Le monde du sport réagit à la guerre en Ukraine
L’UEFA, l’instance européenne du football, se réunit vendredi pour acter la relocalisation de la finale de la Ligue des champions, prévue à Saint-Pétersbourg. En basket, Barcelone a décidé de ne pas aller jouer en Russie ses matchs d’Euroligue.
La guerre menée par la Russie en Ukraine provoque de nombreuses réactions dans le monde du sport. A commencer par celle du Comité international olympique (CIO), qui a dénoncé, jeudi 24 février, « la violation de la trêve olympique par le gouvernement russe ».
Dans un communiqué, l’instance « condamne fermement » l’invasion de l’Ukraine. Elle rappelle que les 193 Etats membres de l’ONU avaient adopté le 2 décembre 2021 par consensus une résolution appelant au respect de la trêve olympique pour les Jeux olympiques et paralympiques de Pékin 2022 à partir du 4 février et jusqu’à sept jours après la clôture des Jeux Paralympiques, le 13 mars. « Aujourd’hui, le président du CIO, Thomas Bach, réitère son appel à la paix lancé dans les discours qu’il a prononcés lors de la cérémonie d’ouverture et de la cérémonie de clôture des Jeux olympiques », déclare le CIO dans son communiqué.
Le CIO fait également part de sa « profonde préoccupation quant à la sécurité de la communauté olympique en Ukraine ». Il a mis en place un groupe de travail chargé de suivre de près la situation et « de coordonner, dans la mesure du possible, l’assistance humanitaire aux membres de la communauté olympique en Ukraine ».
Délocalisation en vue pour la Ligue des champions de football
Les premières mesures de rétorsion à l’égard de la Russie s’esquissent. Aleksander Čeferin, le président de la Confédération européenne du football, l’UEFA, a convoqué une réunion extraordinaire du comité exécutif vendredi à 10 heures pour « évaluer la situation » et « prendre toutes les décisions nécessaires » au sujet de la finale de la Ligue des champions, prévue le 28 mai à Saint-Pétersbourg. A cette occasion, un lieu de remplacement devrait être confirmé.
Selon l’agence de presse américaine AP et le quotidien Times, l’UEFA a déjà décidé, jeudi, de délocaliser l’événement. L’invasion de l’Ukraine par la Russie a rendu la situation autour de la finale « impossible », ont confié des sources proches de l’instance, citées par le Times. Mardi, le premier ministre britannique, Boris Johnson, avait déclaré qu’il n’y avait « aucune chance » que la Russie puisse accueillir des tournois de football lors des prochaines semaines.
La question de la tenue à Moscou, les 24 et 29 mars, des demi-finales et de la finale des barrages qualificatifs pour la Coupe du monde 2022 se pose également. Les fédérations de Pologne, de Suède et de République tchèque ont demandé jeudi, dans un communiqué commun, à délocaliser les rencontres (la Russie étant qualifié pour l’une des demi-finales, contre la Pologne). Ces fédérations « n’envisagent pas de voyager en Russie » et ont demandé à la FIFA et à l’UEFA, organisatrices, de « réagir immédiatement et de présenter des solutions alternatives ».
« Quand un pays est en guerre, il n’est pas correct d’y courir »
Si la Fédération polonaise de handball a officiellement demandé le report de deux rencontres prévues le mars et le 6 mars face à la Russie dans le cadre des qualifications au prochain championnat d’Europe 202, en rugby, le match entre la Géorgie et la Russie, prévu dimanche à Moscou dans le cadre du Tournoi des 6 Nations B a été reporté par Rugby Europe. Un report a également été décidé, jeudi, par l’Euroligue de basket pour ce qui concerne trois rencontres de la compétition européenne impliquant des clubs russes, jeudi et vendredi. Un peu plus tôt, le club de Barcelone avait annoncé qu’il n’irait pas jouer à Saint-Pétersbourg, vendredi et à Moscou dimanche à Moscou.
En Formule 1, même si l’échéance est plus lointaine, les pilotes néerlandais Max Verstappen et allemand Sebastian Vettel ont d’ores et déjà fait savoir que le Grand Prix de Russie, prévu le 25 septembre, se disputerait sans eux. « Je pense que ce serait mal de faire une course dans le pays, a expliqué Sebastian Vettel lors d’une conférence de presse en Catalogne, où se déroulent des essais de présaison, Pour ma part, mon opinion est que je ne devrais pas y aller. Je n’irai pas. »
« Quand un pays est en guerre, il n’est pas correct d’y courir, c’est certain », a appuyé Max Verstappen, le champion du monde en titre, ajoutant que « ce qui compte n’est pas ce que je pense, c’est l’ensemble du paddock qui décidera ». Les organisateurs du championnat du monde Formule 1 ont dit, à travers un communiqué, suivre « de très près les développements » de la situation. Mais ils se sont refusé à donner à ce stade « aucun autre commentaire sur la course prévue en septembre ».
Quelques sportifs ont également commencé à dénoncer cette guerre, dont le footballeur du Dynamo Moscou, Fedor Smolov : rare voix russe à s’exprimer sur le sujet pour le moment, ce dernier a écrit « Non à la guerre », suivi d’un drapeau de l’Ukraine et d’un cœur brisé, dans un court message sur Instagram.
Gazprom évincé du maillot du club de football Shalke 04
Au-delà des remises en cause de la tenue des compétitions en Russie, ce sont aussi les partenariats impliquant des intérêts russes qui commencent à faire l’objet de mesures de mise à l’écart.
Le club de football allemand de Schalke (D2) a, par exemple, décidé, jeudi, « de retirer le mot Gazprom de ses maillots ». Le fournisseur de gaz, majoritairement contrôlé par le gouvernement russe, est le sponsor principal du club, ce dernier n’a pas dit s’il comptait se passer aussi des financements de Gazprom. Par ailleurs, Matthias Warnig, qui avait été désigné en 2019 par Gazprom pour représenter l’entreprise auprès de Schalke, a démissionné du conseil de surveillance du club de football. PDG de la société d’exploitation du gazoduc Nord Stream 2, qui relie la Russie à l’Allemagne, et ex-haut responsable de la Stasi, le ministère est-allemand de la sécurité intérieure, selon les médias allemands, il a été ciblé par des sanctions américaines.
LEMONDE.FR