Publié le 16 Oct 2023 - 23:20
PRÉSENTATION DU PROJET DE LOI DE FINANCES 2024

Un budget projeté à 7 003,6 milliards F CFA

 

Le Sénégal va changer de président en 2024, mais les affaires publiques devraient poursuivre leur marche normale. Pour assurer cela, le projet de loi de finances 2024 va passer sur la table des députés.    

L’Assemblée nationale a procédé, samedi, à l’ouverture de la session ordinaire unique 2023-2024. Une rentrée parlementaire qui augure, à la fin de l’année, du vote du budget prévisionnel de l’année à venir.

À cet effet, le projet de loi de finances initiale (LFI) 2024 a été  annoncé par le gouvernement. Avec 6 411,5 milliards prévus pour l’année en cours, la LFI 2024 projette le budget du Sénégal à 7 003,6 milliards F CFA.

Un  chiffre record, même si l’évolution croissante du budget est dans l’ordre normal de l’économie. Toutefois, l’année 2024 est quelque peu spéciale. En effet, elle est  caractérisée par un budget dont le chef de l’équipe qui l’a constitué ne pourra l’exécuter que sur trois mois. À partir d’avril 2024, un nouveau chef de l’État devra prendre le relais du président Macky Sall. Entre continuité et rupture, le choix appartient aux Sénégalais.

‘’Un continuum de la marche de notre pays vers l’émergence’’

Mais l’État, de par sa vocation, s’inscrit déjà sur la durée. Comme cela est rappelé dans l’exposé des motifs du projet de loi de finances 2024. Ainsi, assure-t-on, il ‘’s’inscrit dans un continuum, celui de la marche de notre pays vers l’émergence’’.  Bien qu’un nouveau chef de l’Exécutif devra prendre fonction, le projet de loi de finances (PLF) 2024, selon ses concepteurs, ne fera ‘’que prolonger une histoire qui a commencé à s’écrire il y a dix ans, une histoire qui ne s’arrêtera pas en 2024, car elle transcende le sort personnel d’un président de la République que le PLF est pourvu de la même dignité que les lois de finances qui l’ont précédée’’.

Pour y parvenir, il s’appuie sur des chiffres revus à la hausse dans plusieurs domaines.

En effet, les prévisions de recettes du projet de loi de finances 2024 s’établissent à 4 915,2 milliards F CFA, contre 4 096,4 milliards dans la loi de finances 2023, soit une augmentation de 818,8 milliards (+20 %). Elles se composent de 4 390 milliards de recettes internes, des dons budgétaires et en capital d’un montant de 303, 8 milliards, de même que des recettes des comptes spéciaux du Trésor qui s’équilibrent à 221,5 milliards F CFA.

4 915,2 milliards contre 5 755,4 milliards F CFA

En même temps, le montant total des dépenses du projet de loi de finances 2024 s’établit à 5 755,4 milliards contre 5 141,9 milliards F CFA en 2023. La différence correspond à une augmentation de 613,5 milliards F CFA (+11,9 %) dont 4 832,3 milliards de dépenses sur ressources internes,  701,6 milliards en dépenses sur ressources extérieures, sans oublier les 221,5 milliards de dépenses des comptes spéciaux du Trésor.

À l’image des dispositions prises dans les précédentes lois de finances, le gouvernement mettra en place, pour 2024, une réserve de précaution (investissements sur ressources internes et externes) dotée de 90 milliards F CFA.

Si l’on ne prend en compte que les chiffres du budget général, les recettes s’établissent à 4 693,7 milliards F CFA, avec une hausse de 774,3 milliards sur l’exercice précédent, tandis que les dépenses sont arrêtées à 5 533,9 milliards F CFA, correspondant à une hausse de 11,5 %.

Le rapport de la projection des recettes et des dépenses fait ressortir un déficit budgétaire de 840,2 milliards F CFA. Pour le gouvernement, cela devrait être mieux qu’en 2023. Pour l’année en cours, le déficit budgétaire est calculé à 1 045,5 milliards F CFA, soit 5,5 % du PIB. Cela correspond à 2,5 points au-dessus du seuil communautaire qui est de 3 %.

5,5 % de déficit budgétaire en 2023, la PLF annonce un déficit de 3,9 % en 2024

Avec les projections sur 2024, la LFI annonce ainsi une baisse de cet indicateur, car le déficit serait de 3,9 % du PIB, ‘’à la faveur de la dynamique de croissance vigoureuse sur la période 2024-2028, ainsi que de l’amélioration de l’efficacité et de l’efficience des dépenses publiques’’.

Au-delà des chiffres, c’est un programme qu’annonce la LFI 2024. Pour essayer de pérenniser les acquis du Plan Sénégal émergent (PSE), le projet de loi de finances 2024 mettra un accent particulier sur le financement de l’agriculture, afin de favoriser une meilleure structuration des filières agropastorales et le développement des chaînes de valeur. ‘’L’enjeu est de moderniser et de relever significativement la productivité du secteur afin de gagner la bataille de la souveraineté alimentaire. Un accent particulier sera mis sur l’accessibilité et la disponibilité des intrants et du matériel agricole, l’amélioration des ressources génétiques et la santé animale et le renforcement des infrastructures de valorisation et de transformation des ressources halieutiques, l’accompagnement des acteurs en équipement et la préservation de la ressource ainsi que le développement de l’aquaculture’’, précise le document.  

Programme ‘’Xëyu Ndaw Ñi’’ actualisé

Au moment où les tentatives d’émigration irrégulière risquent de battre les records de 2006, avec le déferlement de pirogues remplies de jeunes Sénégalais sur les iles Canaries, le gouvernement veut soutenir l’emploi et l’employabilité des jeunes. C’est ainsi que le PLF 2024, ‘’conformément aux orientations du chef de l’État, accompagnera la mise en œuvre du Programme ‘Xëyu Ndaw Ñi’ actualisé, dans ses volets formations, recrutements spéciaux et entrepreneuriat. Le PLF 2024 misera également sur les opportunités de développement offert par le numérique, à travers des formations adaptées pour les apprenants, le soutien au développement des startups’’.

Le budget 2024 poursuivra les mesures de soutien direct aux ménages vulnérables à travers, entre autres, les bourses de sécurité familiale, la couverture maladie universelle, l’intensification et la montée en puissance des filets sociaux, pour préserver ces segments de la société de la précarité, au nom des principes d’équité, de solidarité et de cohésion sociale.

La modernisation des infrastructures et des services de transport sera poursuivie pour améliorer la mobilité et renforcer les échanges. Un œil particulier sera posé sur la relance annoncée du transport ferroviaire et maritime pour améliorer le fret.

Un budget qui intègre l’impact des changements climatiques

Dans le PLF 2024, une attention particulière sera accordée au développement du capital humain. L’État mise sur la qualité des ressources humaines pour créer les bases durables de son développement, en garantissant l’accès à l’éducation et à la formation, à la santé et à un cadre de vie décent. L’État poursuit, à cet effet, un objectif d’accès universel à l’eau, à l’assainissement, à l’éducation et à l’électricité pour les ménages, à la protection de l’environnement et à la lutte contre les aléas climatiques comme les inondations, les sécheresses, la dégradation des terres, l’élévation du niveau de la mer et les infestations de sauterelles.

Le Sénégal a pris des engagements forts concernant la mise en place du budget vert et la prise en charge des effets néfastes des changements climatiques. L’État mettra tout en œuvre pour le respect de ses engagements en matière de contribution déterminée au niveau national (CDN) à travers une meilleure prise en compte des mesures d’atténuation.

De même, les efforts d’adaptation au changement climatique réalisés dans les secteurs sensibles se poursuivront dans le processus budgétaire. Il s’agit, notamment, des investissements prioritaires liés à l’amélioration de la gestion de l’eau dans le secteur agricole, de la gestion de la résilience à l’érosion côtière et de la gestion des risques climatiques, de préservation de la biodiversité et du patrimoine naturel. Toutes les mesures y afférentes sont reflétées dans les politiques sectorielles et les réformes y afférentes.

Lamine Diouf

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