Près de 3 170 plaintes de locataires ou de bailleurs déjà enregistrées
Créé en mars 2023, le Conseil d'orientation de la Commission nationale de régulation du loyer des locaux à usage d’habitation (Conarel) vient d’officialiser ses membres qui ont été installés, hier, par le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME, Abdou Karim Fofana. Lors de la cérémonie, le président de la Conarel, Momar Ndao, a souligné que le retard noté dans cette installation a fait que la commission n'a pas pu faire tout ce qu'elle devrait faire depuis sa création.
Ayant pour missions fondamentales de traiter des différends entre les bailleurs et les locataires, de programmer un certain nombre de textes qui doivent aider à la régulation du loyer, de faire des propositions pour l'accès au logement en accompagnant les locataires à devenir aussi des propriétaires, les membres du Conseil d'orientation de la Conarel ont été officiellement installés, hier, sous la présidence du ministre du Commerce de la Consommation et des PME. Créé il y a de cela huit mois, le président de cet organe de régulation, Momar Ndao, a souligné que le retard noté par rapport à leur installation a fait que la commission n'a pas pu faire ce qu'elle devrait faire pendant tout ce temps.
"Aujourd'hui, nous traitons tous les contentieux, mais les autres aspects relatifs à la réglementation, à l'application, aux descentes sur le terrain que nous devons faire, à passer l'information au niveau le plus décentralisé, nous ne pouvons pas le faire, parce que le budget même de la commission n'est pas encore adopté. Il le sera à partir de ce jour", a déploré le président de la Conarel.
Or, pour que la maîtrise du coût du loyer soit réglée, explique M. Ndao, il y a plusieurs éléments qui doivent entrer en jeu. "Il faut qu'il y est une grande offre de logement qui est supérieure à la demande, ce qui n'est pas encore le cas, du fait que nos voisins sont des pays qui ont quelques difficultés et qui ont envoyé la plupart de leurs familles au Sénégal. Ces derniers ont les moyens de payer, donc ce qui fait une offre financière solvable assez importante et l’offre de logement n'est pas suffisante", a-t-il indiqué.
De même, poursuit-il, "les textes doivent être connus, respectés par l'ensemble des acteurs, pour que ces derniers puissent recourir à l'application des textes.
Donc, dit-il, si tous ces éléments ne sont pas réunis, il va falloir toujours courir auprès la mise en œuvre de la politique de régulation des loyers".
Par rapport aux saisines, informe Momar Ndao, "nous avons reçu près de 9 000 appels et parmi ceux-ci, il y a près de 3 170 plaintes de locataires ou de bailleurs qui nous ont été soumises et qui ont été traitées à 98 %. Il y a également quelques contentieux sur la compréhension des textes, entre les locataires et les bailleurs. Parfois, c'est le locataire qui se plaint ou vice-versa, parce que tout simplement, chacun d'entre eux a une mauvaise compréhension de ce que disent les textes ou une ignorance absolue de la réglementation et les querelles de voisinage qui arrivent de temps en temps et qui doivent être traitées de la manière la plus équitable possible".
"Nous pensons à une caravane..."
Le ministre du Commerce, de la Consommation et des PME de rappeler que depuis la mise en place de la Conarel, l’organe exécutif se déploie sur le terrain avec l'installation des commissions régionales et départementales qui permettent de prendre en charge les contentieux, des difficultés entre bailleurs et locataires. Après avoir reconnu que la Conarel a fait un travail très positif et significatif, Abdou Karim Fofana a fait savoir qu'elle doit maintenant s'adapter à notre temps.
En effet, explique-t-il, les usagers du service public ont une attitude différente, surtout lorsqu'il s'agit de questions relatives à la conciliation. C'est pourquoi, dit-il, "il nous faut aller vers eux. Il nous faut les informer davantage sur leurs droits, sur leurs devoirs. Nous pensons à une caravane qui permettrait de s'installer dans les arrondissements, communes où il y a une densité locative très élevée, pour les informer de l'existence de la commission, mais aussi leur permettre de venir s'exprimer, qu'on soit locataires ou bailleurs". Tout ça, indique-t-il, entre dans l'optique de concilier les populations et de permettre aux acteurs d'avoir la bonne information et éviter des contentieux inutiles".
Selon Abdou Karim Fofana, le monde a beaucoup changé en une décennie. C'est pourquoi, soutient-il, "la proximité, ce n'est plus une question physique, mais peut-être une question digitale. C'est la raison pour laquelle il nous faut d'abord être proches des usagers par les moyens qu'ils utilisent".
Avant, rappelle le ministre, "c'était la télé, la radio. Mais maintenant, c'est le téléphone et il nous faut aussi passer par des relais communautaires qui peuvent, en attendant l'arrivée des structures de l'État, informer, calmer des situations, permettre aux acteurs de se parler et d’éviter d'en arriver à des situations qui ne sont pas souhaitées".
In fine, Abdou Karim Fofana a déclaré que la Conarel représente la structure de l'État, le cadre qui permet de nourrir cette réflexion est de poser des questions qui permettent à l'État de prendre des décisions appropriées à ce sujet.
FATIMA ZAHRA DIALLO