Publié le 16 May 2018 - 15:24
AFFRONTEMENTS MEURTRIERS A L’UGB

Fallou Sène ‘‘rejoint’’ Bassirou Faye

 

La journée d’hier a été chaude à l’Université Gaston Berger de Saint-Louis. La sempiternelle question du paiement des bourses y a connu un dénouement fatal pour l’étudiant Mohamed Fallou Sène, mort suite à des échauffourées avec la gendarmerie.

 

L’université sénégalaise renoue avec la violence meurtrière. Après la mort de Bassirou Faye en août 2014, à l'Université de Dakar, le drame frappe la communauté estudiantine. Cette fois-ci, c’est l’Université Gaston Berger de Saint-Louis (UGB) qui paie un tribut à l’intervention policière, de la gendarmerie précisément, dans le campus universitaire.  Mohamed Fallou Sène, natif de Diourbel, étudiant en 2e année, est mort suite aux échauffourées avec les forces de l’ordre. C’est d’autant plus l’émoi et la consternation que le défunt étudiant de 26 ans, marié et père d’un enfant, avait célébré son anniversaire la veille, avec ses camarades, après avoir participé à l’Assemblée générale tenue dans la nuit au Tour de l’œuf. Potache à la section Français de l’UFR Lettres et Sciences, il a été atteint par balle au bas ventre à la suite des affrontements avec la maréchaussée dans le campus social. 

Durant cette Assemblée générale d’ailleurs, la Coordination des Etudiants de Saint-Louis avait alors décrété 48 heures de cessation de cours pour dénoncer le ‘‘non-respect’’ des engagements des autorités universitaires quant au paiement des bourses du mois d'avril. Les étudiants ont eu à dénoncer les difficultés que rencontrent certains d’entre eux dans la perception de leurs bourses sur la plateforme Wiz'all. Le manque de fonds persistant, les étudiants ont alors instauré les ‘‘journées sans tickets’’ communément appelées ‘‘Ngénté tubaab’’ pour s’alimenter dans les restaurants universitaires. Le Recteur, Pr Baydallaye Kane, avait sorti une note d’information dans laquelle il rappelait qu’il ne tolérerait plus ces ‘‘journées’’ et que ‘‘toutes les dispositions nécessaires’’ seraient prises pour y mettre fin. En réaction, les étudiants ont décidé d’aller occuper hier matin la Route nationale 2 (RN2). Mais à leur grande surprise les gendarmes ont envahi très tôt le campus social.

Huit heures à l’UGB : les affrontements entre gendarmes et étudiants tournent au drame

 Les ‘‘Sanariens’’  (l’Université se trouve à Sanar) lancent des pierres et les gendarmes répondent par des jets de grenades lacrymogènes. Il s’en est suivi une véritable intifada. Durant trente minutes, les deux camps s’affrontent. Des blessés sont notés du côté des étudiants. Ils sont évacués d’urgence au centre médico-social du Centre régional des Œuvres Universitaires de Saint-Louis. Parmi les victimes, un blessé grave du nom de Fallou Sène. Il est vite évacué au Centre hospitalier régional à bord d’une ambulance qui roule à vive allure. Il est interné aux urgences. Mais les hommes à blouse blanche constatent sa mort et le corps sans vie est acheminé à la morgue. Les blessés viennent un à un. Plus de 20 étudiants et gendarmes sont admis aux soins. L’hôpital est vite débordé. Les autorités administratives et académiques tentent de verrouiller l’information. A l’hôpital, on refuse de confirmer la mort de Fallou Sène.

L’établissement sanitaire régional est pris d’assaut et le gouverneur adjoint, accompagné du préfet, du capitaine de la gendarmerie, du commissaire central et des membres du SAES viennent aux nouvelles. Le décès  est confirmé par les autorités, le ministre de l’Intérieur Aly Ngouille Ndiaye, en l’occurrence. De sources sûres, l’étudiant a été atteint au bas-ventre par balle. A l’hôpital, ses camarades qui ont envahi les lieux veulent rentrer de force dans la morgue. Des éléments du GMI interviennent et c’est la ville de Saint-Louis qui est quadrillée. Les limiers prennent position à la montée comme à la descente du Pont Faidherbe, devant la Gouvernance et la maison du Recteur, Pr Baydallaye Kane.

Les enseignants du SAES parlent d’une attaque à la dignité universitaire

A l’hôpital de Saint-Louis, les enseignants venus aux nouvelles ont exprimé leur tristesse et leur consternation. Le Secrétaire général du Syndicat Autonome des Enseignants du Sénégal section UGB, Patrice Corréa, a fait face à la presse pour exprimer leur courroux.  ‘‘Nous avons appris avec beaucoup de tristesse et de consternation la disparition d’un de nos étudiants qui se nomme Mohamed Fallou Sène, à la suite d’affrontements qui ont opposé les étudiants et les forces de l’ordre dans le campus social de l’UGB. C’est juste inadmissible. Ce n’est pas possible. Encore une vie humaine qui tombe dans un campus social, dans une université au Sénégal en 2018. C’est pour nous une blessure que les mots ne peuvent pas traduire. C’est une attaque à notre dignité profonde. Un étudiant, c’est un humain, un enfant. C’est l’espoir du pays  et de ses parents. Le SAES va continuer la lutte pour la dignité de l’humain, de l’universitaire quel qu’il soit’’,  a-t-il dit.

Un bus de l’Olac brûlé, le Crous, le Rectorat, et la maison du ministre Mary Teuw Niane à Ngallèle saccagés

A peine sont-ils sortis du campus social que les étudiants ont décidé de se rendre à la maison du ministre de l’Enseignement supérieur de la Recherche et de I ’innovation, Pr Mary Teuw Niane, mais en cours de route, ils ont fait un crochet au siège de l’Office des Lacs et Cours d’Eau (Olac) en saccageant un bus et une enseigne lumineuse. Après ce forfait, les étudiants ont fait cap à Ngallèle où se trouve la demeure de Mary Teuw Niane. Ils ont saccagé la concession.

 Auparavant, les étudiants se sont rendus à la direction du Crous. Rien n’a été épargné. Bureaux défoncés, ordinateurs emportés et saccagés. La situation est la même au Rectorat où tout a été détruit. Touchés, désemparés, les étudiants ont demandé le départ de la tête de l’UGB du recteur Pr Baydallaye Kane qui, à leurs yeux, a levé les franchises universitaires. Aussi la Coordination des Etudiants réclame-t-elle la lumière totale sur ce drame et la démission du ministre de l’Enseignement supérieur et celui de l’Economie, des Finances et du Plan.

FARA SYLLA (SAINT-LOUIS)

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