Le Monjer en rajoute une couche

Le Mouvement des jeunes de la République des valeurs a tenu une conférence de presse, ce mardi, pour s’exprimer sur l’actualité nationale. La reddition des comptes, la crise économique qui frappe notre pays et, enfin, la question de l’amnistie ont toutes été passées en revue.
À la République des valeurs (RDV), on ne rate jamais un rendez-vous pour inviter le pouvoir à revoir sa copie. Mais cette fois-ci, à la place de Thierno Alassane Sall, ce sont les “disciples” qui jettent des pierres dans le jardin de Pastef.
Ainsi, à l'occasion d'une conférence de presse, le Mouvement des jeunes de la République des valeurs (Monjer) a discuté hier de plusieurs sujets. “La reddition des comptes est une demande sociale. Qu’il n’y ait pas d’amalgames ! Nous sommes entièrement d’accord pour que la lumière soit faite sur la manière dont les deniers publics ont été gérés”, clarifie d'abord ce membre du Monjer, Rassoul Sène.
Mais pour ces jeunes de la RDV, il faudra “éviter le basculement de la reddition des comptes vers le règlement de comptes”. Cette alerte a tout son sens, dans la mesure où, selon Rassoul Sène et ses camarades de parti, les nouveaux dirigeants se “comportent encore comme des opposants en réclamant l’écrasement de toute personne qui se mettrait sur leur chemin”.
Dans sa communication, la jeunesse de Rewum Ngor est loin de cautionner ce qui, en fin de compte, s'apparente plus à une parfaite partialité de la justice. “Depuis deux jours, on nous parle de carnage foncier. Le champion en la matière serait ‘Monsieur Kolda’, c’est de notoriété publique. De toute l’histoire de notre pays, jamais un directeur des Domaines n’a été autant cité dans la dilapidation foncière. Jamais ! Nous exigeons qu’il soit entendu par la justice, mais sa proximité avec le Pastef laisse le doute” planer.
Et ce n'est pas tout. Le porte-parole du jour ajoute d'autres exemples. “Le régime Pastef protège déjà des gens impliqués dans des dossiers scandaleux : ‘Monsieur trafic de passeports’, aujourd’hui PCA ; ‘Madame Cese’, impliquée dans un détournement de près de deux milliards, aujourd’hui envoyée spéciale du président Diomaye ; ‘’Monsieur Onas’, aujourd’hui PCA, qui avait catégoriquement refusé, en 2019, de se conformer à une ordonnance de la Cour suprême pour octroyer des marchés à des copains qui, curieusement, sont impliqués dans la récente affaire Onas bloquée par la justice”.
Dans un autre registre, tout en ne niant pas le caractère fragile de l'économie nationale, le Monjer fustige tout de même l'approche fataliste et contradictoire du régime. “Pastef a clairement démontré son incompétence et son incapacité à redresser la situation, adoptant au contraire des décisions qui ne font qu’aggraver la crise. Mais ce qui nous a particulièrement choqués à la République des valeurs, c’est l’attitude irresponsable du gouvernement face à cette crise”, argue M. Sène.
L’abrogation de la loi d’amnistie
Bien évidemment, à l'image de leur leader, les membres du Monjer sont aussi revenus sur la loi d’amnistie. “Alors qu’ils avaient fait la promesse d’abroger cette loi dès qu’ils auraient une majorité, nous sommes tristes de constater que le régime Pastef joue avec la patience des Sénégalais. À la République des valeurs, nous espérions que l’abrogation de l’amnistie serait le premier acte que poserait la majorité parlementaire de Pastef. À la surprise générale, cet engagement n’était plus dans l’agenda du régime Pastef, qui avait commencé à indemniser illégalement des ‘victimes’. Vous avez tous assisté au feuilleton joué par le Pastef pour refuser l’abrogation de la honteuse et scandaleuse loi d’amnistie de 2024”.
Ce qui taraude l'esprit du Monjer, c'est “pourquoi Pastef ne veut pas d’une abrogation totale de la loi d’amnistie”. Selon ce mouvement de jeunes, “une telle abrogation serait-elle une rupture du protocole du Cap Manuel qui détruirait le Pastef avec une très probable réaction de l’autre camp qui pourrait faire des révélations ?”.
Pour clore cette parenthèse sur l’amnistie, le Monjer estime que son abrogation est nécessaire afin que les indemnisations qui doivent en découler ne se fassent pas dans l'opacité. “C’est également l’occasion de vous annoncer que nous déposerons une plainte auprès des juridictions compétentes contre ces paiements effectués en toute opacité au profit de ‘victimes’ désignées unilatéralement par le Pastef”.
Pas touche à TAS
Enfin, les jeunes de TAS se sont insurgés contre les nombreuses attaques à l'endroit de leur leader. Depuis plusieurs années déjà, certains leaders de Pastef ont décidé, face à la pertinence, à la rigueur, à l’intégrité et à la compétence de Thierno Alassane Sall, de lui opposer la calomnie, la diffamation et le mensonge. “Nous ne laisserons désormais plus faire ces viles attaques qui montrent le vrai visage des dirigeants de Pastef, qui pensent qu’ils doivent dicter la pensée unique et qui sont des manipulateurs patentés”.
Le front Mimi Pendant que le bouclier juvénile de TAS faisait le boulot de son côté, Aminata Touré ouvrait un autre front contre l'opposant. “J’espère que le député Thierno Alassane Sall aura le courage de se départir lui-même de son immunité parlementaire pour faire face à la justice, au lieu d’envoyer ses jeunes calomnier d’honnêtes citoyens. Une citation directe sera servie dès demain à Aliou Diouf, responsable de son parti”, lit-on sur les réseaux de l'ancien Première ministre. Répondant toujours à TAS, Mimi Touré laisse entendre qu'elle n'a absolument rien à se reprocher. “En dix ans de régime de Macky Sall, je n’ai détourné un centime de deniers publics ni bénéficié d’un mètre carré de foncier. La haine et la jalousie comme seul fonds de commerce ne sauraient tromper les Sénégalais”. |
MAMADOU DIOP