Publié le 2 Dec 2014 - 01:27
BAISSE DU PRIX DU CARBURANT

Les autorités jouent la montre

 

Suite à la baisse notée sur le prix du baril de pétrole à l’international, le Sénégal tarde toujours à appliquer une baisse sur le prix du carburant à la pompe. Cette baisse ne sera pas immédiate. Selon le ministre de l’Energie et du Développement des énergies renouvelables, il n’y a pas de corrélation parfaite entre le prix du pétrole brut et le carburant à la pompe. D’ici la fin de l’année, le système qui est sur place sera évalué et si ‘’on doit baisser, nous allons le faire’’.

 

Le prix du baril de pétrole a, depuis quelques semaines, considérablement baissé sur le plan international. Depuis que cette baisse jamais égalée a été observée, le prix du carburant tarde à suivre cette dynamique. Qu’est-ce que le Sénégal attend pour faire baisser le prix du carburant ? s’est demandé hier le député Samba Bathily, à l’occasion du vote du budget du ministère de l’Energie. Le parlementaire considère que le gouvernement doit tenir, dans les plus brefs délais, une réunion pour faire baisser le prix des hydrocarbures. Ces dernières années, le prix du carburant n’a pas connu une hausse au Sénégal, a toutefois rappelé le député Cheikh Seck. Mais, à la suite de la ‘’baisse du prix du baril du pétrole de près de 30% au niveau international’’, il a également demandé aux autorités de baisser le prix du carburant.

Cette baisse du prix du carburant, le syndicat des travailleurs des transports routiers, dirigé par Gora Khouma, la réclame depuis quelques semaines. Il ressort de leur dernière rencontre avec le ministère des Transports routiers et du Désenclavement, qu’une commission se charge d’étudier ‘’sa faisabilité’’. ‘’Ne faudrait-il pas augmenter la marge de distribution des hydrocarbures et par ricochet, faire baisser le prix du carburant à la pompe ?’’ a ajouté le député Awa Dia Thiam. Même rengaine pour le député Cheikh Oumar Sy qui a proposé cette baisse pour ‘’impulser notre économie’’. Selon lui, elle sera profitable aux populations et aux PME-PMI. Le député Aïda Mbodj de souligner qu’à chaque fois que le prix du pétrole a connu une hausse à l’international, le Sénégal a augmenté le prix du carburant.

Il se trouve également que la baisse sur le prix du carburant était un engagement du président de la République. ‘’Tous les engagements qui ont été pris par le président seront respectés’’, a affirmé le ministre de l’Energie Maïmouna Ndoye Seck. Mais, a-t-elle poursuivi, les populations avaient demandé la stabilisation des prix, ce qui a été fait depuis 2012. ‘’C’est un système qui est là avec ses avantages et ses inconvénients’’, a-t-elle souligné. Toutefois, elle promet d’’’évaluer d’ici la fin de l’année le système’’. ‘’Nous allons au besoin voir si toutes les baisses seront répertoriées. On y travaille, et si on doit baisser, nous allons le faire’’, a laissé entendre le ministre.

Pour le ministre délégué chargé du Budget, il ‘’faut faire attention entre le prix du baril du pétrole brut et celui du pétrole raffiné. Selon Birima Mangara, l’impact d’une baisse sur le pétrole ne peut pas être le même avec celui du raffiné. Autre considération qu’il faut prendre en compte, renchérit M. Mangara, est qu’il faut ‘’s’assurer que le prix du baril est structurel et non conjoncturel’’. Cela permet, poursuit-il, ‘’d’éviter de défaire son socle de mobilisation de ressources internes et fausser les projections de plusieurs gestions successives’’. ‘’Si on a toutes les assurances qu’une baisse du prix à la pompe ne menace pas notre équilibre, nous pourrons envisager la baisse du prix à la pompe’’, a soutenu Birima Mangara.

60% d’électrification rurale en fin 2016

Outre la baisse du prix du carburant, les parlementaires ont fait un plaidoyer pour l’électrification rurale. Le taux d’électrification rurale est aujourd’hui estimé à 23%, là où au niveau national, la moyenne est de 54%. Ce déséquilibre sera pris en compte par la lettre de politique de développement du secteur de l’énergie. Le projet accès universel à l’électricité fait partie des projets phares du PSE. Cependant, ce programme a pour ‘’objectif intermédiaire’’, explique la ministre de l’Energie et du Développement des énergies renouvelables, de ramener le taux d’électrification rurale à 60% à la fin de l’année 2016. L’objectif final étant d’atteindre un taux d’accès universel. Un programme estimé à 99 milliards de F Cfa. Et pour chaque département, il est prévu un taux d’accès de 30%.

Baisse du prix de l’électricité

La cherté des prix des factures d’électricité reste une préoccupation pour les parlementaires. ‘’Les factures restent toujours salées’’, déplore Samba Bathily. Elles sont même ‘’exorbitantes’’, ajoute sa collègue Awa Dia Thiam. ‘’Est-ce que vous ne pensez pas à une privatisation de la Senelec, si elle n’arrive plus à assurer la fourniture en électricité ?’’ a demandé Samba Bathily. Les charges de la société nationale d’électricité sont très lourdes, reconnaît Me El hadj Diouf.

Pour cela, il demande à l’Etat de doter la Senelec de moyens suffisants. Cela permettra de réduire les factures d’électricité, qui, dit-il, restent encore élevées. ‘’Les factures sont chères’’, reconnaît le ministre. Mais cela est lié au coût de la production qui reste toujours cher. Et si ce n’était, dit-elle, la subvention que l’Etat alloue à la Senelec, ce serait encore plus grave. ‘’Toutes les dispositions sont en train d’être prises pour baisser les coûts de production, ce qui nous permettra de supprimer la subvention de l’électricité qui est de 30% et ensuite baisser le prix’’, promet-elle. 

ALIOU NGAMBY NDIAYE