Publié le 26 May 2021 - 02:38
PASSAGE A TABAC DE SERIGNE BASSIROU MBACKE PAR 4 POLICIERS

Les premières sanctions tombent 

 

Les bavures policières ne s’estompent pas au Sénégal. La dernière en date est celle perpétrée contre Serigne Bassirou Mbacké par des éléments de la brigade de recherches du poste de police de Gouy Mbind de Touba. Le Directeur de la sécurité publique a procédé à la suspension des quatre policiers impliqués dans cette histoire qui alimente les discussions à Touba.

 

Le recours illégal à la force par la police, si elle est injustifiée ou excessive, peut s’apparenter à la torture ou à d’autres formes de mauvais traitements. Pour n’avoir pas compris cela, les policiers Abdou Diop, Abdou Karim Jean Michel Breuck, Ibrahima Thioye et Boubacar Diatta, tous en service au commissariat de Gouye Mbinde, s’en sont pris à Serigne Bassirou Mbacké, un petit-fils de Feu Serigne Moustapha Bassirou Mbacké, grand frère de l’actuel khalife général des mourides. Dans sa plainte, Serigne Bassirou Mbacké, âgé de 42 ans, accuse les policiers sus-nommés de voies de faits, coups et blessures volontaires et actes de torture.

 Ces actes commis par les policiers sur Serigne Bassirou Mbacké, lui ont occasionné une incapacité temporaire totale de 10 jours. Dans sa plainte, il écrit : « Les quatre agents dont il s’agit se sont introduits au domicile de ma maman Soda Mbacké sis à Darou Miname où je loge avec mon épouse et mes enfants, au petit matin du lundi10 mai, sans signe distinctif de la police. Le premier, après avoir obtenu l’indication de ma chambre, m’a obligé à ouvrir la porte, alors que je n’étais pas encore réveillé. A ma grande surprise, il m’a empoigné et il a fallu que je réagisse vigoureusement pour qu’il décline sa fonction. Et alors que je l’invitais à patienter au salon contigu à ma chambre, le temps de mettre un habit décent, il s’y est opposé. Au même moment, trois de ses collègues ont escaladé le mur de la maison et se sont jetés sur moi, me rouant de coups et m’ont menotté».

Sa maman, qui tentait de venir à son secours, a été violentée et jetée à terre. Ensuite, renseigne une partie de la famille qui faisait face à la presse sur le parvis du commissariat spécial de Touba, « Serigne Bassirou Mbacké a été balancé dans la cour de la maison à même le sol, pendant au moins 30 mn, et soumis à toutes sortes de traitements cruels, inhumains et dégradants, dont des coups sur les parties intimes, ce qui lui a fait perdre connaissance. Il se réveillera les mains menottées et laissé à lui-même sous le soleil ardent du « pinthie » (grande place), au bout de 40 mn »

C’est pour toutes ces raisons que Serigne Bassirou Mbacké demande au procureur, « au regard de la gravité de tels faits d’une gratuité sans précédent, puisqu’en fin de compte, il s’agissait d’une erreur sur la personne, qu’une enquête soit rapidement ouverte contre les quatre policiers et que la loi leur soit appliquée dans toute sa rigueur ».

Il a joint à la plainte le certificat médical qui lui a été délivré et se constitue partie civile, dés à présent.

Dans ledit certificat médical établi par Docteur Diouf Boubacar et dont Enquête détient copie, on peut lire : « Docteur Diouf Boubacar, médecin à la polyclinique As Sayyidah Jaratullah Maryam de Daroul Minane, certifie avoir vu en consultation Monsieur Serigne Bassirou Mbacké, âgé de 42 ans, demeurant à Touba, qui, déclare être victime de coups et blessures au cours d’une agression par quatre policiers, ce lundi 10 mai vers 10h. A l’examen, nous retrouvons, une douleur palpatoire avec tuméfaction et érosions multiples aux poignets.  Douleur palpatoire dorsale en regard de l’omoplate droite + impotence fonctionnelle relative des membres supérieurs. La radiographie du thorax, des poignets et de l’épaule droite est sans particularité. Son état de santé nécessite une incapacité temporaire de 10 jours, sauf complications ultérieures ».

Mutation du chef de poste et suspension des quatre policiers

Après cet acte qui ne s’explique pas, la hiérarchie de la police a vite fait de réagir. Elle a muté le lieutenant Moussa Faye, commissaire du poste de police de Gouy Mbind, à Mbour. Il a été remplacé par le lieutenant Pape Ndiogou Mbaye qui était jusqu’à sa nomination, commissaire du poste de police de Diamaguène 2. En ce qui concerne les policiers Abdou Diop, Abdou Karim Jean Michel Breuck, Ibrahima Thioye et Boubacar Diatta, ils ont été suspendus jusqu’à nouvel ordre et mis à la disposition de la Direction de la sécurité publique.

Le directeur de la sécurité publique, patron des commissariats de police, reproche à ces quatre policiers et à leur chef le lieutenant Moussa Faye une intervention musclée dans une demeure d’un très proche du Khalife général des mourides, en l’occurrence, un de ses petits-fils de Serigne Bassirou Mbacké. Les policiers exploitaient un renseignement concernant un certain Bassirou Touré qu’ils ont confondu avec Serigne Bassirou Mbacké, présumé membre d’un gang qui a participé à une agression contre un septuagénaire, en emportant une somme de 150 millions Francs.

L’agression a occasionné des coups et blessures volontaires à la victime. Du côté de la police, des sources sous anonymat, confient : « Il n’y a jamais eu bavure sur la personne incriminée. Comment pouvez comprendre qu’avec tout cela, la victime ne s’en sorte qu’avec 10 jours d’incapacité temporaire de travail. Ce qui s’est passé n’est pas de la faute des éléments de la police. Ces derniers avaient reçu, de la part de leur supérieur hiérarchique, l’ordre d’aller cueillir Serigne Bassirou Mbacké. C’est ce qui a été fait et rien d’autre ».

A noter qu’un mémorandum a été remis, à l’issue du point de presse, au commissaire divisionnaire Bachirou Sarr, commissaire de la police de Diantoul Mahwa et patron des limiers de Touba. Charge à lui, de remettre le document aux autorités supérieures de la police. Pour rappel, le lieutenant Moussa Faye avait présenté les excuses de ses éléments et de la police toute entière à la victime et à sa famille.

Boucar Aliou Diallo

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