Une malédiction nommée tirs au but

Seyni Mbaye Ndiaye s'élance, place un contre-pied presque parfait, car le ballon atteint la barre transversale et s'envole. Au bout des quatre tirs de part et d'autre, le Maroc s'impose et les Lions perdent encore lors d’une épreuve fatidique des tirs au but. Mais cette élimination, de cette façon, a un air de déjà-vu, notamment cette année
‘’Quand on entre en prolongation, nous parlons de drame. Mais lorsque nous atteignons les tirs au but, c’est une tragédie’’. Cette citation, attribuée à l'ancien président de la Fifa, Joseph Sepp Blatter, résume à elle seule le parcours de l'équipe sénégalaise lors des séances de tirs au but.
Même s'il n'a pas toujours remporté le trophée au final, le Sénégal a souvent endossé le statut de favori lors des compétitions continentales. Les Lions sont parfois l'équipe à battre, le dernier rempart entre l'adversaire et le sacre. On utilise des subterfuges pour venir à bout des Sénégalais : jouer la carte du match nul jusqu'à la phase des tirs au but, stratégie probablement préparée par le challenger. Très souvent, cette tactique porte ses fruits. Ce fut déjà le cas lors de la Coupe d'Afrique des nations 2017 au Gabon. Les Lions dominent totalement les Camerounaises avec une possession au-delà de 60 % et 19 tirs contre 12 pour les Lionnes Indomptables. Pourtant, ce jour-là au stade de Franceville, c'est le Cameroun qui eut le dernier mot aux termes des TAB.
Entre-temps, le Sénégal est certes passé par cette séance pour décrocher sa première Can en 2022. Mais on est très vite retombé dans les travers habituels.
Depuis la Can ivoirienne, le Sénégal a perdu quatre séances de tirs au but successives : la Can des moins de 20 ans, celle des U17, la Can féminine et, dernièrement, le Chan. À chaque fois, cette ultime épreuve est mal négociée par la partie sénégalaise. Les penalties empêchent la conservation des titres précédemment remportés.
Toutefois, si certains essaient de faire croire que l'exercice des tirs au but se résume à une loterie, force est de constater qu'il requiert un savoir-faire, une technicité, voire une ruse susceptible de tromper le gardien. Neymar et Cristiano Ronaldo, par exemple, sont maîtres dans l'art de réussir les penalties.
Car il ne s'agit pas toujours de privilégier la puissance, mais la virtuosité. Un coup de pied de réparation mal exécuté peut coûter une finale de Coupe du monde. Trezeguet en 2006, et plus iconique encore, Roberto Baggio en 1994, regrettent sans doute toujours d'avoir ‘’vendangé’’ leurs penalties respectifs ce jour-là. ‘’Si j'avais eu un couteau à ce moment-là, je me serais poignardé. Si j'avais eu un pistolet, je me serais tiré une balle. À ce moment-là, je voulais mourir. C'était comme ça’’, confiera plus tard la légende italienne à propos de son penalty raté contre le Brésil, le 17 juillet 1994 au Rose Bowl Stadium.
MAMADOU DIOP