Publié le 26 Sep 2022 - 19:23
DIVORCE ENTRE MACKY SALL ET SON EX “LIEUTENANTE’’

La question du troisième mandat est à l’origine, selon Mimi Touré

 

L’ex-lieutenante de Macky Sall revient à la charge, sans mâcher ses mots. Aminata Touré a indiqué que sa position sur la question du troisième mandat est la véritable raison de sa discorde avec Benno Bokk Yaakaar. Ainsi, selon ses dires, c’est pour cela que le président Sall ne l’a pas choisie comme présidente de l’Assemblée nationale, alors qu’ils avaient un accord.

 

Quelle est la véritable raison du divorce entre Macky Sall et son ancienne directrice de campagne Aminata Touré ? Cette histoire a fait couler beaucoup d'encre et de salive.  D’aucuns estiment qu’elle a été trahie par Macky Sall. D’autres, par contre, trouvent qu’elle est trop présomptueuse. ‘’Maman Africa’’ est encore sortie de son silence et a livré sa propre version des faits. Auparavant, elle n’avait jamais parlé publiquement de ses relations avec le président Macky Sall. ‘’Je ne renierai jamais le bilan matériel, pour l'avoir défendu partout. Mais permettez-moi d'expliquer ce qui s'est passé et je ne reviendrai plus sur la question’’, a-t-elle dit de prime abord.

En effet, escortée par des ‘’bongomen’’, en compagnie d’une forte délégation, elle a fait face à la presse pour ‘’rétablir une bonne fois pour toutes’’ un certain nombre de faits concernant la présidence de la 14e législature de notre Assemblée nationale.

D’après Mimi Touré, au fond, la question du troisième mandat est à l'origine de son désaccord avec la coalition Benno Bokk Yaakaar. Parce qu’elle considère que le troisième mandat est ‘’impossible, juridiquement et moralement’’. Souriante, avec le ton de la plaisanterie, elle a déclaré : ‘’Mesdames, messieurs les journalistes, je me serais dédite moralement, en théorisant haut et fort la possibilité du 3e mandat du président Macky Sall que je serais à cette heure-ci en train de vous offrir un cocktail de bienvenue comme présidente de l'Assemblée nationale.’’

Elle ajoute : ‘’Comment alors aurais-je pu me regarder dans la glace ? Comment aurais-je pu regarder mes enfants dans les yeux ? Comment aurais-je pu regarder les Sénégalais dans les yeux ?’’

‘’Le président Buhari a eu raison…’’

En effet, en 2011, elle s’est engagée auprès du candidat Macky Sall pour lutter contre le troisième mandat du président Abdoulaye Wade. Ce qui a coûté 11 morts dont l'étudiant Mamadou Diop. ‘’Ce dernier, relate Aminata Touré, était écrasé sous nos yeux par un char, lors de la manifestation du M23 du 31 janvier 2012. Comme directeur du cabinet de campagne du candidat Macky Sall, j'avais moi-même saisi le Conseil des Droits de l'homme de Genève’’. D’où ces interrogations : ‘’Comment, dix ans après, des acteurs politiques qui se sont battus contre le troisième mandat du président Abdoulaye Wade osent évoquer l'idée d'un troisième mandat du président Macky Sall ? Ce que les Sénégalais n'avaient pas accepté, il y a dix ans, comment peut-on imaginer une seule seconde qu'ils l'accepteraient en 2024 ?’’

Pour Aminata Touré, le référendum de 2016, proposé par Macky Sall, a définitivement réglé la question des mandats.

Elle poursuit en indiquant que le professeur de droit constitutionnel et actuel ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall a même répété trois fois dans une vidéo célèbre que ‘’nul ne peut faire plus de deux mandats consécutifs.’’ De plus, selon elle, le président Macky Sall lui-même l'a dit à moult reprises. Ainsi, Mimi Touré soutient que le président de l'Union africaine Macky Sall a ‘’l'obligation’’ de donner l'exemple à l'Afrique. ‘’Le président Macky Sall a l'obligation de respecter la Constitution à la lettre. Le président Macky Sall à l'obligation de respecter sa parole. Le président Macky Sall a l'obligation de respecter le peuple sénégalais et même les peuples africains qui souffrent trop souvent de l'instabilité politique due au seul fait que leurs dirigeants s'accrochent au pouvoir’’, martèle-t-elle.

Ainsi, elle note que le président Buhari du Nigeria, dans son discours à l'Assemblée générale des Nations Unies de cette semaine, ‘’a eu raison’’ de mettre en garde les chefs d'État qui manipulent leur Constitution pour rester au pouvoir, créant ainsi mort et désolation dans leur pays. ‘’Dès ce soir, le CS2i (le Comité spécial d'insultes et d'invectives) mis en place par de soi-disant faucons du palais, va se déchainer. Mais c'est peine perdue. Rien ne saurait nous intimider ou nous faire reculer et les Sénégalais apprécieront’’, avertit Mimi Touré.

 ‘’Dans exactement 15 mois, le président Macky Sall quittera le pouvoir. J'espère dans la paix et la sérénité, car il ne sera pas acceptable que des vies soient perdues, des personnes blessées ou des biens endommagés dans une tentative de troisième mandat juridiquement et moralement impossible. Ensuite, le travail que le président Macky Sall a accompli à la tête du pays sera poursuivi par celle ou celui que les Sénégalais se seront choisis librement pour présider aux destinées de notre cher pays’’, ajoute la députée.

La présidence de la 14e législature : ‘’Nous avions un accord ferme’’

Mimi Touré a dirigé la liste nationale de la coalition BBY durant la campagne pour les élections législatives du 31 juillet dernier. ‘’Ce fut, rappelle-t-elle, un très dur parcours de 5 175 km, pendant 21 jours, sous la chaleur hivernale, la pluie, la faim, les très longues journées et les très courtes nuits’’. Mais, d’après ses dires, ce n’est pas pour une histoire de poste qu’elle garde une dent contre Macky Sall qui ne l’a pas choisie comme présidente de la 14e législature de l’Assemblée nationale.

Elle souligne qu’il aurait été impossible pour elle, comme politicienne d'expérience, de n'avoir pas trouvé un accord préalable avec président Macky Sall sur le poste de président de l'Assemblée nationale, avant de s'engager à coordonner le parrainage qui a duré des semaines et ensuite faire le tour du pays pour la campagne des Législatives. ‘’Nous avons toujours discuté de ces questions bien à l'avance, notamment lorsqu'il me nommait présidente du Cese. Nous en avions convenu deux mois à l'avance. Pour ce qui concerne la présidence de l'Assemblée nationale, le président Macky Sall sait très bien que nous avions un accord ferme. De hautes personnalités de ce pays peuvent en témoigner, car il le leur a dit bien à l'avance’’, révèle Mimi Touré.

Ainsi, ce n’est que le jour J qu’elle a su qu’elle n’est plus le choix de Macky Sall pour le poste de président de l'Assemblée nationale. ‘’Le 12 septembre, à exactement 9 h 26 mn, le président Macky Sall m'a appelée pour me dire qu'il a finalement changé d'avis. Exactement 17 minutes avant l'arrivée de ses émissaires à l'Assemblée nationale venus annoncer le nom de son candidat’’, renseigne-t-elle. 

‘’Le président Macky Sall sait très bien que cela s'est passé exactement comme je le dis. Heureusement que j'ai le cœur solidement accroché, Dieu merci ! Voilà ce qui s'est passé, alors que je pense lui avoir offert tout mon engagement, ma loyauté pendant plus de 10 ans, en dépit des nombreuses injustices qu'il m'a fait lui-même subir, sans réelles raisons objectives’’, ajoute-t-elle.

Mimi Touré dit avoir toujours mis ces situations sur le compte des aléas de la vie politique et qu’elle devait assumer son choix de vie : celui de ‘’l’accompagner dans la construction du Sénégal’’.

Alors, était-elle naïve ? ‘’Non, c'est un choix de vie, celui de s'engager pour le développement de mon pays. Choix qui vient avec des inconvénients et parfois de la souffrance, mais c'est un bon choix, car il n'y a pas plus grande satisfaction personnelle que de participer à faire avancer son pays. C'est, en tout cas, ce en quoi je crois’’, répond-elle.

Aminata Touré indique qu’elle a, d'ailleurs, régulièrement eu le choix de partir travailler à l'étranger, avec les nombreuses offres de poste de haut niveau à l'ONU. La dernière en date, dit-elle, c'était un mois avant les élections législatives de juillet dernier. ‘’J'en ai toujours informé le président Macky Sall’’, précise-t-elle.

Ceci l’amène à dire que ce n'est pas une histoire de postes, encore moins de privilèges. Elle s’explique : ‘’autrement, je ne serais pas ici à vous parler. J'aurais ensuite pu dire oui aux propositions de poste que le président Macky Sall a envoyées ses émissaires me faire nuitamment.’’

‘’La politique, ce n'est pas la ruse, l'abus de confiance et la préférence familiale’’

Parlant de postes et de privilèges, c’est comme fonctionnaire international en poste à New York où elle dirigeait le département Droit humain et Genre du Fonds des Nations Unies pour la population, qu’Aminata Touré a pris contact avec le candidat Macky Sall pour l'accompagner politiquement.  ‘’Il n'avait aucune fonction, il n'avait rien à offrir, il était dans l'opposition avec aucune certitude de devenir président de la République’’, dit-elle.

‘’C'est l'occasion d'avoir une pensée pieuse pour Alioune Badara Cissé qui nous a quittés, il y a juste un an… J'ai aussi une pensée affectueuse pour tous ces milliers de militants sincères et les nombreux responsables de 2012 qui se demandent quel est le sens de leur engagement quand ceux contre qui ils s'opposaient en 2012 deviennent les choisis et choyés d'aujourd'hui’’, poursuit Mimi Touré, estimant qu'il est plus que temps de remettre de l'éthique dans la politique.

La politique, souligne-t-elle, ce n'est pas la ruse, l'abus de confiance et la préférence familiale. ‘’La politique peut et même doit s'accompagner de valeurs humaines, d'éthique et surtout de respect de la parole donnée et, par-dessus tout, du respect de nos lois et règlements’’, indique-t-elle.

BABACAR SY SEYE

Section: 
ENFANTS DE LA RUE : Diomaye annonce l’éradication du phénomène
NOUVELLES LICENCES DANS LE SECTEUR DES PÊCHES : Priorité au marché local et aux conserveries sénégalaises
LANCEMENT DU RÉSEAU DES ENTREPRISES POUR L'ÉGALITÉ DES CHANCES : Simplon veut booster l'employabilité des jeunes
BUDGET 2025 : La feuille de route du gouvernement 
MODICITÉ DE LA CONTRIBUTION ÉCONOMIQUE LOCALE : Ngoundiane dans la tempête budgétaire
LOI DE FINANCES 2024 : Le régime engage la course contre la montre
GRÈVES DANS LE SECTEUR DE LA SANTÉ ET DANS LES UNIVERSITÉS : Le régime face à un front social en ébullition
3E ALTERNANCE : La gauche invitée à accompagner le nouveau régime
JOURNÉE NATIONALE DES DAARA : Le ministre de l'Éducation nationale en tournée dans les foyers religieux
SUPPRESSION DES VILLES : Diomaye-Sonko acte-t-il la volonté de Macky Sall ?
OUSMANE SONKO AUX DÉPUTÉS DE PASTEF : ‘’Cette Assemblée nationale doit réconcilier les Sénégalais avec l’organe parlementaire’’
ASSANE DIOMA NDIAYE SUR LE MANDAT DE LA CPI CONTRE NETANYAHU ET CONSORTS : ‘’Le Sénégal, en tant que signataire du Statut de Rome, a l’obligation de respecter ses engagements internationaux’’
LEADERSHIP PARLEMENTAIRE : Les alliances cachées et les ambitions dévoilées
CRISE POLITIQUE AU MALI : Le limogeage de Choguel Maïga, symbole des fractures au sein de la junte
RÉSULTATS PROVISOIRES DES LÉGISLATIVES : La suprématie de Pastef confirmée
GESTION DES RESSOURCES NATURELLES : Haro sur le pillage 
PR. ALIOU THIONGANE - CADRE PASTEF MATAM : ‘’La restructuration du parti s’impose à Matam’’
Moustapha Diakhaté convoqué
THIÈS : La coalition Pastef rafle toutes les 15 communes
ASSEMBLÉE NATIONALE : Le projet de loi de finances pour 2025 finalisé dans les prochains jours