saisis dans l’emprise de l’autoroute. La gendarmerie, notamment le peloton autoroutier dédié à la surveillance, est en train de faire son travail’’, a informé Mouhamoudou Moustapha Dème, au sortir de la réunion d’informations sur la divagation du bétail dans l’emprise de l’autoroute à péage.
Celle-ci a réuni hier, à la sous-préfecture de Keur Moussa, éleveurs, chefs de villages, forces de défense et de sécurité, Ageroute, Senac Sa, Eiffage… afin de discuter de la question et trouver des solutions idoines à ce fléau.
Il faut remarquer que cette réunion d’informations sur le sujet n’est pas une première. L’année dernière, une rencontre de ce genre avait réuni les mêmes acteurs et au même endroit. Cette fois, l’Ageroute et la gendarmerie entendent trouver des réponses efficaces aux accidents sur l’autoroute à péage. ‘’Il y a beaucoup d’accidents causés par la divagation des animaux sur l’autoroute’’, a d’abord souligné le chef du projet de l’autoroute Aibd-Mbour-Thiès. Avant d’ajouter qu’ils ont jugé opportun, avec l’appui des autoroutes locales administratives, de tenir une réunion avec les populations, notamment les chefs de villages, les représentants des éleveurs pour les sensibiliser sur dangers liés à la divagation des animaux sur l’autoroute. ‘’C’est une occasion pour leur montrer les ouvrages qui ont été faits pour le passage des éleveurs, des animaux…, de sorte que les gens n’auront pas besoin de traverser l’autoroute en se mettant en danger et mettant en danger les ouvrages de l’autoroute.’’
Aussi espère-t-il que cette année, les messages seront relayés auprès des acteurs, notamment les bergers. ‘’Nous avons mis des grillages de part et d’autre et le long de l’autoroute de telle sorte que les animaux ne puissent pas y accéder. Ensuite, nous avons mis des passages inférieurs pour permettre aux populations de traverser. C’est l’occasion de sensibiliser les gens par rapport à la vandalisation des ouvrages. A cause de cette vandalisation, il y a eu cette divagation qui, à son tour, est à l’origine des accidents mortels. Les dernières qui sont prises, c’est de déférer tous les vandales ou tous ceux qui laisseront les animaux en divagation dans l’emprise de l’autoroute. Nous allons continuer à réparer les brèches, continuer à les sensibiliser et au besoin, sanctionner’’, a poursuivi Mouhamoudou Moustapha Dème.
De son côté, le responsable des opérations de l’Ageroute rappelle que le fait de ‘’vandaliser les clôtures de l’autoroute est un crime’’, parce qu’un bœuf qui la traverse peut occasionner mort d’homme. C’est pourquoi, soutient-il, les sanctions doivent être appliquées en fonction du ‘’niveau des dégâts causés’’. ‘’Nous avons même évoqué l’âge qu’un accompagnant de troupeau devrait avoir. On a parlé de 15 ans minimum pour accompagner le troupeau. De l’autre côté aussi, exhorter les gens à ne pas utiliser les bretelles, parce qu’elles ne sont pas fermées. Nous pensons que les décisions prises vont peut-être participer à l’éradication des accidents ou à défaut, les estomper’’, espère Abdoulaye Thiam.
Tolérance zéro
Pour mettre fin aux nombreux accidents mortels le long de l’autoroute à péage, la gendarmerie siffle la fin de la récréation en décrétant la tolérance zéro. Les éleveurs et les bergers dont les animaux sont appréhendés sur l’autoroute peuvent être déférés à tout moment. ‘’Le ou les responsables doivent désormais veiller sur leurs troupeaux, s’ils ne veulent pas avoir des démêlées avec la Justice. On ne peut plus tolérer la divagation des animaux sur l’autoroute à péage. Et on ne le tolèrera plus jamais. Si le troupeau d’une personne provoque un accident sur l’autoroute à péage, elle sera sanctionnée. De même que ceux ou celles qui vont essayer de traverser l’autoroute ou encore couper les grillages pour permettre aux troupeaux de traverser. C’est fini la tolérance’’, a fulminé l’adjudant-chef Coumakh Senghor. Poursuivant, le commandant du peloton autoroutier Aibd- Mbour-Thiès prévient : ‘’Désormais, si on prend des bêtes, les propriétaires seront déférés et même si on prend quelqu’un en train de traverser à pied, ce dernier sera aussi déféré.’’
Pour ce qui est des mineurs et jeunes éleveurs, l’adjudant-chef Coumakh Senghor précise qu’ils seront ‘’retenus jusqu’à l’arrivée du père ou du propriétaire du troupeau qui, à son tour, sera déféré’’. Ce faisant, il a invité chaque acteur à apporter des éléments concrets pour mettre un terme à l’insécurité qui règne sur l’autoroute à péage. Une thèse corroborée par le sous-préfet de l’arrondissement de Keur Moussa, Makhtar Mbengue qui, pour sa part, demande à la gendarmerie de ne pas hésiter à appliquer la loi dans ‘’toute sa rigueur’’ pour sauver des vies sur l’autoroute à péage.
GAUSTIN DIATTA (THIÈS)