Un monde fou. C’est ce qui a accompagné Yékini tout au long de sa caravane. De Mbour, à Fadiouth en passant par Ngazobil, Warang, Mbodiène entre autres. Un comité d’accueil était à chaque fois en place pour dérouler le tapis rouge à son lutteur, malgré la défaite essuyée. Pour la première fois depuis qu’il fait ses caravanes, Yékini a traversé le pont de Fadiouth, fief de Manga 2. La traversée fut royale. Au lieu de marcher sur le pont, il a traversé avec une pirogue. Dans laquelle était installée une chaise royale. Yékini, avec un tee-shirt sur lequel était écrit "Khalif général", était accompagné par Robert Diouf et son entraîneur Amadou Katy Diop. Dans les autres pirogues, des hommes, un pagne traditionnel noué autour de l’épaule, anciens lutteurs, dansaient et chantaient accompagnés des tam-tams. A Fadiouth, le comité d’accueil était déjà sur place. Des pagnes traditionnels étaient étalés tout au long du chemin menant sur la place publique du village. De vieilles femmes, habillées de la même façon, dansaient et chantaient, comme cela se faisait au temps de la royauté. Arrivé sur place Yékini s’assoit sur la chaise royale, des femmes se servent de pagnes pour le ventiler. Les dignitaires du village ont chacun apporté un témoignage. Chacun a voulu serrer la main à Yékini et lui réitérer toute sa confiance.

Avant d’arriver à Fadiouth, Yékini a versé quelques larmes quand il est arrivé à hauteur de Robert Diouf, qui a pleuré dès que Yékini l’a pris dans ses bras. A Joal, le sujet de conversation favori était la traîtrise de Manga 2. Sur des banderoles, il était inscrit, ‘’Manga 2 le traître, bëgul dara ludul xaalis (il n’aime que l’argent)’’. Très remontés contre lui, les habitants de la commune de Joal-Fadiouth promettent de lui faire sa fête. Il est ainsi devenu persona non grata chez lui.

Après avoir fait le tour de la commune, Yékini s’est retrouvé chez sa mère, avec qui il s’est enfermé un bon bout de temps.

KHADY FAYE (Envoyée spéciale à Joal)