Au lendemain des incidents ayant causé 8 morts et 102 blessés lors de la finale de la Coupe de la Ligue (Us Ouakam - Stade de Mbour), samedi, la Fédération sénégalaise de football, réunie en Comité d’urgence, dimanche, a pris des mesures fortes en vue de combattre la violence dans les stades sénégalais.

Les dirigeants du football sénégalais sont décidés à en finir avec la violence dans les stades sénégalais. Après les incidents du stade Demba Diop ayant causé, samedi, 8 morts et 102 blessés, la Fédérations sénégalaise de football (FSF), réunie dimanche en comité d’urgence, a pris des résolutions fermes dans ce sens. Et cela d’abord par la mesure prise de suspendre à titre conservatoire l’Union sportive de Ouakam (Uso) à travers la décision 002-2017 / FSF-CU du dimanche 16 juillet 2017. ‘’Nous sommes fondés sur l’article 15 des statuts donnant à l’Assemblée générale et au Comité d’urgence de suspendre n’importe lequel de ses membres en cas de violation graves de ses obligations statutaires et réglementaires’’, a expliqué le président de la FSF, Me Augustin Senghor. Cette mesure provisoire a été entérinée, selon lui, après avoir entendu le président de l’Uso, présent lors de la réunion dudit comité. ‘’On a eu à entendre le président de l’Us Ouakam. En aucun moment, on a constaté une contestation des faits et surtout l’identification des auteurs comme appartenant au camp ouakamois’’, a-t-il affirmé. 

Pour Me Senghor, cet acte permet de ‘’lancer un signal fort’’ à tous les acteurs du football. ‘’Nous sommes prêts, dirigeants de la Ligue pro et de la Fédération, à extirper définitivement la violence de nos stades’’. ‘’La fédération, dit-il, avait pris des sanctions contre ce même club (Uso) auparavant. Il est important de lancer un message fort à toutes les équipes pour qu’on comprenne vraiment que la FSF, avec ses démembrements, est prête à relever le défi’’. Estimant ‘’ayant trop attendu’’, il a déclaré que ‘’le combat commence maintenant’’. 

Pour sa part, la Ligue sénégalaise de football professionnel (LSFP) est en train de se pencher sur le dossier. Cette dernière a eu connaissance de tous les dossiers, sauf celui des Mbourois. ‘’Nous avons reçu la relation écrite de l’Us Ouakam. Nous attendons celle du Stade de Mbour pour que la LSFP, à travers sa Commission de discipline, statue en première instance sur les faits graves que nous avons connus hier (samedi)’’, a informé le président de la LSFP, Saër Seck. Par ailleurs président de Diambars, il a assuré que la commission en question pourra rendre sa décision dans ‘’deux semaines au maximum’’. Le procureur de la République s’étant autosaisi de l’affaire du drame du stade Demba Dop, la LSFP et la FSF ont décidé de se constituer partie civile.

Par ailleurs, le président de la FSF a annoncé qu’une délégation composée des différentes autorités du football sénégalais se rendra à Mbour ‘’au moment opportun’’ vers les familles des victimes pour leur présenter leurs condoléances.

L’organisation en question

Durant la rencontre avec la presse, ce dimanche, le sujet relatif à l’organisation de la finale de samedi a été abordé. Le président de la LSFP a répondu de façon précise. ‘’C’est la 9^e finale que nous organisons et nous avons pris des dispositions lors de cette finale que nous n’avons jamais prises’’, a déclaré Saër Seck. Selon lui, des mesures ont été prises en ce qui concerne le nombre de billets, des services de l’ordre et des réunions d’avant match avec les deux clubs, leurs présidents et capitaines. ‘’Je ne dis pas que tout a été parfait mais j’attends qu’on puisse pointer de façon précise quelque part où il y a une faute pour sanctionner leurs auteurs’’, a-t-il dit.  

Il a également insisté sur la vente des billets. ‘’On ne peut pas laisser dire qu’il y a eu trop de spectateurs’’, s’est-il défendu. Pour lui, ‘’ce n’est pas l’excédent de spectateurs qui a provoqué les incidents ayant causé les blessés et morts. Même dans les tribunes découvertes, à un moment donné du match, il y avait des poches vides des deux côtés’’, précise-t-il. Pour des raisons de sécurités, la Ligue pro, a fait comprendre son président, a pris des dispositions pour un stade d’une capacité de 15 000 places de commander un peu plus de ‘’10 500 billets’’. ‘’Nous avons vendu 5 128 billets aux deux clubs en prévente, la veille de la finale. Au total, on a vendu 9 969 tickets. Il restait 531 billets’’. Toutefois, il a assuré que des enquêtes seraient menées pour savoir ce qui s’est passé. ‘’Est-ce que la prévente de la veille n’a pas permis de scanner des billets ?’’, s’est-il interrogé. ‘’Ce n’est pas cet excédent qui a déclenché les mouvements, ce sont plutôt les attaques de supporters de l’Us Ouakam vers ceux de Mbour’’, a soutenu Saër Seck.

Suspension de toutes les compétitions

La question relative à la tenue des compétitions de football (demi-finale Coupe du Sénégal dans toutes les catégories) a été soulevée. Pour Augustin Senghor, ‘’il faudrait créer un cadre propice à l’apaisement’’. En plus du deuil, le maire de Gorée a rappelé le contexte actuel du pays. ‘’En cette période assez particulière de campagne électorale, plus on se rapproche des élections, plus il sera difficile de bénéficier des services des forces de l’ordre. La décision la plus sage, c’est de reporter toutes ces compétitions jusqu’après les élections’’, a-t-il soutenu.

Par rapport à la manche retour des éliminatoires du Chan, prévue le week-end prochain, entre le Sénégal et la Sierra Leone, Me Senghor a informé que des discussions seront entreprises entre la FSF et le ministère des Sports pour voir dans quelle mesure ce match pourrait se jouer. ‘’A toute règle, on peut appliquer une dérogation. Nous ne pouvons pas nous permettre de ne pas jouer ce match. Nous sommes partants pour organiser ce match dans d’autres stades comme Pikine’’, a-t-il dit. 

LOUIS GEORGES DIATTA