Publié le 24 Dec 2013 - 12:03
CLOTURE DE LA 119EME EDITION DU MAGAL DE TOUBA

Le Khalife des mourides sermonne la classe politique

 

Le Khalife général des mourides s’est levé hier contre le vent de crispation qui s’est emparé de la classe politique engluée dans des querelles permanentes. Un discours fort.

 

La classe politique en a pris pour son grade, hier. Le Khalife général des mourides a saisi l’occasion de la cérémonie officielle du Magal de Touba, pour leur adresser un sermon très critique. Il n'a épargné ni les tenants du pouvoir, ni l'opposition.

''Il faut travailler ensemble pour améliorer les conditions des Sénégalais, au lieu de verser dans des chamailleries inutiles'', a déclaré en substance le Khalife, dans un discours lu par son porte-parole Serigne Bass Abdou Khadre Mbacké. Les querelles de bas étage et les propos puérils ne peuvent que desservir le pays, selon le Khalife des mourides.

Serigne Cheikh Sidy Moctar Mbacké, en rappelant les préceptes de l’islam, a insisté sur la nécessité, pour les croyants musulmans, de veiller à l’union des cœurs et de la Umma, de travailler pour l’islam et pour l’émergence de sociétés musulmanes puissantes.

''Débarrasser Touba des activités qui ne l’honorent pas''

C’est ainsi que le Khalife a demandé aux autorités religieuses de jouer pleinement leur rôle, en veillant à la cohésion sociale. Aux talibés, il a demandé le respect dû aux autorités religieuses. Il les a également exhortés à développer le culte du travail et de l’entraide, pour enclencher le développement dont le pays a besoin.

Par ailleurs, Serigne Cheikh Sidy Moctar s’est aussi prononcé sur les activités illicites au Sénégal, mais surtout dans la ville de Touba. ''L’usage de la cigarette, de l’alcool, des stupéfiants, de la musique, des cartes et autres activités de mondanité gagne du terrain dans la sainte ville, d’où l’appel que je lance à la gendarmerie qui doit débarrasser Touba de ces activités qui ne l’honorent pas'', a dit le Khalife.

Appel à un dialogue politique et social franc

Après avoir sermonné la classe politique et listé les maux qui gangrènent le pays et Touba, Serigne Cheikh Sidy Moctar a appelé le gouvernement à instaurer un dialogue politique franc. Soulignant que le gouvernement doit travailler à améliorer les conditions de vie des Sénégalais, le Khalife des mourides a demandé avec insistance la tenue rapide de cette concertation avec l’opposition, ainsi que toutes les forces vives de la Nation.

La décrispation du climat social a également été évoquée dans le discours. Sur ce registre, il a été demandé la création d’un cadre qui permettrait aux travailleurs qui se sentent victimes d’injustice et/ou de frustration de trouver des solutions à leurs complaintes, en interne. Le  Khalife demande de privilégier le dialogue, au lieu d’investir l’espace public pour  vilipender les gens.

Les étudiants ont aussi été interpellés dans le discours de Cheikh Sidy Moctar qui leur demande de se consacrer avec sérieux à leurs études avec, bien entendu, un appui soutenu de l’État. Interpellée sur l’appel du Khalife, à la fin de la cérémonie officielle du Magal, la députée libérale et Maire de Bambey Aida Mbodj s’est dite partante.

Elle a précisé cependant que l’organisation de ce débat est une prérogative exclusive du président Macky Sall qui doit en créer les conditions idoines. ''Il faudra dépasser les envies, les méchancetés et mettre en avant la bonne foi, pour que ce dialogue puisse aboutir'', a déclaré le ministre conseiller Arona Ndoffène Diouf.

Rappelant l’existence d’un cadre de dialogue, avec l’acte III de la décentralisation, Alioune Badara Cissé a suggéré au gouvernement de veiller sur la manière de convoquer les gens, surtout ceux de l’opposition. ''La convocation a été biaisée et l’opposition l’a d’ailleurs fait savoir. Il faut éviter ce genre de situation et organiser des discussions franches'', a déclaré l’ancien lieutenant de Macky Sall, aujourd’hui en disgrâce dans le parti.  

REACTIONS

Modou Diagne Fada, Président du groupe parlementaire libéral

''C’est Macky Sall qui est le maître du jeu''

Le Pds a toujours été un parti de dialogue. Dans l’opposition, il a toujours déclaré qu’il n’allait pas gouverner seul. Pour la paix et la stabilité dans ce pays, il a été amené à entrer à deux reprises dans le gouvernement d’Abdou Diouf.

Nous avons été renvoyés dans l’opposition par le peuple sénégalais (chose que nous avons acceptée), nous sommes en train de jouer notre rôle. Je rappelle simplement que nous avons toujours été pour le dialogue et pour la concorde.

Mais bien entendu le Pds n’est pas le maître du jeu, même s’il reste le principal parti du Sénégal. C’est le chef de l’État qui est le maître du jeu, en ce qui concerne le dialogue politique.

Nous sommes pour un dialogue franc, un dialogue sincère, un dialogue inclusif, un dialogue qui va discuter de l’ensemble des problèmes auxquels le pays est confronté, notamment la concorde nationale, la crise casamançaise, les inondations, l’emploi des jeunes, la crise de l’école, la crise au niveau de la santé.

En fait, une discussion qui tourne autour de l’ensemble des secteurs qui déterminent la vie économique et sociale, nous sommes preneurs.

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