Publié le 9 Sep 2025 - 12:10

La CHINE, le Sud émerge avec le vent d’Est

 

Jusqu’à la fin du 20ème siècle c’est l’éternuement des États-Unis qui a fait attraper le rhume au reste du monde. Mais à présent celui de la Chine impacte des plus petits pays jusqu’au géant américain. Si le Sud global en général n’en attrape pas le rhume mais un réconfort, le Nord, par contre, s’en trouve hanté et esseulé.

Oui, le monde est entrain de changer de base, l’unipolarité cède face à la poussée du multilatéralisme.

C’est le réveil des peuples jadis colonisés avec, en tête, la République Populaire de Chine qui est sortie d’un siècle d’humiliation que lui ont infligée des puissances prédatrices comme le Japon, l’Angleterre, l’Allemagne, le Portugal, la Russie tsariste, la France, les USA, etc…

La fin de ces moments de ténèbres a été signifiée au monde entier quand, le 1er Octobre 1949, du haut de la tribune devant la porte du Palais de la Paix Céleste (Tiananmen) le Timonier Mao Zedong a déclaré que la Chine est à jamais debout, pendant la célébration de la victoire sur le Guomindang et les forces impérialistes. Ça a été l’épilogue d’une guerre populaire prolongée intense de 22 ans (1927-1949) avec comme fer de lance l’alliance des ouvriers et des paysans sous le leadership d’un Parti Communiste dirigé par des stratèges politiques et militaires hors pairs. Ces derniers ont eu la vision d’unir l’essentiel du peuple en forgeant une large et solide alliance patriotique avec les autres partis et forces démocratiques, des plus petits aux plus significatifs. Cela leur a permis d’isoler les forces réactionnaires apatrides. Toutefois le tribut payé a été lourd avec 23 millions de martyrs et des destructions massives d’infrastructures. Il clair, comme l’a si bien dit le Président Mao, que la révolution n’est pas un dîner de gala.

Ce mouvement a forgé une conscience sociale d’une responsabilité collective pour la préservation de la souveraineté nationale, pour une mobilisation dans le travail d’édification d’une puissance économique contribuant à la paix global.

De Mao Zedong à Deng Xiaoping à Xi Jinping dans cette nouvelle ère le Parti des Travailleurs a œuvré avec clairvoyance, pragmatisme et résilience pour tirer le pays des abysses du sous-développement. À présent ce pays vaste de 9 596 961 kilomètres carrés avec 1 milliard 400 millions d’habitants a fait des prouesses sans précédent dans l’histoire de l’humanité.

En 40 ans (1980-2020), sans empiéter sur la liberté d’aucun autre peuple, la Chine a accompli un développement économique que l’occident n’a pu réaliser que pendant plus de 200 ans en ravageant le reste du monde à travers la traite et l’esclavage des africains, la colonisation de presque tous les pays non européens, des guerres de rapine pour le repartage du monde (1914-1918; 1937-1945). Soulignons ici 1937 car c’est le début de la deuxième guerre quand le Japon impérialiste a envahi la Chine. Pour les européocentristes qui se sont considérés comme le centre du monde la vie des autres ne compte pas.

Cet état d’esprit saugrenu est maintenant battu en brèche principalement par la Chine qui a dépassé tous les pays d’Europe pour se placer en tête dans le classement en parité de pouvoir d’achat devant les États Unis et deuxième en termes de production intérieure brute derrière celui-ci. En plus, au lieu de créer au passage une armée de SDF (Sans Domicile Fixe) et de homeless comme c’est le cas en occident, la Chine a plutôt réalisé un développement inclusif. En effet en 40 ans la République Populaire a fait sortir de l’extrême pauvreté plus de 800 millions de personnes pour éradiquer définitivement ce fléau à l’intérieur de ses frontières. À ce jour les cinq accès sont assurés à tous les chinois: la route, l’eau, l’électricité, la téléphonie et l’internet. Elle a aussi frayé la voie à l’épanouissement d’une classe moyenne aisée de plus de 500 millions d’hommes et de femmes qui pourvoient la population touristique la plus importante au monde.

Au delà, la Chine n’exporte pas le chaos et la pauvreté mais la décence qu’elle a envers son peuple. Au lieu de s’emmurer comme d’autres le font elle accompagne ses voisins en s’ouvrant à eux et en les assistant dans la construction d’infrastructures routières et ferroviaires de pointe mais aussi dans la mise sur pied de parcs industriels de transformation agricole, énergétique et minière, de production de biens et de pourvoi de services. Ceci a fortement contribué à faire de l’orient un véritable hub dans les échanges commerciaux. L’Association des Nations de l’Asie du Sud-Est (ASEAN) est rapidement devenue le premier partenaire commercial de la Chine.

En dehors de l’Inde qui a une volonté de puissance sous-régionale et des Philippines, cheval de Troie des États Unis, la Chine entretient d’excellentes relations fraternelles avec ses nombreux voisins à travers l’Organisation de la Coopération de Shanghai.

De telles relations de bon voisinage ont grandement facilité le déroulement du méga projet stratégique de la Ceinture et de la Route (la Nouvelle Route de la Soie) que la Chine a déjà signé avec plus de 130 pays et organisations à travers le monde.

L’Initiative de la Ceinture et de la Route a été élaborée par le Président Xi Jinping et exposée au monde par lui en 2013 à Astana, Kazakhstan. Son but ultime est de faciliter la connexion et les échanges sous des voies multipolaires. Pour se faire la Chine construit dans les pays impliqués un ensemble d’autoroutes, de lignes de chemins de fer, de ports, d’aéroports, de réseaux de télécommunications mais aussi assiste ceux-ci dans le transfert de technologies avec des facilités d’entrée dans ses universités et la formation massive de techniciens sur place.

La volonté de la Chine d’œuvrer à la réalisation d’un monde multipolaire est manifeste dans son implication dans certaines organisations transcontinentales.

C’est le cas avec les BRICS-Plus où les pays qui y participent sont surtout motivés par le besoin de se soustraire de tout diktat et de préserver leur souveraineté pour un développement économique indépendant.

C’est également le cas quand la Chine a invité le monde entier à la fondation de la Banque Asiatique d’Investissement sur les infrastructures. Les pays d’Europe occidentale en sont des membres fondateurs malgré le lobbying dissuasif des américains. Si le Japon se range derrière les américains la Russie, pour sa part, et la plupart des pays d’Asie en sont des membres fondateurs.

Même l’Afrique y est représentée avec la présence de l’Egypte, de l’Afrique du Sud, du Nigéria, etc…

Il est salutaire que l’Afrique ait compris le changement de paradigme géopolitique relativement tôt en initiant le premier Forum de Coopération avec la Chine, le FOCAC, en 2000.

Et en 2009 la Chine est devenue le principal partenaire économique du continent dépassant les États Unis. Depuis, l’écart s’est toujours creusé car la Chine n’a pas cessé d’accompagner le continent dans la prise en charge de ses trois problèmes majeurs identifiés que sont le sous-développement des infrastructures, le déficit en travailleurs professionnels hautement qualifiés, les ressources financières insuffisantes.

La mise en œuvre des grandes politiques de coopération entre la Chine et l’Afrique est plus visible dans les parties australe, centrale et surtout orientale du continent. L’exemple le plus patent est le cas de l’Ethiopie qui est passée du statut de pays assisté à celui avec le taux de croissance le plus élevé à 10% d’année en année. Des parcs industriels avec la délocalisation d’entreprises aux lignes ferroviaires qui lui donnent accès à la mer en Djibouti et à la coopération politique, l’Ethiopie connaît un développement cadencé et pratique une politique de paix avec ses voisins, en particulier avec l’Erytrée.

Le succès story de l’Afrique et de l’ASEAN dans leurs rapports gagnant-gagnants avec la Chine a inspiré toutes les autres parties du Sud global qui leur ont emboité le pas en formalisant elles aussi leurs relations avec Beijing. Se sont ainsi succédés les fora, Ligue Arabe-Chine, en Amérique Latine CELAC-Chine, en Europe de l’Est Forum 17 plus 1, Asie Centrale-Chine.

Avec la Chine le Sud a sonné le glas de l’unilatéralisme et de l’hégémonisme.

Heureux donc de constater que le Sénégal a perçu la tendance et entend s’y inscrire résolument.

Depuis qu’à Paris en juin 2024 le Président Diomaye a pointé la direction des BRICS-Plus, il s’en est suivi sa participation remarquable au sommet du FOCAC en Chine en septembre 2024. Et pour consolider tout cela le Premier Ministre Sonko vient de se rendre en Chine pour la signature d’accords d’accompagnement du Sénégal dans le projet d’émergence en direction de 2050.  

Puissent de tels accords doter le pays d’une agriculture moderne mécanisée fournissant des produits de base pour une industrie de transformation diversifiée; un élevage intensif qui mettrait un terme à la transhumance et produisant des rendements élevés; des équipements pour une pêche industrielle compétitive; des connectivités routières, ferroviaires, fluviales et aériennes pour décloisonner tous les coins du pays pour des échanges fluides entre producteurs mais aussi pour une aisance dans le commerce intra africain; une capacité de transformation sur place de nos immenses ressources minières et énergétiques; un transfert de technologies permettant d’emprunter l’école chinoise de copier-corriger-améliorer-innover, cette voie éprouvée qui a placé la Chine en tête dans la production de brevets d’invention très loin devant les États Unis. Une participation au programme spatial de la Chine à l’instar du Kenya et d’autres.

En un mot que le Sénégal fasse comme l’Ethiopie et même plus dans une Afrique qui gagne, qui s’unit et qui joue pleinement sa partition dans ce monde multipolaire qui s’est enclenché.

 

Cheikh Ibrahima Niang

Norfolk Virginia

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