La mise en place d’un Collectif des victimes prônée
Mettre en place un Collectif des victimes de répression lors des manifestations populaires, c’est ce que prône Maguèye Thiam, oncle du détenu Ibrahima Mbow, tué lors de la mutinerie de Rebeuss en 2016.
Ibrahima Mbow dit Ibrahima Fall a eu la malchance d’être pensionnaire à la maison d’arrêt de Rebeuss. Agé de 33 ans, ce jeune Rufisquois, qui était en détention préventive pour recel, sera atteint par balle, le 20 septembre 2016, lors de la mutinerie déclenchée par des prisonniers pour manifester contre leur longue détention préventive, aggravée par de mauvaises conditions d’incarcération. Après le drame qui a fait un mort et plus de 40 blessés, le Parquet a confié l’enquête à la Division des investigations criminelles (DIC). ‘’Depuis la mort d’Ibrahima Mbow, les choses n’ont pas bougé. Une autopsie a été réalisée et les résultats sont disponibles. Jusqu’à présent, le Doyen des juges, après sa première sortie, ne s’est pas prononcé sur la question’’, a regretté Maguèye Thiam, l’oncle de la victime qui a contacté EnQuête.
En réalité, ce dernier a senti la nécessité de remettre l’affaire sur la table, après la mort, la semaine dernière, de l’étudiant Fallou Sène qui, selon lui, ‘’a été tué dans les mêmes circonstances’’. ‘’La mort de l’étudiant Fallou Sène est récente et les choses risquent de se passer de la même manière. C’est pourquoi nous lançons un appel pour la création d’un collectif des victimes des manifestations populaires. Ceci pour mener le combat ensemble, afin que justice soit faite’’, a déclaré M. Thiam. Et de poursuivre : ‘’Nous ne réclamons rien. Tout ce que nous voulons, c’est que justice soit faite. Nous avions interpellé le ministre de la Justice Ismaïla Madior Fall après sa nomination, mais jusqu’à présent, il ne s’est pas prononcé sur cette affaire.’’
Au fait, ce que l’oncle d’Ibrahima Mbow déplore ‘’le plus’’ dans ces affaires, c’est qu’aussitôt après les drames, les autorités font des déclarations pour dire que ‘’justice sera faite’’. ‘’Le procureur s’autosaisit, mais après, rien n’est fait. Aujourd’hui, la question, c’est de savoir ce qui bloque ces procédures. C’est pourquoi j’appelle toutes les familles des victimes à se réunir afin de créer une association et saisir le président de la République.’’ Dans cette initiative, Maguèye Thiam compte passer à l’action dès à présent. Il a promis d’essayer de contacter les familles concernées durant la semaine, pour discuter avec elles. Le but visé est de fédérer les idées et de dérouler un plan d’actions pour qu’au moins, justice soit faite.
Il faut noter que dans l’affaire Ibrahima Mbow, le Doyen des juges d’instruction a convoqué, le 30 août 2017, la famille de la victime, notamment la mère et la veuve du défunt, pour une audition. Et depuis lors, le dossier n’a pas évolué.
MARIAMA DIEME