Publié le 27 Feb 2025 - 12:27
CRIMINALISATION DE L'ACTIVITÉ DE PRESSE

Le Cdeps et l’Appel dénoncent

 

Hier, le Conseil des diffuseurs et éditeurs de presse du Sénégal (Cdeps) et l'Association des éditeurs et professionnels de la presse en ligne (Appel) par la voie de leurs présidents,  Mamadou Ibra Kâne et Ibrahima Lissa Faye, ont  réagi à la suite de la décision du ministre de la Communication d’activer les services de la Direction de la Surveillance du territoire (DST) et de la Division spéciale de la cybercriminalité (DSC) pour une application stricte des mesures de régulation des médias.

Dans un communiqué conjoint reçu à ‘’EnQuête’’, ils dénoncent une volonté de  criminaliser ‘’l’activité de presse’’. Scandalisés par les ‘’errements’’ de leur ministre de tutelle, ils ont affirmé qu’il ‘’viole allègrement la Constitution et le Code de la presse’’. 

 ¨Par deux fois, lors de la publication de la première liste de médias ‘reconnus’ et de la seconde liste de médias conformes, le processus a été entaché d'irrégularités, d'omissions et de failles techniques avouées par le ministère lui-même, expliquent-ils.  Ainsi, si la deuxième liste est effectivement définitive, qu'est-ce qui empêche le ministre de la matérialiser par un arrêté ministériel ?’’, s’interrogent-ils. 

Cette situation plonge le secteur dans une incertitude totale.  Aussi, ces erreurs notées compromettent-elles la crédibilité de ce processus, surtout que les acteurs des médias et la Commission d'examen et de validation des entreprises de presse ont déjà signalé ces incohérences.

Outre les erreurs mentionnées par le Cdeps et l’Appel, ils ont rappelé la question de la régulation et de la professionnalisation du secteur qui a toujours préoccupé les organisations de presse. D’où la création de la Coordination des associations de presse (Cap) en 2016, rappellent-ils, et les travaux sur les assises nationales des médias, entre autres actions.

Ainsi, le ministre de la Communication est accusé de mépriser les acteurs des médias et de prendre des décisions unilatérales. Selon le Cdeps et l'Appel, il a ignoré les recommandations issues des assises nationales des médias et n’a donné aucune suite aux conclusions qui lui ont été transmises. 

Toujours selon le communiqué, le Cdeps et l’Appel ont maintenu ¨qu’ils comptent se donner tous les moyens légaux pour freiner ce ministre qui est comme un éléphant dans un magasin de porcelaine¨. Face à ses manquements, ils ont lancé un appel au président de la République ainsi qu’au Premier ministre afin qu’ils interviennent pour freiner ce qu'ils qualifient de "dérives" et de ‘’tensions permanentes’’ pour la presse.   Ils affirment : ¨Depuis que le chef de l'État, Bassirou Diomaye Faye a donné ​ des instructions au gouvernement, en Conseil des ministres du 13 août 2024, pour un ‘dialogue rénové’ avec les acteurs des médias, aucun acte n'a été ​ posé.¨

Ils vont plus loin en affirmant que le ¨pire¨ a été que le ministre de la Communication a snobé les acteurs, tout en déroulant son agenda en solo. ¨Depuis que les conclusions des assises lui ont été transmises, il n'y a eu aucune suite, alors que nous attendons que les plus hautes autorités soient imprégnées des recommandations qui constituent une thérapie de choc pour un secteur en profonde crise, ont-ils déploré. 

Pour finir, le Cdeps et l’Appel ont souligné que ¨le secteur des médias connaît une crise sans précédent, aggravée par le ministre de la Communication, avec comme corollaire des entreprises de presse en situation de faillite et des licenciements des travailleurs plongés dans la précarité".

 

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