Publié le 16 May 2018 - 14:06
PROTECTION DU JEUNE PUBLIC

L’irresponsabilité des médias, le grand écueil

 

Loin d’être une arme pour la censure, la signalétique serait un moyen de protéger les auditeurs et téléspectateurs, surtout le public vulnérable. C’est dans cette optique d’ailleurs que le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) veut la mettre en place.

 

Le constat est général. Les contenus des émissions que proposent les chaines nationales sénégalaises posent problème. Les enfants, le jeune public en général, en subissent les conséquences. Or, la protection de ces derniers vis-à-vis des médias est l’une des préoccupations majeures du Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra). C’est pourquoi, dans ses avis trimestriels, il n’a cessé de dénoncer les dérives et a rappelé souvent la nécessité de mette une signalétique. ‘’Une réglementation existe’’ à ce propos, tels que l’a rappelé hier, au cours d’une réunion d’information sur la mise en place de la signalétique au Sénégal tenue à la Maison de la presse, Jeanne Lopis Sylla du Cnra. 

Ladite rencontre est une initiative de l’autorité qui veut, dans une démarche inclusive, voir les voies et moyens pour instaurer cela en prenant en compte différents paramètres. Parmi ces derniers, le plurilinguisme, l’analphabétisme, etc. En outre, pour ceux qui pensent que la signalétique ne peut être appliquée qu’aux chaines de télévision, les journalistes Jean Meissa Diop et Pathé Dièye Fall leur démontrent le contraire.

Dans les années 1960, il existait à Radio Sénégal une signalétique sonore qui passait à 22 h, invitant les détenteurs de postes radios à diminuer le volume de ces derniers afin de ne pas déranger leurs voisins. La même chose pourrait être faite aujourd’hui à la radio comme à la télévision pour attirer l’attention des auditeurs et téléspectateurs sur les contenus qui leur sont proposés.

Lors des débats, un des intervenants pense qu’il est même possible de le faire dans différentes langues, au début des émissions ciblées. ‘’C’est possible, si c’est bien organisé’’, reste-t-il convaincu. Ce qui n’empêche pas l’utilisation de pictogrammes. Dans ce sens, l’ancien directeur de la Radiodiffusion télévision sénégalaise (Rts) et membre du Cnra, Mamadou Baal, propose que des couleurs soient choisies pour les pictogrammes suivant les tranches d’âge. Même s’il est d’avis qu’une signalétique sur laquelle est inscrit, par exemple, ‘’Interdit aux moins de 16 ans’’ ne fera qu’aiguiser leur curiosité. Donc, cela les incitera à suivre le programme ciblé. Pour lui, le travail qui s’impose doit se faire en amont et en appelle à la responsabilité du directeur des programmes.

Ainsi, concernant ce qu’il appelle ‘’le programme de stock’’, en référence à tous ces produits comme les films achetés ou les émissions préenregistrées, il serait bien qu’un comité de visionnage les voient d’abord. Il pourra enlever tout ce qui pourrait choquer. ‘’La Rts en avait et ceux qui étaient chargés du visionnage coupaient certains passages et le public ne s’en rendait pas compte’’, a-t-il expliqué. Pour le doyen Pathé Fall Dièye, ‘’la plupart des images qui choquent n’ont pas besoin d’être vues’’. C’est le cas des violences verbales, physiques ou des scènes d’amour ou de nus. Pour M. Baal, ce sont souvent pour des raisons commerciales que les réalisateurs les mettent.

Concernant ‘’les programmes de flux’’, M. Baal est d’avis que ‘’c’est au directeur des programmes de prendre ses responsabilités. Soit il choisit un horaire décalé pour certaines de ces émissions, soit il cherche un animateur capable d’imposer une ligne de communication qui ne va pas verser dans les dérives’’. Si cela est respecté, le Cnra n’aurait peut-être pas besoin d’imposer une signalétique.

Seulement, il faut le remarquer, les directeurs de programmes des médias invités ne semblent pas être intéressés par la question. Ils n’ont pas répondu à l’invitation du Cnra, hier. Il n’y avait qu’un représentant de Touba Tv. Pourrait-on compter sur eux pour changer les choses ? La question mérite d’être posée.

En attendant, membre du Cnra, le comédien Ibrahima Mbaye Sopé propose un autre allié : le public. Pour lui, même si la signalétique est imposée, si les populations ne sont pas assez imprégnées de son importance, cela ne produira pas les effets attendus. Cependant, la présidente de la séance d’hier, Jeanne Lopis Sylla, a rappelé que ‘’la signalétique ne peut remplacer le rôle que jouent les parents’’. Les premiers régulateurs sont ceux qui vivent avec ce jeune public, en veillant au contenu qu’il visionne. Avec internet, les choses s’annoncent difficiles, comme l’ont relevé certains d’ailleurs lors des débats. Quoi qu’il en soit, ‘’il faudrait que les médias jouent leur rôle’’, a indiqué Mme Sylla.

REGARD DE PATHE FALL DIEYE

Le manque de formation décrié

Le journaliste à la retraite, Pathé Fall Dièye, était invité, hier, par le Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) pour partager son expérience sur l’utilisation de la signalétique. Comme la plupart de ceux qui ont pris part hier à une réunion d’information sur la mise en place de la signalétique, il pense que si les médias faisaient le travail requis, on n’en serait pas là. Normalement, dans les entreprises de presse concernées, il y a un directeur des programmes.

Dès lors,  M. Dièye se demande comment on fait pour que les images arrivent auprès des enfants. Il n’arrive pas à se l’expliquer, parce que quand il était encore en fonction à la Rts, il y avait un comité consultatif des programmes. A la radio, il y avait un aréopage instauré par Annette Mbaye D’Erneville qui était à l’époque directrice des programmes. ‘’On n’avait pas la possibilité de faire des sondages comme on en fait maintenant. Mais cet aréopage permettait de savoir comment les gens apprécieraient ce qu’on veut leur proposer’’, a expliqué Pathé Falla Dièye.

En outre, ce qui est décrié actuellement concernant les contenus des médias, aurait commencé avec le pluralisme. Certains se considéraient comme des sans voix et voulaient un canal pour s’exprimer. ‘’Les sans voix que j’écoute, on avait raison de ne pas leur donner la parole’’, estime Pathé Fall Dièye. Ce qu’ils disent n’a pas d’apport réel ou de valeur informative. Ce qui est réel à un déficit de formation. Les directeurs des programmes se soucient peu de ce qu’ils servent à ce qui les écoutent ou les regardent. ‘’On a des émissions pour tout le monde’’, remarque-t-il. Or, une émission doit avoir une cible précise. Ce qui passe est donc problématique et symptomatique d’un mal profond. Pour atténuer le mal, voire résorber les écueils, il faudrait une formation des animateurs de programmes. Sans cela, on ne peut espérer un changement pas les médias.

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