‘’Il y aura un retour à l’orthodoxie’’
Général, vous quittez l'aéroport (un commandement civil) pour les sapeurs-pompiers (des militaires). Êtes-vous en terrain conquis ou c'est la même chose ?
Vous savez, avant, j'avais quitté le poste de Chef d’État-major de l'armée de l'air pour me retrouver dans le civil. C’était une première expérience et il a fallu m'adapter. Ce qui n'a pas été facile mais je ne dirais pas aussi que cela a été difficile. Vous savez, un emploi, ce sont des compétences. Etant donné que je suis aviateur, ceci m’a grandement facilité mon adaptation. Je ne pouvais pas dire que c'était un terrain conquis mais j'étais dans un environnement que je connaissais à peu près.
Et c'est pourquoi j'ai pu m'adapter. Le travail qu'on me demandait, c'était la sûreté. C'est un travail qui tend donc beaucoup plus vers la sécurité, étant donné que la frontière entre la sûreté et la sécurité est difficile à établir. C'était un travail enrichissant qui m'a permis effectivement d'avoir d'autres compétences.
Maintenant, quitter encore le milieu civil pour me retrouver dans celui des sapeurs-pompiers, je peux dire que je reviens dans l'armée. Parce que ce sont des militaires mais qui sont mis pour emploi auprès du ministre de l'Intérieur. Je ne dirais pas que c'est un milieu vraiment conquis, mais je retrouve ma famille, celle militaire et d'autres compétences.
Vous dites que vous retrouvez en terrain pas conquis mais aussi pas inconnu. Donc, Général, quelle sera la marque ou l'empreinte que vous allez apporter à ce groupement ?
Le chef n'existe que par ses hommes. Ma contribution ne sera que celle d'un officier à qui on a donné une mission qu’il compte exécuter avec la contribution de ceux qui l'entourent. Donc je compte remplir ma mission en apportant une certaine marque.
Dans le cadre du management, celui des hommes avec une vision prospective mais qui tiendra quand même compte des directives de mon employeur, c'est-à-dire le ministère de l'Intérieur qui reçoit ses instructions du président de la République. Je compte travailler en manager, en coordinateur du travail qui sera effectué au sein du groupement. Il faut très rapidement connaître l'état des lieux.
Allez-vous continuer le renforcement des moyens humains et matériels, le déploiement des casernes dans les régions et départements?
Oui, je serai dans cette continuité, c'est pourquoi je parle de mon employeur. Véritablement il y a quelque chose qui a été fait et c'est sûr que nous resterons sur cette lancée. L’essentiel de ce qui a été fait sera continué, mais je compte beaucoup plus insister véritablement sur une vraie gestion des ressources humaines.
La première des choses, c’est d’apporter des corrections parce qu’aucune œuvre humaine n’est parfaite. Celui qui m’a précédé a fait un excellent travail et il faut le reconnaître. Mais je compte faire autant ou mieux que lui.
Et pour ce qui est des hommes ?
J’aurais une préoccupation du bien-être social des hommes. Quand je parle du bien-être social, je veux parler des conditions de travail mais aussi des conditions de vie. Dans mon ordre du jour numéro 1 qui va décliner ma mission prospective, je mettrai en valeur ce précepte en ajoutant, s’il y a nécessité, la transformation de ce groupement comme beaucoup le pensent. Transformer ce n’est pas facile.
Et pour transformer, il faut réorganiser, gérer autrement les ressources humaines, quitter le domaine de l’administration où on ne gère que les droits et les acquis et avoir une vision beaucoup plus professionnelle des hommes. Il faut faire une gestion prévisionnelle des emplois et des compétences. Maîtriser le réel, ce sont les acquis ; ce que j’ai trouvé, il faut que je le maîtrise totalement et il faut que j’apporte les corrections pour pouvoir le maîtriser réellement.
Il y a une gestion beaucoup plus adroite des ressources humaines mais aussi il y a un rééquipement, pas n’importe comment, mais un rééquipement approprié. Il y aura un certain retour à l’orthodoxie parce qu’il y aura une mission principale que je résume en mission de sécurité de sauvetage. Je pense qu’il faut privilégier l’acquisition des équipements beaucoup plus adaptés à leur mission principale avant de s’attaquer aux missions secondaires.
Propos recueillis par Bachir FOFANA