Hommage à un fils valeureux du Sénégal
Tonton Talla,
Les mots me manquent pour traduire la peine que j’éprouve présentement. À l’annonce de ta disparition, le temps a semblé s’arrêter comme si le sol, sous mes pieds, se dérobait. En réalité, le décret divin qui s’est abattu sur toi, est un coup dur que tout le Sénégal va devoir encaisser.
Mortalla Kane ! Tu n’étais pas seulement un oncle avec qui j’ai partagé des valeurs aussi nobles que le travail, la persévérance, la courtoisie par-delà toute situation, la bienveillance envers les autres et l’exigence extrême envers soi-même. Tu m’as pris par la main, tu m’as guidé, et tu m'as éclairé les tortuosités du vrai chemin. Tu imagines donc que ton décès m’a foudroyé. Tu étais aussi mon ami, une source d’inspiration. Comment ne pas apprécier ton sens élevé de l’amitié, de la famille et ton amour de la connaissance ? Tes conseils, avisés avant chaque émission de télé, me manqueront, car tu n’as jamais voulu que j’emprunte la voie de la facilité et de l’approximation. La rigueur jusqu’au bout : tel était ton credo.
Oui, il m’est difficile de regarder le rétroviseur tant, ta présence est si réelle. Je me rappelle encore le week-end dernier quand je disais à un ami proche qu’on irait dîner chez toi. Que dire de la réunion fructueuse que j’ai eue avec la CNES (Confédération Nationale des Employeurs du Sénégal – dont tu étais le Directeur exécutif), ce 19 octobre dernier, au cours de laquelle nous discutions de l’avenir de l’entrepreneuriat au Sénégal et des difficultés du patronat sénégalais ?
Te rendre hommage Tonton Talla, c’est donner la chance à chaque initiative ou rêve d’un Sénégalais de se réaliser.
Ta bienveillance envers ta famille et tes collaborateurs était connue de tous. En pédagogue hors pair, tu arrivais à prodiguer des conseils et autres viatiques avec un brin d’humour dont toi seul avais le secret. Je retiens du grand homme de valeur que tu as été un gentleman bien éduqué, un homme de profondeur, un travailleur résolu qui a élevé le travail au-dessus de tout, un altruiste qui a su transmettre son savoir-faire et savoir-être à nous qui sommes tes proches.
Le Sénégal a perdu un valeureux fils, un chantre du patriotisme économique, qui n’a eu de cesse de hisser le travail et le partage au summum. Un fils qui, de Tiadiaye d’où tu es parti, a su toucher les sommets des montagnes sans jamais avoir renié tes convictions d’un iota.
Je te rends hommage, père de famille fédérateur qui a su rassembler bien au-delà des tiens et ouvrir ta porte à des jeunes à qui tu as su accorder une confiance aveugle. Ce qui ne m’étonne guère au regard de ta foi en l’humain. Il me revient à l’esprit ces moments délicieux où ton regard bienveillant renforçait ma foi et mes convictions politiques pour le Sénégal. Ton témoignage lors du lancement du mouvement « Les Serviteurs » en fut une parfaite illustration.
Hélas, nous n’en profiterons plus. Je n’en profiterai plus. Sache que ta vie nous a été utile et inspirante quoique nous devons désormais apprendre à parler de toi au passé.
En bons croyants, nous acceptons ton rappel à Dieu.
Mes sincères condoléances à toute la famille et spécialement à ton épouse Tata Fatou Diabira, une dame de cœur et à tes enfants.
Reposes en paix !
Ton neveu Papa Djibril FALL
Député à l’Assemblée nationale