Publié le 13 Jul 2022 - 16:14
LIMOGEAGE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL D’AIR SÉNÉGAL SA

Ibrahima Kane emporté par les couacs à répétition 

 

Les nombreux dysfonctionnements et autres couacs qu’a rencontrés la compagnie aérienne Air Sénégal SA, depuis plusieurs années, semblent avoir eu raison du poste d’Ibrahima Kane, limogé de sa fonction de directeur général de ladite compagnie, hier. Il est remplacé par un homme du sérail, El Hadj Alioune Badara Fall, Conseiller technique au ministère du Tourisme et des Transports aériens. 

 

C’est une ascension qui vient d’être fauchée en plein vol. Ainsi, Ibrahima Kane n’est plus aux commandes de la compagnie aérienne Air Sénégal SA, depuis ce mardi 12 juillet 2022, après son limogeage à la suite d’une réunion du Conseil d’administration de la compagnie. Il est remplacé par Alioune Badara Fall. Le commandant El Hadj Alioune Badara Fall est un pilote et est actuellement conseiller technique au ministère du Tourisme et des Transports aériens, chargé du pavillon national (Air Sénégal SA). Il prend désormais la tête de la compagnie issue de la défunte compagnie Air Sénégal International (Asi). 

L’ancien patron de la compagnie nationale, ingénieur-polytechnicien de formation, a été nommé, en 2019, en provenance de la direction du Fonds souverain d’investissements stratégiques (Fonsis), en remplacement de Philip Bohn. Durant son passage à la tête de la compagnie aérienne, l’ancien DG d’Air Sénégal, créé en 2018, a pu bénéficier de la volonté du chef de l’État Macky Sall d’ériger la compagnie nationale en un fleuron de l’aéronautique sénégalais ; de faire de l’aéroport Blaise Diagne de Dakar un hub du transport aérien en Afrique de l’Ouest et de relancer la destination touristique Sénégal.

Depuis 2019, la compagnie aérienne a fortement renforcé sa flotte d’aéronefs composés de sept appareils : deux Airbus A321-211, deux Airbus A330-900Neo, un Airbus A 220-300, deux ATR 72-600. Prochainement, trois Aibus A319 devraient venir gonfler le parc d’Air Sénégal. La compagnie se fixe pour mission de desservir aussi bien des lignes intérieures que des capitales sous-régionales africaines et quelques métropoles européennes.

Les dysfonctionnements et couacs qui ont plombé Air Sénégal

Toutefois, l’ouverture de la ligne Dakar - Washington via New York, en septembre 2021, le record du plus long vol avec un A330, doit être aussi mis à l’actif de l’ex-DG Ibrahima Kane. Mais les turbulences que rencontre la compagnie, depuis plusieurs mois, ont eu raison de la tête du ci-devant boss d’Air Sénégal. La compagnie a accumulé, au cours des dernières années, de nombreux couacs (annulation de vols, retards, problèmes d’hébergement, manque de personnels qualifiés…) déclenchant à plusieurs reprises le mécontentement des usagers de la compagnie.

Tout récemment, près de 160 Sénégalais ont été bloqués, pendant plus de 48 heures, à l’aéroport de Milan, le 4 juillet 2022. Les passagers abandonnés à eux-mêmes ont été obligés de dormir sur les lieux, sous le regard médusé des autres usagers de l’aéroport de Milan. 

Par ailleurs, un avion Air Sénégal a été endommagé par les opérations de manutention à l’aéroport de Roissy-Charles de Gaulle, le 4 juillet 2022.  La paroi de l’aéronef a, en effet, été "percutée et abîmée pendant son chargement sur le tarmac de l’aéroport, par la faute d’une mauvaise manipulation", lit-on dans la note d'information de la compagnie aérienne.

Pis, l’annulation du vol Dakar – Yaoundé, qui devait conduire les familles et proches de footballeurs pour la finale de la Can-2021, a participé à dégrader l’image de la compagnie aérienne aux yeux du grand public.

Les solutions pour le renforcement des capacités opérationnelles d’Air Sénégal 

Pour mettre fin à cette série noire, le nouveau directeur général d’Air Sénégal doit relever un certain nombre de défis liés à une meilleure maîtrise des capacités opérationnelles d’Air Sénégal. Moctar Ndiaye, ancien pilote, ancien contrôleur aérien, dans les colonnes d’’’EnQuête’’ du 26 septembre 2021, a dégagé quelques pistes de solution pour améliorer les services de la compagnie Air Sénégal. ‘’C’est au niveau opérationnel qu’il faut prendre en charge certaines questions. Il faut veiller à ce que les appareils soient prêts à temps. Les causes techniques doivent être amoindries au maximum, même s’il faut reconnaître que tout ne dépend pas de la compagnie. L’autre problème, c’est là où les grandes compagnies peuvent facilement affréter un autre avion pour pallier un retard, certaines petites compagnies comme Air Sénégal ne le peuvent pas. Il faut, en effet, avoir assez d’aéronefs pour ce faire, pour pouvoir se redéployer, dérouter des vols pour aller prendre des passagers dont le vol est en retard. Beaucoup de paramètres compliqués pour une petite compagnie’’, déclarait-il.

L’expert préconisait de mettre l’accent sur un service performant et efficace pour gérer certains impairs qui ne peuvent pas manquer.  “C’est au niveau du sol qu’il y a peut-être des failles. Au Sénégal, malheureusement, on n’a pas une école d’aéronautique. On a juste quelques écoles privées. Il peut y avoir des problèmes au niveau du recrutement, mais c’est surtout des facteurs humains. Il y aura toujours quelques brebis galeuses sur la chaîne. Parfois aussi, il y a un problème de laxisme, de manque de rigueur… Les Occidentaux sont généralement plus stricts à ce niveau’’, constatait le spécialiste. 

Makhfouz NGOM

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