Publié le 20 Sep 2012 - 08:00
NIARY TALLY-VAINQUEUR DE LA COUPE DE LA LIGUE

Le football, plus qu’un sport (1ère Partie)

 

 

 

Passion inexplicable, le football ne se vit que dans la démesure, à Niary Tally. De la liesse populaire du sport à la situation sociale collective, le football rythme les états d'âme de toute une population. Reportage au sein du nouveau vainqueur de la Coupe de la Ligue.

 

 

Dans une localité où le foot est légion, et à Niary Tally une religion, cette discipline va forcément réussir à prendre place dans la vie de la population. À Niary Tally-Grand Dakar-Biscuiterie (NGB), le club se confond désormais à ces trois quartiers populeux de la capitale et Niary Tally comme porte-drapeau et identité de l'équipe.

 

Trois jours après sa victoire en finale de la Coupe de la Ligue (le premier sacre majeur du club dans l'élite du foot sénégalais), Niary Tally vibre toujours. Sous l'éclairage des rayons lumineux du levant jaune, les couleurs ''Bleu et rouge'' du club brillent de mille feux sur les murs, les poteaux électriques et les arbres qui ont fini de donner un charme pittoresque à la localité. Les habitants, eux aussi, s'associent à la fête. Tous arborent les maillots. Les paniers de marché, sacs, pochettes et autres gadgets peignent parfaitement l’atmosphère. Le bleu du ciel se perd dans le bleu et rouge de NGB.

 

''Notre amour dépasse le foot''

Dans la boutique du club, les maillots côtoient sacs, paniers de marché, sacoches, housses, porte-clés, autocollants, cendriers… La folie déclinée sans fin en produits dérivés. Une passion vécue à l'identique. Fièvre qui se retrouve chez les fans. Assis en groupe, certains jeunes refont la finale de samedi passé. ''Je suis fier d’appartenir à Niary Tally'', exhibe Moustapha Fall dit ''Tapha Ndar''. Dans les rues, les femmes au foyer, les vendeurs, les chauffeurs de taxi arborent fièrement le maillot de leur club fétiche. ''On a honte de sortir de sa maison sans le maillot Niary Tally'', estime le président de la Commission sportive, Alioune Ndiaye. Ici on mange, boit, grandit, dort, vit, pense Niary Tally. La passion se lit sur tous les visages, jeunes ou vieux, dans toutes les couches sociales, riches ou pauvres, travailleurs ou chômeurs. ''On ne croit qu’au football et à Niary Tally'', soutient Boubacar Bâ. ''Il m'est arrivé plusieurs fois de dépenser pour l'ASC que de donner la dépense pour mon foyer'', révèle Dame Diop. Comme ce père de famille, Adja Fatou Sarr, ancienne cuisinière de l’équipe, ne lésine pas sur les moyens pour son club. ''Niary Tally est tout pour moi. Il m’arrive de mettre la dépense journalière de ma famille à la disposition de l’équipe. On n’a que Niary Tally'', souligne la Dame. ''Nos besoins ne comptent plus devant ceux de l'équipe'', ajoute le chargé de la commission organisation, Amadou Kanté alias ''Tons''. Chômeur endurci aux couleurs de l’équipe, café touba en main, Ciré, 28 ans, informe : ''Quand l’équipe joue, j’oublie les difficultés existentielles de la vie et mon statut de chômeur''.

 

''Je me suis enveloppée d’un linceul de 7 mètres...''

Pour Niary Tally, tous les sacrifices sont permis. ''Je me suis enveloppée d’un linceul de 7 mètres et j'ai prié pour que l’équipe batte ASC Thiawlène en phase régionale'', dit avec passion et sans regret Ndèye Ndiaye, mère de Pape Sidi Ndiaye, ancien joueur de l'équipe. Aliou Cissé, lui, a fait toutes ses armes à Niary Tally et a eu l'honneur de soulever la coupe en tant que capitaine. ''Niary Tally est tout pour moi. Si je me bats à mort sur les pelouses, c’est pour les supporters et pour ne pas décevoir. Si j’étais dans une autre équipe, je serais incapable de faire de bonnes prestations'', avoue l'enfant prodigue de la localité.

 

D'où viennent cet attachement et cet amour indéfectibles des populations pour leur club ? Pour trouver la vraie réponse, il faudra peut-être aller la chercher sur l’aspect ultra sportif qui unit NGB et ses habitants. Aspiré par son décor le long des 42 rues qui jouxtent ou traversent les deux voies, Niary Tally donne aujourd'hui une autre identité au foot que beaucoup de quartiers rêvent d'avoir pour leur équipe fanion. Un vrai sport de masse affective. ''Notre amour pour Niary Tally dépasse le foot. Je suis prêt à donner ma vie pour l’ASC (Association sportive et culturelle) Niary Tally'', soutient le jeune Souleymane Ndao. Le visage sérieux et les yeux remplis d’amour de cet inconditionnel donnent plus de crédit à ses paroles. Preuve qu'à Niary Tally, le foot dépasse la cadre sportif, c’est une vraie religion qui rythme la vie des gens.

 

(2eme partie)

 

MAMADOU LAMINE SANÉ

 

 

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