Mariama Baldé a ébouillanté sa voisine
Le Tribunal de Grande Instance de Kolda a condamné, hier, la dame Mariama Baldé, âgée de 38 ans et mère de 7 enfants, à passer un an à la prison. Elle a été reconnue coupable de coups mortels sur Fatoumata Baldé.
« C’est moi qui lui ai versé de l’eau chaude. J’ai mûri l’idée de l’attaquer le matin de bonne heure, puisqu’elle traverse notre maison pour aller puiser de l’eau au puits. Ce matin-là, lorsqu’elle est passée, j’ai mis de l’eau à bouillir dans la marmite destinée à préparer le petit-déjeuner. A son retour, je l’ai surprise en lui versant de l’eau chaude sur le corps », a avoué Mariama Baldé devant les enquêteurs. Jugée, le 22 mai dernier devant le Tribunal de Grande Instance de Kolda, la prévenue était revenue sur ses aveux, confiant aux juges qu’elle n’avait rien planifié, et n’avait pas l’intention de tuer Fatoumata Baldé. Ensuite, elle a demandé pardon aux juges. « Je regrette énormément mon acte », a-t-elle imploré. Avant que le procureur ne se rapporte à la décision du tribunal.
Hier, à l’annonce de la peine de 2 ans dont 1 an de prison ferme prononcée contre elle, Mariama Baldé a fondu en larmes, comme pour regretter son geste qu’elle a expliqué plus tôt. Devant la barre, elle a expliqué qu’elle était ivre de rage, à la suite d’une dispute avec la défunte. Les faits se sont déroulés le 05 octobre 2017, à Médina Moctar, une localité située dans la commune de Saré Bidji, département de Kolda. « Ce jour-là, nos enfants se sont disputés. Par la suite, la défunte et moi avons pris le relais en nous bagarrant. Les voisins ont réussi à nous séparer ». Pour faire revenir la paix entre ces deux voisines, le chef du village et les notables ont organisé une rencontre à laquelle les deux antagonistes ont pris part. Le chef de village les a sermonnées, avant de les inviter à se pardonner, en tant que musulmanes.
Absence de soins
Mais la médiation n’a pas calmé Mariama Baldé qui a continué à vouer une haine tenace à sa voisine, jusqu’au jour fatidique. Toutefois, après l’avoir ébouillantée, la victime n’a pas succombé tout de suite. Elle a rendu l’âme au bout de plusieurs jours de souffrances. En effet, elle a été évacuée au poste de santé de Saré Kémo, un quartier périphérique de la commune de Kolda. Seulement, en l’absence de l’infirmière chef de poste, retenue ailleurs pour les besoins du service, la patiente n’a pas reçu les soins adéquats. Ensuite, Fatoumata Baldé n’a pas respecté le rendez-vous médical fixé 48 heures plus tard.
Vu les douleurs persistantes, la victime a cette fois-ci été conduite au district sanitaire de Kolda, le 23 octobre, dans la matinée. Elle y est retournée, le 28 octobre pour être libérée le même jour. Finalement, elle a succombé à ses blessures, dans l’après-midi, à son domicile. Les liens de parenté aidant, les habitants du village de Médina Moctar ont masqué l’affaire et procédé à son inhumation, le lendemain 29 octobre, au cimetière dudit village, sans aviser les autorités. Mais quelques jours plus tard, un habitant du village a saisi la gendarmerie de Kolda, par téléphone, pour les informer du drame. Les pandores ont arrêté la dame, le 20 novembre 2017. Déférée au Parquet de Kolda, elle a été placée sous mandat de dépôt pour les faits d’assassinat requalifiés en coups mortels.
EMMANUEL BOUBA YANGA (KOLDA)