Pour le sélectionneur Alain Giresse, "rigueur, travail, organisation"
Le Français Alain Giresse (60 ans), nommé sélectionneur du Sénégal mercredi pour un contrat de deux ans, martèle son credo dans un entretien exclusif à l'AFP: "Rigueur, travail, organisation".
Cet ancien entraîneur du Gabon et du Mali, équipe qu'il a menée à la 3e place de la dernière Coupe d'Afrique des Nations (CAN) en 2012, est arrivé mercredi soir à Dakar. Le Sénégal n'est pas qualifié pour la CAN-2013.
Comment s'est fait votre choix comme sélectionneur du Sénégal?
R: "A partir du moment où je n'étais plus au Mali, et que le Sénégal avait la perspective de prendre un entraîneur européen, je me suis porté candidat. J'ai ensuite été auditionné comme les autres candidats et cela s'est concrétisé. (...) Cela a été long car la Fédération sénégalaise hésitait encore dans l'orientation qu'elle souhaitait prendre par rapport au type d'entraîneur qu'elle désirait. (...) Mes contacts avec le Sénégal remontent à juin 2012 (lorsque le Français Pierre Lechantre a renoncé à entraîner les "Lions"). J'étais déjà dans les tuyaux à ce moment, cela ne s'est pas fait."
Vous avez signé un contrat de deux ans, quels sont les objectifs?
"Ça m'étonne toujours que l'on puisse écrire des objectifs. Un entraîneur n'entraîne pas pour perdre. (...) Les prochaines échéances sont la Coupe du monde, la CAN-2015, les rendez-vous d'une équipe nationale."
Quelle va être la "méthode Giresse"?
"Ce que je pense être le mieux. Mais ce n'est pas ma méthode, c'est seulement ce que le football international requiert, des joueurs qui s'investissent. On ne vient pas en équipe nationale pour gagner sa vie, on vient en équipe nationale pour représenter un pays, pour éventuellement participer aux grandes compétitions internationales. C'est quelque chose de personnel, totalement différent de la vie de club. On ne tire pas les joueurs pour venir en équipe nationale, ce sont eux qui doivent venir. Ensuite, avoir un cadre, une organisation bien stricte, bien précise qui fait que le footballeur professionnel qui vient retrouve des conditions de professionnels qui permettent d'avoir des résultats. Le football international a des exigences, il faut répondre à ces exigences par de la rigueur, du travail, de l'organisation."
Votre carrière évoque beaucoup de sympathies au Sénégal et en même temps vous focalisez le problème du "sorcier blanc" aux yeux de certains...
(Rires) "Le paradoxe est très étonnant car si je venais ici en simple touriste, je serais assailli partout, par tout le monde. Là, tout d'un coup, je viens pour prendre un poste, un poste d'entraîneur national et on décortique tout. Alors que je n'ai même pas besoin de me présenter, ce sont les gens qui me parlent de mes matches. Il y a une connaissance et une reconnaissance (de ma carrière), je pense que c'est bien pour eux, ils peuvent vraiment situer qui est leur entraîneur."
Vous avez entraîné la sélection malienne. Quel est votre ressenti face aux événements en cours au Mali?
"Il y a deux choses. Par rapport au pays, c'est de la tristesse et de l'inquiétude. Quand vous avez vécu dans un pays, partagé la vie des gens et que vous voyez qu'elle peut être modifiée à cause d'événements sérieux, surtout que j'ai vécu le coup d'Etat en direct à Bamako (le 22 mars 2012, ndlr)... Ensuite, il y a le football, qui va essayer de faire une bonne CAN-2013 mais ce n'est pas évident."
Qu'est-ce qui vous motive encore à prendre la tête d'une sélection nationale?
R: "L'aventure humaine! On ne mesure pas la passion, les émotions ressenties, on a juste envie de vivre de belles aventures. Pour moi, le football ne s'arrête pas à un match gagné ou perdu, c'est effectivement l'essentiel de mon boulot, mais je ne suis jamais tout seul pour faire ça, je crée des liens avec les pays traversés et c'est toujours enrichissant."
Afriquinfos