L'Anglais et les mères des fillettes encourent 10 ans ferme
Le parquet a requis, pour la seconde fois, une peine de 10 ans ans ferme contre un ressortissant anglais et ses acolytes sénégalais poursuivis pour trafic d’enfants.
L’affaire avait fait le buzz sur la toile. Il s’agit de l’arrestation d’une bande de cinq personnes pour trafic d’enfants. Nicolas Vogel, ressortissant anglais présenté comme le cerveau du présumé trafic, a été arrêté en même temps que les mères des trois présumées victimes. Prévenu de viol sur mineure et pédophilie, il est accusé d’avoir loué une suite pour les fillettes, pendant un mois et 10 jours au Radisson.
Sa co-prévenue Sokhna Ndoye Samb a été arrêtée, parce qu’elle aurait été recrutée pour s’occuper des filles. Le policier Seydina Ibrahima Thioune, élève officier de police, est également arrêté pour son implication dans la confection des extraits de naissance des trois mômes. De faux actes confectionnés par l’officier d’état-civil Alpha Yaya Diakhaté. Tout ce beau monde avait comparu devant le tribunal des flagrants délits de Dakar, le 4 décembre dernier.
Le tribunal devant rendre sa décision, le 11 décembre dernier, avait rabattu le délibéré et ordonné la réouverture des débats pour hier. À l’issue de ceux-ci, le substitut du procureur Saliou Dicko est allé au-delà du réquisitoire de son collègue Seydina Omar Diallo qui avait requis deux mois assortis du sursis, contre les mères des présumées victimes, et 10 ans contre le reste de la bande.
Le magistrat a requis la peine de 10 ans ferme contre tous les prévenus. Pourtant, tout au long des débats, les prévenus ont contesté les faits, confortés en cela par les dépositions des présumées victimes. Agées respectivement de 8, 10 et 11, Nd. F. Thiam, A. Thiam et A. L. Bah ont indiqué aux juges que Vogel ne leur a rien fait, mais qu’il voulait juste les aider. ’’J’ai connu Vogel au restaurant Ali Baba, alors que je mendiais avec ma grande sœur. Il était avec une autre femme qui servait d’interprète.
Il a appelé ma mère et après nous sommes partis à l’hôtel’’, a narré A. L. Bah, tout en précisant que Vogel n’est pas à l’origine de la perte de son hymen. ’’Durant les trois premiers jours, on partageait la même chambre avec lui et Sokhna, mais après il nous a donné une chambre nous trois’’, a renchéri Nd. F . Thiam. A. Diop d’ajouter : ’’Il ne nous a rien fait. On était d’accord, car il voulait nous aider à étudier’’.
’’Je ne sais pas pourquoi l’une a perdu son hymen''
Entendu, Vogel a embouché la même trompette que les fillettes. Il a indiqué que son intention était d’aider les fillettes avec le consentement de leur mère. Après les avoir inscrites à l’école, il projetait de les amener à Dubaï, mais après adoption. ’’Je ne sais pas pourquoi l’une a perdu son hymen, mais je n’ai jamais fait des attouchements sexuels à aucune d’elle parce que j’étais avec Sokhna qui est ma copine’’, a conclu le sexagénaire.
Le policier Seydina Ibrahima Thioune pense qu’il s’est retrouvé dans cette procédure, parce qu’il voulait aider sa cousine et belle-sœur Sokhna. ’’Elle est venue me dire qu’elle voulait aider trois fillettes à aller à l’école’’, a-t-il argué, tout en niant avoir reçu une contrepartie financière . ’’Lorsque je suis allé voir mon ami, je lui ai remis la feuille que Sokhna m’avait donnée. Mais je ne lui ai pas donné de l’argent, car on ne m’en avait pas donné’’, s’est défendu le policier.
Alpha Yahya Diakhaté a soutenu avoir confectionné les faux extraits dans le but d’aider les petites mendiantes à aller à l’école. Sokhna Ndoye Samb les a confortés, en affirmant n’avoir pas déboursé un centime. ’’J’ai écrit les noms des enfants, avec ceux de leurs parents, mais Vogel ne m’a rien demandé’’, a confié la dame. Les mères des fillettes ont elles aussi déchargé Vogel. Elles ont expliqué qu’étant veuves et sans abri, elles ont accepté de donner leurs enfants à l’Anglais pour que celui-ci les mette dans de bonnes conditions.
’’Il ne nous a pas dit qu’il voulait les faire sortir du pays, mais qu’il voulait les amener seulement à l’école’’, ont ajouté les dames, tout en précisant que Vogel leur avait remis des téléphones pour qu’elles puissent joindre leurs enfants sur le numéro de Sokhna.
Toutes ces déclarations ont poussé les conseils des parties civiles à plaider à décharge. ’’Nos clientes n’ont accusé personne et n’ont ni subi de traumatisme, ni fait l’objet d’actes sexuels’’, ont plaidé Mes Wagane Faye et Etienne Ndione. Selon le substitut du procureur Saliou Dicko, les mères sont ’’irresponsables’’. ’’Elles sont d’une légèreté extrême, vu qu’elles ne connaissent pas Vogel qui est étranger pour lui donner leurs enfants’’. La défense a estimé qu’il n’y a point de trafic, dès l’instant que Vogel entamait les démarches pour adopter les enfants. C’est pourquoi elle a plaidé la relaxe de l’ensemble des prévenus.
FATOU SY