Publié le 11 May 2021 - 18:48
A LA FIN DES ARRÊTS DE RIGUEUR

Les trois options qui s’offrent au capitaine Touré

 

En arrêts de rigueur dans les locaux de la Légion de la gendarmerie d’intervention de Mbao depuis 60 jours, le sort du capitaine Oumar Touré sera bientôt scellé. Trois options tirées des règlements et statuts de la grande maréchaussée s’offrent à lui.

 

Depuis hier, le capitaine Oumar Touré est sorti et défensivement des arrêts de rigueur lui imposant de rester dans les locaux de la Légion de la gendarmerie d’intervention de Mbao, depuis 60 jours. Même si, pour l’instant, rien de sûr n’a encore fuité sur son avenir, des sources ont soutenu que seules trois options s’offrent à lui.

Soit l’agent à la Section de recherches de la gendarmerie de Colobane est présenté devant un conseil d’enquête, soit il est radié définitivement des rangs de la gendarmerie nationale. Pour ces deux premières options, renseignent nos interlocuteurs, c’est la plus haute autorité du pays, en la personne du chef de l’État Macky Sall, qui va en décider. Il peut, par ailleurs, tout simplement présenter une offre de démission des rangs de la grande maréchaussée que pourrait accepter le Haut-Commandement de la gendarmerie nationale. Le dernier mot reviendrait, dans ce cas de figure, au haut-commandant de la gendarmerie nationale et directeur de la Justice militaire, le général de division Jean-Baptiste Tine.

La loi n°2008-493 du 26 mai 2008, en son article 3, renseigne que les sanctions disciplinaires applicables aux militaires sont réparties en trois groupes. Les sanctions du premier groupe sont : l'avertissement, la consigne, la réprimande, le blâme, les arrêts et le blâme du ministre. Les sanctions du deuxième groupe sont : l'exclusion temporaire de fonctions pour une durée maximale de cinq jours privative de toute rémunération ; l'abaissement temporaire d'échelon ; la radiation du tableau d'avancement. Les sanctions du troisième groupe sont : le retrait d'emploi défini par les dispositions de l'article L.4138-15 ; la radiation des cadres ou la résiliation du contrat.

‘’Les sanctions disciplinaires ne peuvent se cumuler entre elles, à l'exception des arrêts qui peuvent être appliqués dans l'attente du prononcé de l'une des sanctions des deuxième et troisième groupes qu'il est envisagé d'infliger. En cas de nécessité, les arrêts et les consignes sont prononcés avec effet immédiat. Les arrêts avec effet immédiat peuvent être assortis d'une période d'isolement. Les conditions d'application du présent article font l'objet d'un décret en Conseil d'Etat’’, renseignent nos interlocuteurs.

Fuites sur le procès-verbal et persécutions

Dans cette affaire, il faut rappeler que le capitaine Oumar Touré était en charge de l’enquête, dans l’affaire opposant Adji Sarr à Ousmane Sonko. Le 7 mars dernier, il a annoncé sa démission de la gendarmerie. ‘’Je transmets, aujourd’hui, ma démission au président de la République du Sénégal, par voie hiérarchique, en renonçant volontairement et d’une manière absolue aux prérogatives attachées à mon grade’’, lit-on dans la lettre qu’il a rendue publique. 

L’officier de la gendarmerie y déclare qu’il pose cet acte dans le souci de préserver sa sécurité et celle de sa famille. Car, dit-il, depuis la fuite du procès-verbal de l’enquête qu’il a menée avec ses collègues, il est suivi par des individus qui seraient des éléments de la Direction nationale du renseignement sénégalais. ‘’Pour une affaire privée, j’ai été plutôt très surpris par cette mesure… J’ai ainsi saisi ma hiérarchie par correspondance, en date du 3 mars 2021, de mes craintes pour ma sécurité et celle de ma famille’’, dit-il dans sa lettre.

Mais, soutient-il, aucune mesure n’a été prise et ces individus ont continué de suivre ses déplacements, allant jusqu’à mettre sur écoute ses communications, en anticipant ses faits et gestes. ‘’Ce qui constitue une violation de mes droits constitutionnels. Tout cela parce que je suis soupçonné, à tort, d’être à la solde d’un opposant que je n’ai rencontré que le jour de la remise de sa première convocation dont j’étais porteur, donc en faisant mon travail conformément aux ordres de mes chefs’’, s’est-il plaint.

Il ajoutait : ‘’Il est vrai que je suis astreint au droit de réserve. Toutefois, lorsque l’Etat n’applique pas la réciprocité en respectant ses engagements envers moi, en mettant en danger ma vie et celle de ma famille, je suis en droit de dénoncer et de prendre les Sénégalais à témoin. Je tiens à informer la communauté nationale et internationale que tout ce qui m’arrivera à moi ou à un membre de ma famille sera de la responsabilité exclusive de l’Etat du Sénégal et de la gendarmerie nationale qui n’a rien fait pour faire cesser la violation de mes droits.’’

Pour démontrer sa bonne foi dans le traitement de cette affaire, le capitaine Touré a défié quiconque de produire la preuve matérielle de son contact avec le député Ousmane Sonko, hormis pour le motif cité plus haut. ‘’Rien ne justifie qu’on me surveille comme un vulgaire criminel, en tant qu’officier public. Si un officier de gendarmerie peut subir une telle discrimination pour faire plaisir à un individu, je me demande comment le Sénégalais lambda sera traité. Je préfère la faim avec la conscience tranquille que l’opulence en perdant mon sommeil et ma sécurité. Toute ma vie, je me suis battu contre l’injustice et maintenant, c’est moi qui en fait l'objet’’, se plaignait-il.

CHEIKH THIAM

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