Publié le 16 Jan 2025 - 12:57
FRANCE

On était au grand oral de Klopp

 

Depuis le 1er janvier 2025, Jürgen Klopp défend officiellement les couleurs du groupe Red Bull en qualité de « Head of global soccer ». Un titre un peu flou que l’ancien entraîneur de Liverpool a tenté de clarifier (sans succès) à l’occasion de sa présentation publique. Sans oublier d’en placer une pour le Paris FC, dernière recrue de la galaxie du taureau rouge. On y était, on vous résume « la plus longue conférence de presse de l’histoire de l’Autriche », dixit le héros du jour.

 

Le sourire de requin Colgate est de sortie sous le dôme du Hangar 7, sorte de musée privé dans lequel Red Bull expose des Formules 1, des hélicoptères et des avions de chasse. On est de l’autre côté du tarmac de l’aéroport de Salzbourg, en toile de fond, le mont Hochstaufen se dresse fièrement du haut de ses 1771 mètres sous un soleil rougeoyant. Le cadre semble idyllique pour les près de 150 journalistes du monde entier accrédités à la conférence de présentation de Jürgen Klopp comme nouveau « Head of global soccer » du groupe autrichien.

Quelques fanzouzes ne résistent pas et applaudissent l’Allemand lors de son entrée en scène, un faux pas protocolaire qui semble gêner l’intéressé : « Je ne pensais pas qu’on faisait ça lors d’une conférence de presse », lâche-t-il avant de s’ouvrir une canette de Red Bull light. Aurait-on trouvé l’ingrédient secret de sa silhouette amincie ? En tout cas, le pape du heavy metal football roule désormais à 100% pour la cause de son nouvel employeur : « Je sais que ce n’est pas un évènement commercial aujourd’hui, mais je voulais quand même dire que mon objectif est de donner des ailes aux gens ici », a lâché Kloppo, sans parvenir à arracher un sourire à son auditoire pour autant. L’opération séduction risque de prendre un peu plus de temps que prévu.

Sur son nouvel intitulé de poste

C’était la question à un million. Que signifie exactement le terme « Head of global soccer » dont Jürgen Klopp est désormais affublé chez Red Bull ? « On verra », s’est contenté de répondre celui qui peut se vanter d’avoir « le monde en guise de bureau » et risque de passer pas mal de temps dans les airs à gambader de club en club. En clair, il est encore trop tôt pour définir clairement sa fiche de poste, mais l’Allemand peut déjà affirmer qu’il utilisera son expérience pour endosser un rôle de conseiller de luxe auprès des clubs de la galaxie RB, mais sans pour autant marcher sur leurs plates-bandes : « Je n’ai jamais été le type qui se contente de dire aux gens comment faire les choses. Je pense vraiment qu’un leader doit être à l’écoute, je dois donc avant tout écouter pour comprendre ce dont les clubs ont besoin. J’ai toujours dit que j’étais un livre ouvert. Quoi qu’ils demandent, ils obtiendront une réponse. Et si je ne peux pas l’apporter immédiatement, je trouverai un moyen d’obtenir l’information après coup et je l’apporterai la fois suivante. » Rendez-vous dans un an pour compter les kudos sur son profil LinkedIn.

Sur la philosophie de Red Bull

Coup dur pour les puristes du foot romantique, Kloppo assume pleinement être un homme de son époque qui bosse au sein d’une industrie purement mercantile et ça, il l’a bien compris au cours de ses neuf ans passés à Liverpool. Alors, doit-on forcément être détenu par un richissime mécène pour réussir en ce bas monde ? « En Angleterre peut-être, mais pas en Allemagne, où les propriétaires milliardaires n’existent pas. » Et Dietmar Hopp à Hoffenheim ? Et Red Bull à Leipzig ? C’est du poulet ? Soit, l’argent n’est de toute façon pas au registre de ses attributions. Jürgen est là pour parler de jeu.

Mais là encore, on se contentera de principes généraux assez vagues : « Je veux que quand les gens nous voient jouer, sans lire le nom sur le maillot, ils ressentent et sachent que nous sommes Red Bull », ou encore qu’« il est probable que nous l’inscrivions un jour sur les murs des académies : le contre-pressing n’est pas une option, c’est la loi ». Cependant, Klopp souligne, à juste titre que, malgré le fait qu’elles appartiennent à la même galaxie, toutes les planètes ne fonctionnent pas de la même façon : « On ne peut pas appliquer une seule idée à différentes cultures. Il faut savoir ce qui convient à la chacun. » À condition que le style de jeu colle avec le marketing agressif caractéristique de la marque Red Bull évidemment.

Sur le Paris FC

Présent à Charléty le week-end dernier pour assister à la victoire (1-0) des nouveaux poulains qu’il possédera bientôt à hauteur de 15%, la tête du football global semble avoir bien apprécié sa première visite dans la capitale française, ponctuée par une visite des installations du PFC à Orly. Cependant, Klopp estime qu’il est temps de se relever les manches pour que Paris dispose d’un challenger digne de ce nom : « Ce stade… La dernière fois que j’ai vu un match d’aussi loin, je crois que c’était à la télé. » Boum ! Punchline ! « Quant aux terrains d’entraînement, ils me rappellent ceux sur lesquels je jouais il y a 20 ans. » Re-boum ! Re-punchline !

« Il y a pas mal de chantiers à lancer, et c’est là qu’on veut aider, avec la famille Arnault. Actuellement, le club est bien classé, mais quand on joue en D2, il faut souvent un peu de chance pour monter. » Pas très rassurant tout ça ? Jürgen Klopp, à l’image de son poste auquel il ne voit pas de date de fin, veut au contraire jouer la carte du contrat de confiance : « Pour l’instant, nous n’avons pas beaucoup d’influence, mais notre partenariat doit encore grandir. Dans le foot, on a besoin de temps, le problème, c’est qu’on n’en a pas beaucoup. Mais il en faut, et on poussera en ce sens. » On en reparlera quand le PFC jouera la Ligue des champions dans trois ans.

Sur la nécessité de souffler un coup

Ce n’est pas parce qu’on est l’ambassadeur de la multipropriété qu’on doit forcément dire amen à toutes les dérives du football moderne. Comme dans n’importe quelle boîte qui se la joue cool, Klopp remet l’humain au centre des débats. Vous voyez où on veut en venir ? Bingo : stop aux cadences infernales ! « Je sais que Salzbourg joue la Coupe du monde des clubs et je dois dire que je n’aime toujours pas cette compétition, je pense qu’elle est inutile. Cela ne sert à rien de ne pas avoir de vacances d’été. » Rodri s’est trouvé un allié de poids dans sa lutte pour la réduction du nombre de matchs joués chaque saison. Kloppo va même plus loin en suggérant de ne pas remplir chaque seconde de temps libre avec du foot et en profiter pour regarder d’autres sports : « En Allemagne, ça peut être le handball, en Autriche, le ski… peu importe. Plus on voit quelque chose de différent et plus on finit par l’apprécier. » Ah ! Si seulement ce raisonnement fonctionnait aussi avec les supporters de clubs traditionnels, Leipzig serait depuis longtemps l’équipe la plus populaire de Bundesliga.

Sur un éventuel come-back comme entraîneur

« J’ai dirigé plus de 1000 matchs sur la ligne de touche, je ne voulais plus faire ça. Il y a sept mois, j’ai quitté Liverpool et je l’ai fait consciemment. J’ai dit alors que je n’étais plus l’homme de la situation, mais je n’ai jamais dit que je ne retravaillerais pas », rappelle Klopp pour justifier son choix de passer de l’autre côté du miroir. Malgré tout, la question peut brûler les lèvres : si un incendie sportif venait ravager l’un de ses clubs, l’Allemand pourrait-il renfiler le survêt de pompier de service ? « Je ne serai pas l’entraîneur d’une équipe Red Bull, il y a un accord clair. Je ne remplacerai aucun des entraîneurs Red Bull », coupe-t-il sèchement. Inutile d’aller le chercher sur le terrain de la Nationalmannschaft, là encore la réponse est claire : « Je pense que nous avons déjà la meilleure personne à ce poste. J’espère que Julian fera ce travail pendant encore très, très longtemps et qu’il gagnera des titres. »

 

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