Pour les élections locales de janvier 2022, Barthélemy Dias va briguer les suffrages des Dakarois. Il a annoncé hier sa candidature au cours d’une conférence de presse. Il a profité de l’occasion s’en prendre au régime actuel qu’il accuse de tout faire pour asphyxier la commune de Mermoz/Sacré-Cœur qu’il dirige et qui a perdu plus de 1,5 milliard F CFA de recettes fiscales les deux dernières années.

Pour faire face à ce qu’il appelle une agression injustifiée de la population de Dakar, Barthélemy Dias ira à l’assaut de la mairie de la capitale. Il a annoncé hier, face à la presse, sa candidature. ‘’Nous sommes candidat à la mairie de Dakar. C’est notre droit le plus légitime. Si on pense que c’est à travers des actes de cette nature qu’on va nous affaiblir, c’est peine perdue. Il semble que la Cour des comptes fouille notre commune, 12 ans après notre arrivée. Mais je leur souhaite la bienvenue. Je lui souhaite de faire son travail et de rendre ses conclusions dans les plus brefs délais. Elle a été à la mairie de Dakar, à la veille d’une élection présidentielle et la suite, vous la connaissez. Mais je le dis ici et tout de suite : personne ne peut m’empêcher d’être candidat à la mairie de Dakar’’, a juré l’édile de Mermoz/Sacré-Cœur.

Il dénonce cette façon de faire de la politique du parti au pouvoir. ‘’Faites ce que vous devez faire. Je vous dis qu’il n’y aura pas de deuxième vague, mais point de non-retour, parce que les gens en ont marre. Votre intimidation ne passera pas. Que ce soit le tribunal ou la Cour des comptes, faites tout ce que vous voulez, mais je serai candidat à la maire de Dakar’’, n’a-t-il eu de cesse de répéter.

Concernant le débat sur la suppression de la ville de Dakar, il soutient mordicus qu’elle doit continuer d’exister parce qu’ayant son rôle à jouer. Il trouve certaines incohérences dans les nouveaux textes. Ainsi, il dit ne pas comprendre qu’on ait d’abord décidé de ne plus verser certaines recettes à la ville, mais aux communes et qu’on décidé, ensuite, sans aucune concertation et évaluation de l’acte 3 de la décentralisation, par une loi 2019-12, du 8 juillet 2019, que certaines recettes qui étaient attribuées aux communes retournent à la ville. Il y a sérieusement un problème, affirme-t-il.

‘’Je le répète, on ne peut pas se lever et subitement dire à la commune Mermoz/Sacré-Cœur qu’elle ne disposera plus de sa taxe sur les ordures ménagères (Tom). Si elle ne doit plus disposer de cette taxe, je rappelle au président de la République que ce n’est pas la mairie de Dakar qui nettoie la commune de Mermoz/Sacré-Cœur. Il faut qu’on se comprenne. Vous ne pouvez pas être le président de la République, retirer la Tom à Khalifa Ababacar Sall, créer l’UCG et aujourd’hui, vous décidez de reprendre la Tom et la retourner à la ville de Dakar. Je rappelle que la Tom pour Mermoz/Sacré-Cœur est chiffrée à plus de 200 millions F CFA. Celle sur le foncier bâti a été retirée à la commune de Mermoz/Sacré-Cœur, parce qu’il semble qu’on est dans une dynamique de combattre des hommes’’, déballe-t-il.

Cela ne servira à rien du tout, car pour y arriver, selon lui, il faut une capacité intellectuelle et du courage. ‘’Quand on est incapable de ça, c’est peine perdue. J’ai souhaité élever la voix, parce que je ne veux pas que ce tort soit commis à l’endroit de la population. Ce qui risque d’être le cas. Il semble qu’on a voulu faire disparaitre la ville de Dakar, mais il semble que si tel était le cas, les 19 communes allaient rester. Qu’on ne doit pas nous forcer comme objectif qui consiste à dire qui perd où gagne Dakar perd ou gagne la Présidentielle. Il semblerait qu’ils ont trouvé une astuce qui consiste à faire disparaitre Dakar au profit de deux ou trois grandes communes. Je préfère ne pas polémiquer là-dessus. Je préfère le dire ici et maintenant que Dakar ne disparaitra pas’’, promet-il.

Il a lancé un appel et un message surtout à l’endroit de l’opposition car, d’après Dias fils, elle ne peut pas être complétement muette, quand on parle du pétrole, du gaz, du zircon, du non-respect du calendrier républicain. ‘’Je souhaiterais interpeller cette opposition, avec tous ses leaders sans exception, qui se réveillent à Dakar, pour leur dire que Dakar ne peut disparaitre qu’avec la complicité de l’opposition. Je suis très ferme là-dessus, parce qu’il n’est pas normal de laisser certaines personnes s’emmurer dans un silence total et de laisser le président Macky Sall continuer à dérouler. Il n’en est pas question. Les choses seront mises à l’endroit et les points sur les i. Dakar ne disparaitra pas. C’est parce qu’on est incapable d’être capable de gagner Dakar qu’on considère qu’on doit la faire disparaitre. Ils n’ont qu’à faire pour l’instant ce qu’ils sont en train de faire à Bambilor, dans d’autres départements du Sénégal, mais Dakar ne disparaitra pas’’, renchérit-il.

Dans la foulée, il a rappelé que Dakar est plus ancienne que la République du Sénégal, avec un siècle de plus que l’Etat du Sénégal, car on y vote depuis 1872. ‘’La communauté léboue est interpellée. Le silence de certaines autorités de ce pays va cesser, parce que qui ne dit rien consent et qui est consentant est complice. Aujourd’hui, on est en train d’asphyxier la plupart des communes de Dakar. Demandez aux maires de Dakar s’ils ont reçu ou non leur foncier bâti et leur Tom pour 2020. Il n’y a aucun maire qui vote un budget, mais des projets de budget. Cela veut dire que nous votons ces derniers que nous envoyons aux représentants de l’Etat que sont les sous-préfets. Ces derniers vérifient si cela est conforme avec la loi ou non. Une fois qu’ils approuvent ce projet de budget, il devient un budget’’, poursuit-il.

Selon M. Dias, pour 2020, l’Etat doit à la commune de Mermoz/Sacré-Cœur la somme de 687,152 millions F CFA, parce qu’on cherche à ‘’asphyxier’’ Barthélemy Dias. ‘’Nous sommes en train de montrer ce que nous sommes capables de faire avec l’acte 3 de la décentralisation et on veut nous priver de ces recettes. Vous verrez que la même chose se passe, presque dans toutes les communes de Dakar sans aucune concertation, sans aucune démarche inclusive, sans échange. Il y a des taxes qui sont recouvrées dans notre commune pour les envoyer à d’autres. Ce que nous dénonçons. Il faut que l’Etat arrête cette méchanceté. Car c’est de cela qu’il s’agit. A cause de cette situation, je suis au regret de vous dire que nous ne sommes plus dans les dispositions d’offrir des bourses universitaires’’, annonce-t-il.

Il n’empêche, il est prévu certains chantiers dans cette commune.

Un montant de 1,6 milliard F CFA perdu dans sa commune en guise de recettes en deux ans

En outre, poursuit ce soutien de Khalifa Ababacar Sall, la commune de Mermoz/Sacré-Cœur a perdu presque 700 millions F CFA en 2020 et en 2021, les pertes sont estimées à moins de 900 millions. En l’espace de deux ans, selon lui, l’Etat les a privés presque d’un milliard six cents millions F CFA de recettes.

CHEIKH THIAM